Tony Bennett, le dernier des grands crooners américains, apprécié pour sa personnalité chaleureuse et sa constance sur plus de sept décennies, est mort vendredi à l’âge de 96 ans, a-t-on appris auprès de son agent.
« Il s’est éteint aujourd’hui à l’âge de 96 ans dans sa ville natale de New York », a déclaré à l’AFP Sylvia Weiner, son agente. Il souffrait de la maladie d’Alzheimer, un diagnostic qui remontait à 2016.
Chanteur d’une autre époque, celle des crooners comme Frank Sinatra, il a marqué l’histoire de la musique populaire américaine par sa longévité unique, lui qui avait connu un retour en grâce dans les années 1980 et 1990, puis s’était encore distingué par ses duos avec Amy Winehouse et surtout Lady Gaga, avec laquelle il avait enregistré deux albums en 2014 et 2021.
Le premier de ces deux opus en duo, Cheek to Cheek, a fait de Bennett le plus vieil artiste avec un album n°1 au Billboard 200, le classement de référence aux États-Unis.
Il incarnait la chanson de l’après-guerre
Né le 3 août 1926 à Astoria, dans le quartier du Queens, le plus cosmopolite de New York, pendant la période de la grande dépression, Anthony Benedetto, de son vrai nom, doit une partie de sa longévité musicale à sa technique vocale.
Formé au bel canto, celui qui se faisait appeler Joe Bari au tout début de sa carrière aura conservé sa voix intacte tout au long de sa vie, capable de pousser les décibels jusque dans les stades, à 80 ans passés.
Costumes toujours impeccables, pochette, élégance naturelle, Tony Bennett incarnait la chanson de l’après-guerre, sans tomber dans la ringardise, et sans jamais, pour autant, sortir de son registre.
Il reste peu de classiques de lui, contrairement à Frank Sinatra, un autre fils d’immigrés italiens de la région de New York, auquel il a été beaucoup comparé mais dont le succès a été bien supérieur.
Tony Bennett, qui a adopté le nom de scène américanisé que lui suggérait l’humoriste Bob Hope, a conservé un public fidèle, entretenu grâce à des milliers de concerts et une prestance scénique reconnue par tous.
« Au théâtre et pour le spectacle vivant, il faut convaincre le public qu’il ne pourrait pas être mieux ailleurs », expliquait l’acteur Alec Baldwin dans le documentaire produit par Clint Eastwood The Music Never Ends (2007). « Et personne dans le show-business ne fait ça mieux que Bennett ».
Peu portée sur les effets, sa voix semblait aller à l’essentiel, influencée par divers genres musicaux, notamment le jazz.
« En tant que spectateur, (je pense que) Tony Bennett est le meilleur chanteur dans le métier », dira Frank Sinatra. « Il m’enthousiasme quand je le vois, il m’émeut ».
Son sourire et son énergie projetaient l’image d’un artiste chaleureux, résolument positif.
Une traversée du désert
Malgré un public fidèle, Tony Bennett connaîtra une traversée du désert durant les années 70 et 80, une mauvaise passe marquée par une addiction à la cocaïne et une overdose, en 1979, dont il réchappera.
Son fils Danny finira par intervenir et lui offrir une seconde carrière en l’introduisant auprès d’un public plus jeune.
En 1994, il atterrit ainsi sur la chaîne musicale MTV pour un « Unplugged », cette série de concerts acoustiques plutôt réservés aux jeunes artistes en vogue.
En 2006, il sort l’album Duets: An American Classic, une série de duos avec de très grands noms de la musique populaire, de Stevie Wonder à Bono, qui l’accompagnent sur des reprises.
Le succès est total, au point qu’un second opus Duets II, sortira en 2011, avec, de nouveau, le gratin de la chanson, qui lui permettra d’accrocher pour la première fois, le sommet des ventes de disques aux États-Unis, à 85 ans.
L’album contient ses premiers duos avec Lady Gaga et Amy Winehouse. « J’aime essayer des choses nouvelles tout le temps », disait le crooner au journaliste Charlie Rose sur la chaîne PBS en 1993. Durant sept décennies, il aura suivi le conseil de Frank Sinatra : « Ne sois jamais prévisible ».
Malgré la maladie, Bennett avait continué de se produire et d’enregistrer. Sa dernière apparition remontait à août 2021 pour deux concerts au Radio City Music Hall de New York, en duo avec Lady Gaga, et intitulés One last time (Une dernière fois).
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