Blessé lors d’une interpellation policière musclée en février 2017 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) lors d’un contrôle d’identité ayant dégénéré, Théo Luhaka a rencontré hier soir la maman de Nahel, mort à la suite d’un coup de feu tiré par un policier après un refus d’obtempérer. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’adolescent de 17 ans, connu des services de police avec à son actif 15 mentions au fichier des antécédents judiciaires, roulait dans une Mercredes à vive allure sur une voie piétonne, mettant en danger un piéton et un cycliste.
« Grosse force à toutes les personnes qui vivent des bavures policières »
Dans une vidéo publiée hier soir par le militant d’extrême gauche Taha Bouhafs qui lui demande « Pourquoi c’était important pour toi ici d’être là ? », Théo explique les raisons de sa présence au côté de la mère de Nahel en ces termes : « C’est important, c’est important dans ces épreuves de soutenir les causes. À l’appart, ils étaient tous là pour moi, tu vois. Aujourd’hui, moi, je suis obligé d’être là pour eux, de venir et donner de la force. Et voilà, nous, on va être là comme on peut. Et voilà, grosse force à toutes les personnes qui vivent des bavures policières. La mère de Nahel, elle est très forte. On est là pour elle. Faut pas la lâcher, c’est le combat. C’est important. Et chaque fois qu’il y aura besoin d’être là, on sera là. C’est important. »
L’affaire Théo
Lors d’un contrôle d’identité en 2017, le « jeune de cité » âgé de 22 ans à l’époque des faits, en résistant à son interpellation, avait été blessé au niveau du canal anal par les policiers qui tentaient de le maitriser. Il avait alors accusé les forces de l’ordre de lui avoir volontairement enfoncé une matraque dans l’anus après lui avoir baissé le pantalon et le caleçon. « Un acte de torture », dénonçait-il, accusation immédiatement reprise par Jean-Luc Mélenchon, horrifié d’apprendre cet « acte de torture absolument infâme ». François Hollande, alors président de la République, s’était rendu à son chevet à l’hôpital. Une affaire qui avait tout de suite mené Libération à titrer « La matraque de la honte » et à donner tribune à une dizaine d’artistes « engagés » contre les « violences policières ». Omar Sy, Patrick Bruel, Yannick Noah… réclamaient ainsi « justice pour Théo ».
Mais un an plus tard, les images de l’interpellation enregistrées par les caméras de vidéosurveillance étaient dévoilées par Europe 1 et la version des faits du jeune homme était démentie. « Un geste très bref, extrêmement rapide, comme une estocade. Aussitôt, Théo L. se retourne et s’effondre de douleur, son caleçon toujours en place, transpercé par la matraque, selon les constatations des enquêteurs », rapporte la radio. Et de poursuivre : « « Pour les besoins de l’enquête, la vidéo a également été soumise à l’expertise de deux formateurs de la police, spécialistes en maniement du bâton télescopique de défense ». Ces derniers ont expliqué le geste par « la volonté du policier d’exercer un point de pression au niveau des parties charnues des fesses », action préconisée « pour créer une déstabilisation physique et maîtriser le récalcitrant ».
« Une fake news d’État »
Les deux spécialistes concluaient alors que le geste du policier parait « proportionnel » et « justifié ». En outre, l’un des instructeurs souligne que l’agent « n’avait ni la capacité, ni l’intention de percuter une zone aussi précise que l’anus » : « Si le geste du gardien de la paix (est) à l’origine de la blessure » de Théo L. à l’anus, « l’élément intentionnel pouvant caractériser le viol (n’est) pas établi », indique le rapport de l’IGPN 1. De quoi faire écrire à Charlotte d’Ornellas et Bastien Lejeune : « L’affaire Théo, fake news d’État. Une nouvelle vidéo clôt le débat : Théo a menti. Médias, politiques et artistes avaient pris sa défense. La prudence aurait dû les faire taire dès le premier jour. »
Le 29 octobre 2017, lors d’un concert organisé par Hadama Traoré dans la « cité des 3000 », on peut d’ailleurs voir dans une vidéo Théo danser et monter sur scène. Une scène qui avait choqué un policier. À Valeurs Actuelles, il confiait : « Trois jours plus tôt, il prenait son expression la plus grave pour déclarer sur TF1 qu’il était encore “très diminué”, “incapable de reprendre sa vie d’avant”. Quand on le croise, ça ne saute pas aux yeux ! »
En février 2018, devant la juge d’instruction, celui-ci avait par ailleurs reconnu n’avoir pas jugé utile de procéder au suivi régulier de sa blessure anale par un chirurgien ou un médecin traitant. « Je devais prendre rendez-vous pour la radio, mais j’ai eu un empêchement », disait-il à la juge étonnée, relatait Le Parisien.
Les trois policiers impliqués dans l’interpellation de Théo seront néanmoins jugés du 9 au 19 janvier 2024 devant la cour d’assises de Seine-Saint-Denis pour « violences volontaires », les poursuites pour viol ayant été écartées par la juge d’instruction en charge de l’enquête, faute d’éléments suffisants. À ce jour, Théodore Luhaka reste néanmoins considéré comme un « symbole des violences policières ».
En avril 2022, Théo et ses deux frères, ainsi que deux associés, ont été condamnés à des peines de prison pour avoir détourné entre 2014 et 2018 plusieurs centaines de milliers d’euros d’aides publiques versées à des associations pour favoriser la création d’ « emplois d’avenir ». Un dispositif phare du quinquennat socialiste de François Hollande pour l’insertion de « jeunes défavorisés ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.