La Première ministre britannique Theresa May a annoncé mercredi qu’elle quitterait ses fonctions si son accord de Brexit était adopté, cédant aux appels de nombreux députés, y compris dans son camp, qui conditionnaient leur soutien au texte à son départ.
En s’engageant ainsi à démissionner, la dirigeante conservatrice abat sa dernière carte pour tenter de faire adopter son Traité de retrait de l’UE et débloquer la situation au Parlement de Westminster.
Destiné à mettre en oeuvre en douceur le Brexit et âprement négocié pendant des mois avec Bruxelles, ce texte a déjà été rejeté massivement à deux reprises par la Chambre des Communes. Des défaites humiliantes qui avaient contraint la dirigeante conservatrice à demander à l’UE un report de la date du Brexit, initialement prévu le 29 mars, au 12 avril au plus tôt.
« Il y a le désir d’une nouvelle approche, d’un nouveau leadership » pour la prochaine phase des négociations du Brexit, qui doit déterminer la future relation du Royaume-Uni avec l’UE, a déclaré mercredi Theresa May devant le « comité 1922« , responsable de l’organisation interne des Tories.
« Je n’y ferai pas obstacle« , a assuré la dirigeante, selon un communiqué de Downing Street. « Je suis prête à quitter ce poste plus tôt que prévu afin de faire ce qui est bon pour notre pays et notre parti« , a-t-elle ajouté, après avoir annoncé, en décembre, qu’elle ne mènerait pas la campagne pour les prochaines législatives en 2022.
Mme May a appelé une nouvelle fois les Tories à « soutenir l’accord afin que nous puissions accomplir notre devoir historique, à savoir respecter la décision du peuple britannique de quitter l’Union européenne« , prise lors du référendum du 23 juin 2016.
La pression s’était considérablement accrue ces derniers jours sur Theresa May, dont l’autorité n’a cessé de s’effriter face au défi colossal de mettre en oeuvre le Brexit, un sujet qui divise profondément le pays.
Theresa May « a démontré une fois de plus qu’elle mettait la mise en oeuvre d’un Brexit ordonné avant tout le reste« , a applaudi le ministre des Finances Philip Hammond. Son annonce « prouve que dans ses négociations chaotiques sur le Brexit elle a mis la gestion de son parti avant l’intérêt du public« , a tweeté le chef du parti d’opposition travailliste Jeremy Corbyn
Elle aurait également convaincu Boris Johnson, candidat potentiel à sa succession, de changer d’avis et de soutenir l’accord de retrait, selon un proche de ce champion du Brexit La déclaration de Theresa May est intervenue peu avant le vote des députés sur huit solutions alternatives à son accord de divorce.
Parmi les options proposées par les élus figurent une sortie sans accord, un renoncement au Brexit ou encore l’organisation d’un référendum sur l’accord de divorce qui sera choisi.
Ces votes indicatifs ne sont toutefois pas contraignants pour le gouvernement et Theresa May a signifié qu’elle s’opposerait au choix des députés s’il venait contredire les engagements de son Parti conservateur en faveur d’une sortie du marché unique et de l’union douanière européenne.
Cette prise de contrôle de l’agenda par le Parlement a conduit certains fervents Brexiters, dont Jacob Rees-Mogg, président de l’European Research Group, un groupe influent de 60 à 85 députés partisans d’un Brexit sans concession, à annoncer qu’ils pourraient désormais soutenir l’accord de Mme May, de crainte que le Brexit n’ait finalement pas lieu. Mais la partie n’est pas encore gagnée pour la Première ministre: son allié au Parlement, le parti nord-irlandais DUP, a annoncé qu’il n’avait aucune intention de voter pour son accord « toxique« .
Les services de la Première ministre ont répété mercredi que cet accord ne serait soumis à un nouveau vote que s’il avait une chance « réaliste » d’être approuvé.
Les députés doivent aussi entériner le report de la date du Brexit, initialement prévu le 29 mars, après l’accord donné la semaine dernière par les dirigeants européens.
Les 27 ont présenté à Mme May une alternative: soit l’accord est adopté et le report sera de courte durée, jusqu’au 22 mai; soit l’accord est rejeté, et Londres aura jusqu’au 12 avril pour présenter une alternative et demander un nouveau report, qui impliquerait la tenue d’élections européennes dans le pays fin mai. Sinon, ce sera une sortie sans accord.
HS avec AFP
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