« The Bohemian » : un compositeur peu connu du XVIIIe siècle reçoit l’attention qu’il mérite

Cette production conjointe tchèque, italienne et slovaque est un régal pour les amateurs de musique classique

Par Michael Clark
7 août 2024 17:24 Mis à jour: 7 août 2024 18:41

NR | 2 h 10 min | Drame, Biographie, Histoire, Musique | 2024

Ayant une connaissance de la musique classique supérieure à la moyenne, je dois admettre que j’étais plus qu’embarrassé de n’avoir jamais entendu parler du compositeur tchèque Josef Myslivecek.

Né en 1737 à Prague, Myslivecek s’est spécialisé dans les symphonies, l’opera seria (opéra sérieux) et les concertos pour violon. À l’âge de 26 ans, il a quitté sa patrie et s’est installé en Italie, où il a passé la majeure partie de sa vie.

Dans la biographie saisissante et étonnante The Bohemian (Il Boemo) du réalisateur Petr Vaclav, Myslivecek est interprété par l’acteur et chanteur pop tchèque Vojtech Dyk, un homme grand et impressionnant qui, une fois que les détails de la vie de Myslivecek sont clarifiés, est parfait pour le rôle.

Le compositeur tchèque Josef Myslivecek (Vojtech Dyk) crée ses compositions, dans The Bohemian. (Music Box Films)

Sept vignettes

Délaissant la narration traditionnelle en trois actes, Petr Vaclav opte plutôt pour une série de sept vignettes, toutes introduites par des cartons-titres indiquant le lieu et la date (« Venise 1765 », « Naples 1767 », etc.). Mon seul problème avec le film, et il est de taille, est le choix de M. Vaclav d’ouvrir le film en 1781, l’année de la mort de Myslivecek. Si cette séquence de préouverture avait été gardée pour la fin, le film aurait été presque parfait. M. Vaclav a tout simplement trop volé son propre succès.

La première année de Myslivecek à Venise a été difficile. Il loue une chambre à une famille sympathique et aisée et est souvent en retard dans ses paiements. Loin d’être prêt à commercialiser ses propres compositions, il gagne un salaire dérisoire en enseignant à des étudiants fortunés. Une des étudiantes est la violoncelliste Cornelia (Federica Vecchio), qui est manifestement éprise de son tuteur et qui, en échange de sa simple compagnie, lui paie sa nouvelle chambre privée et sa pension.

Anna Fracassati (Lana Vlady) et le compositeur tchèque Josef Myslivecek (Vojtech Dyk), dans The Bohemian (Music Box Films)

Cette interaction est le premier signe que Myslivecek deviendra rapidement la « rock star » de sa génération. Loin d’être un prédateur libidineux, il est un « Don Juan accidentel » ou ce que certains appellent en plaisantant un « aimant à filles ». Il n’est jamais dépeint comme profitant des femmes qui entrent dans son orbite et il est initialement inconscient de son sex-appeal.

Ceci pour cela

Tout cela change lorsqu’il croise le chemin de Marchesa (Elena Radonicich), une mondaine effrontée. Si elle était encore en vie aujourd’hui, Marchesa serait probablement une influenceuse mondiale avec des millions d’abonnés sur Instagram. Une fois de plus, un marché est conclu. Elle le présente à des hommes influents, qui peuvent attirer l’attention sur ses œuvres, en échange de son « temps ».

La liaison la plus turbulente (et la plus fructueuse) de Myslivecek est celle qu’il entretient avec Caterina Gabrielli (Barbara Ronchi), la première diva soprano de l’époque. Au début, elle rejette Myslivecek, mais elle est bientôt fascinée par son talent et son apparence, ce qui, bien sûr, renforce sa crédibilité et sa popularité naissantes.

Le compositeur tchèque Josef Myslivecek (Vojtech Dyk), dans The Bohemian (Music Box Films)

Le point culminant du film se situe dans la partie « Bologne 1770 », lorsque Myslivecek rencontre l’enfant Wolfgang Mozart (le prodige Philip Hahn, dont le deuxième prénom est en fait Amadeus). Après que Myslivecek a joué au clavecin quelques notes d’un nouveau morceau pour Mozart, l’enfant ne se contente pas de répéter la composition, mais l’enrichit de ses propres riffs, fioritures et improvisations.

Auteur-réalisateur du documentaire sur Myslivecek (Confession of the Vanished), primé à plusieurs reprises en 2015, Vaclav était manifestement l’homme de la situation pour réaliser ce film. Son adoration pour son sujet est évidente, mais jamais de manière flagorneuse.

Rappelant par moments des films d’époque – Les Liaisons dangereuses (1988), Immortal Beloved (1994) et (sans surprise) Amadeus (1984) – The Bohemian (titre original Il Boemo) doit beaucoup au film de Stanley Kubrick Barry Lyndon (1975).

C’est la musique

Les couleurs, les décors, les costumes, l’éclairage, la photographie, tout cela était impeccablement exécuté. On peut en dire autant (et même plus) de la musique. Enregistrée par Vaclav Luks avec son ensemble Collegium 1704 et les solistes Philippe Jaroussky, Raffaella Milanesi, Emoke Barath, Simona Saturova, Krystian Adam et Juan Sancho, la partition/bande sonore est purement transcendante.

Josef Myslivecek (Vojtech Dyk) et Anna Fracassati (Lana Vlady), dans The Bohemian (Music Box Films)

Pour les amateurs de compositeurs européens de la fin du XVIIIe siècle, dont la plupart ne connaissent pas les œuvres de Myslivecek, la musique à elle seule vaut le prix d’entrée ou, dans le cas présent, le coût d’un streaming ou d’un téléchargement.

Note à l’attention des spectateurs intéressés : il convient de mentionner que le film contient trois scènes, bien que brèves, de sexualité franche et de nudité explicite. À mon avis, elles sont toutes nécessaires à l’histoire et ne sont en aucun cas gratuites. Elles sont le reflet d’une partie de la classe supérieure italienne de l’époque et ne font que rehausser le niveau de précision et d’authenticité du film.

Le film est présenté en italien, allemand et tchèque sous-titré et est disponible en streaming sur de nombreuses plateformes, notamment Amazon Prime sur Blu-ray et DVD, et Apple TV.

The Bohemian
Réalisateur : Petr Vaclav
Avec : Vojtech Dyk, Barbara Ronchi, Federica Vecchio, Elena Radonicich, Philip Hahn
Durée : 2 heures, 10 minutes
Non classé
Date de sortie : 30 juillet 2024
Évaluation : 4 étoiles sur 5

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