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«Terroriste», «islamistes du Hamas»: les journalistes de l’AFP ont pour consignes de ne plus utiliser ces termes

octobre 28, 2023 14:05, Last Updated: octobre 28, 2023 14:05
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Dans une note interne intitulée « consignes éditoriales sur la couverture de la guerre entre Israël et le Hamas », la direction de l’Agence France-Presse (AFP) a demandé à ses journalistes de ne pas mentionner le terme « terroriste » pour désigner le groupe islamiste palestinien du Hamas.

Des images – filmées par les terroristes du Hamas eux-mêmes lors de leurs exactions commises sur les populations civiles d’Israël le 7 octobre dernier – ont été diffusées par Tsahal à la presse internationale ce lundi 23 octobre à Tel-Aviv. Précisant que son envoyé spécial Stanislas Poyet a publié un article sur ce sujet le soir même de cette diffusion, Le Figaro pointe du doigt l’AFP, qui a attendu trois jours avant de parler des atrocités commises par les terroristes du Hamas.

Juste un seul paragraphe, noyé dans un long récit

Les photos et vidéos diffusées par l’Armée de défense d’Israël ou Tsahal ce lundi avaient été récupérées dans les caméras utilisées par les hommes du Hamas eux-mêmes. Elles ont été vues par près de 200 correspondants de la presse étrangère, dont un membre du bureau de l’AFP à Jérusalem ainsi que l’envoyé spécial du Figaro, Stanislas Poyet. Tous les journalistes présents ce jour-là ont rapporté la quasi-totalité de ce qu’ils avaient vu dans leurs « papiers ». Mais l’AFP a quant à elle attendu trois jours avant de dévoiler ces faits, n’y consacrant qu’un paragraphe dont le contenu a été noyé dans un reportage intitulé « Le samedi noir d’Israël », précisent nos confrères.

« Les images les plus choquantes sont celles que les autorités israéliennes ont expliqué avoir récupérées dans les caméras utilisées par les hommes du Hamas pour filmer leurs actes : plus de 40 minutes de vidéos ont été montées bout à bout, sans commentaires ni fond sonore, avec seulement parfois la mention des lieux concernés, avant d’être montrées aux médias internationaux », mentionne l’AFP dans le paragraphe en question.

« Les éléments présentés n’apportaient pas d’informations nouvelles sur le fond »

Au sein de l’AFP des contestations auraient éclaté, concernant la décision de ne pas parler des images visionnées ce lundi, précise encore Le Figaro, ayant obtenu cette information de sources internes à l’agence. Ce à quoi la direction de l’AFP a déclaré dans un communiqué publié ce vendredi 27 octobre : « Cette projection n’a pas fait l’objet d’une dépêche brève (un « factuel », dans notre jargon) le jour même. La rédaction a en effet alors estimé que les éléments présentés n’apportaient pas d’informations nouvelles sur le fond par rapport aux reportages et témoignages déjà produits par ses reporters texte, photo et vidéo sur le terrain depuis deux semaines. »

Ce communiqué précise encore que « l’AFP rend compte en même temps des victimes civiles des bombardements israéliens sur Gaza, où les neuf membres de son bureau risquent leur vie quotidiennement ». Elle indique également qu’un bureau permanent est basé à Jérusalem. Celui-ci est composé « de 17 journalistes » qui s’étaient déjà rendus « à plusieurs reprises dans les kibboutz de Beeri, de Kfar Aza et de Nir Oz, ainsi que sur le site de la rave party pour rendre compte de l’ampleur des massacres commis ».

Le Figaro signale qu’afin de préserver les familles des victimes israéliennes, les journalistes présents à Tel-Aviv ce lundi n’ont pas été autorisés à faire de copie de ces images « difficilement soutenables » – ainsi que le relayent les autres médias – et dans lesquelles on peut voir les terroristes du Hamas se filmer tout en commettant leurs crimes, se vantant par la suite auprès de leurs proches d’avoir « tué des juifs » via les réseaux sociaux tels que WhatsApp. Nos confrères déplorent donc le fait qu’aucun responsable à la tête de l’AFP « n’a semble-t-il jugé que le comportement des assaillants constituait en soi une information digne d’être diffusée immédiatement ».

Le mot « terroriste » a « perdu son sens », selon Phil Chetwynd

De surcroît, dans une note de service interne que le quotidien a pu consulter, la direction de l’AFP demande à ses journalistes de suivre plusieurs « consignes éditoriales » concernant « la couverture de la guerre entre Israël et le Hamas ». Parmi elles, ne plus employer les termes « islamistes du Hamas » ou le mot « terroriste » pour désigner les hommes du groupe palestinien du Hamas, mais parler de « combattants du Hamas ». De même, le Hamas doit être mentionné comme un « mouvement islamiste palestinien ». Toutefois les rédacteurs sont autorisés à mentionner que « les États-Unis, l’Union européenne et Israël », eux, qualifient de « terroriste » l’organisation palestinienne.

Enfin, concernant la désignation de « crimes de guerre », la direction de l’AFP conseille à ses journalistes de rappeler que « selon des experts juridiques interrogés par l’AFP, les deux camps pourraient être accusés de crimes de guerre ». Cette note de service de la direction de l’AFP rappelle au passage que la « mission » de ses journalistes est de « rapporter les faits sans jugement sur des groupes ou des individus ».

Le mot « terroriste » a « perdu son sens », a par ailleurs expliqué au Figaro le directeur de l’information de l’AFP, Phil Chetwynd. Il estime en effet que « tous les gouvernements autoritaires du monde utilisent le mot pour parler de leurs opposants ». « Nous privilégions les faits dont nous pouvons témoigner nous-mêmes. La description détaillée des attaques atroces en Israël est claire pour le lecteur », a-t-il conclu.

Pour rappel, l’AFP est un organisme autonome de droit privé depuis 1957. « Héritière de l’agence Havas, elle est aujourd’hui l’une des trois grandes agences de presse mondiales d’information, la seule européenne », indique le site du ministère de la Culture. « Ses clients sont les médias du monde entier, mais aussi les entreprises, les institutions et les plateformes numériques. Sa source principale de financement repose sur les abonnements de ses clients et l’Agence reçoit aussi un soutien public au titre de ses missions d’intérêt général », est-il encore précisé. Le Figaro souligne que le montant de l’aide financière reçue de l’État en 2023 représente « un tiers » du chiffre d’affaires de l’AFP.

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