TikTok e-commerce vous veut

TikTok, l’application de médias sociaux détenue par la société chinoise ByteDance, vous veut tous. Son dernier objectif est le commerce électronique subventionné pour concurrencer Amazon, Facebook, Instagram, Google, Temu, Shein et les autres marques qui disposent d’une place sur le marché en ligne, en particulier Amazon.

Selon des sources du Wall Street Journal, TikTok va commencer à vendre des produits fabriqués en Chine aux consommateurs américains dès le mois d’août. Pour y parvenir, TikTok offre à ses fournisseurs chinois des frais de port gratuits et des subventions fiscales. Adieu les boutiques familiales de Main Street. Bonjour la main-d’œuvre chinoise esclave subventionnée.

« TikTok Shop » a déjà été introduit sur d’autres marchés mondiaux, notamment en Arabie saoudite, au Vietnam, à Singapour, en Indonésie et au Royaume-Uni.

L’application, qui fait la promotion du Parti communiste chinois (PCC) et encourage les jeunes à relever des défis suicidaires et dangereux, met actuellement en place ses règlements internationaux et ses systèmes logistiques pour cibler les États-Unis, notamment des entrepôts, des services après-vente et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.

Les camions TikTok feront-ils également la course contre les véhicules Amazon et Uber, qui encombrent les routes ? Ou encore TikTok Air qui se dispute les places rares dans les aéroports avec FedEx et UPS ?

TikTok pourrait réaliser des bénéfices considérables si elle parvenait à atteindre le Saint Graal du réseautage social avec une super application, également connue sous le nom d’« everything app ». Ces applications, comme WeChat en Chine, ne se limitent pas au microblogging, mais offrent une expérience totale en matière de commerce électronique, de banque en ligne, de culture en ligne et autres expériences en ligne.

TikTok Air pourrait être un complément de marketing séduisant, même si la compagnie ne dispose que d’un seul avion pour transporter ses meilleurs influenceurs. Il ne s’agit pas d’un conseil à TikTok, qui est le visage relativement amical de l’État totalitaire de Pékin. Personne ne devrait donner des conseils qui permettraient à un dictateur, à un terroriste, à un meurtrier ou à toute autre menace pour nos vies et nos libertés de se renforcer.

Il s’agit plutôt d’un avertissement aux démocraties pour qu’elles se tiennent sur leurs gardes face à la nouvelle forme de propagande du PCC, la plus récente et la plus efficace. Plus l’apparence est élégante et coûteuse, plus il est probable qu’elle ait un lien avec l’économie autoritaire la plus importante et la plus dynamique d’Asie.

Les enjeux économiques sont énormes, même sans une super application qui irait jusqu’à proposer aux influenceurs des vols sans escale vers Shanghai.

L’entreprise chinoise de mode rapide Shein engrange déjà 800 millions de dollars de bénéfices annuels. Amazon a réalisé 225 milliards de dollars de bénéfices en 2022. À l’échelle mondiale, TikTok cherche à quadrupler ses transactions commerciales, qui passeront de 1 milliard de dollars l’an dernier à 4 milliards de dollars en 2023. Et ce n’est que le début de ses ambitions lucratives.

À mesure que les plateformes en ligne évoluent et s’étendent, elles tentent de tirer parti de leurs milliards d’utilisateurs existants pour réaliser des synergies commerciales et des économies en offrant davantage de services et d’expériences qui excluent la concurrence et donnent un avantage pour le prochain round contre les superapplications concurrentes qui survivent.

Cette compétition du siècle concerne les utilisateurs des plus grandes économies du monde, aux États-Unis, en Europe, en Chine, en Inde et ailleurs. Compte tenu de l’importance des médias sociaux pour l’opinion publique et le vote dans les démocraties, la querelle entre les super-applications chinoises et américaines est d’ordre géopolitique. Celui qui contrôlera les super-applications de demain contrôlera l’avenir.

TikTok s’est engagé dans une course internationale avec Twitter (désormais X), Facebook (désormais Meta), Google (désormais Alphabet) et Amazon (initialement envisagé sous le nom de Cadabra) – toutes des entreprises américaines – pour monopoliser votre temps d’écran. Si TikTok n’est pas l’application la plus importante en termes d’utilisateurs, elle connaît une croissance fulgurante.

Des entreprises telles que Meta ou X ont perdu des utilisateurs ou ont vu leur croissance s’essouffler. Meta a lancé sa nouvelle application Threads « Twitter killer » ce mois-ci, mais peu après avoir cassé Internet avec plus de 100 millions d’inscriptions en cinq jours, elle a perdu 50% de l’engagement des utilisateurs. Après tout, de combien d’entreprises de médias sociaux une personne a-t-elle besoin ?

TikTok est différent et plus dangereux en raison de la loyauté de ses utilisateurs. Fondée en 2016, elle compte déjà 113 millions d’utilisateurs actifs aux États-Unis. La moitié d’entre eux appartiennent à la génération Z (de la fin de l’adolescence au début de la vingtaine), et le reste à la génération Y (de la fin de la vingtaine au début de la quarantaine). Ce groupe démographique relativement jeune est déterminant pour les futures recettes publicitaires, Facebook étant désormais considéré comme le média social de papy sur le point de disparaître, à l’instar du « You’ve Got Mail » d’AOL.

TikTok est critique en tant qu’organe de propagande du PCC parce que ses jeunes utilisateurs grandissent maintenant avec une conception biaisée du monde, notamment l’ignorance ou, pire, l’acceptation du lien entre le PCC génocidaire et leur vie sur les médias sociaux. Le danger des super-applications – surtout si elles sont contrôlées par Pékin – est qu’elles influenceront de plus en plus la pensée des générations futures. TikTok normalise l’agression du PCC tout en présentant les États-Unis sous le pire jour possible.

Cette voie mène à la destruction des valeurs américaines de l’intérieur.