Malgré une armoire à trophées quasiment vide, Bordeaux-Bègles est champion d’Europe de rugby en matière d’affluence, comme le prouve encore sa première délocalisation à guichets fermés au Matmut Atlantique samedi, pour la réception de La Rochelle.
« On est complet neuf jours avant l’échéance, on aurait pu allègrement dépasser les 50.000 spectateurs ». Le président Laurent Marti peut avoir le sourire. Pour sa seule infidélité de la saison à son antre de Chaban-Delmas (32.500 places), l’UBB a réussi à remplir le stade des Girondins de Bordeaux (42.115 places) pour accueillir le champion d’Europe. La billetterie étant ouverte à tous, impossible de savoir combien de supporters du club rochelais seront présents samedi.
Ce sera une première pour le club, qui avait tutoyé les 38.500 spectateurs à deux reprises – contre le grand Toulon en février 2016 et face déjà aux Rochelais fin 2019 juste avant le Covid – dans cette enceinte éloignée du centre-ville et chère à la location.
Sans divulguer de seuil de rentabilité, Marti explique que « c’est la rareté qui fait qu’il y a un tel engouement ».
« Un match par saison, c’est possible. Faut-il pousser à deux? On va l’étudier mais on reste attachés à Chaban (trois guichets fermés cette saison, ndlr) et on sait que financièrement, il faut vraiment remplir le Matmut Atlantique pour que cela vaille le coup, donc soyons prudents », ajoute-t-il.
La rencontre de samedi, comptant pour la 21e journée du Top 14, va assurément faire grimper l’affluence moyenne de l’UBB à domicile (27.037 spectateurs par match). « C’est la meilleure au monde mais on ne le dit pas parce que ça fait pompeux, souligne le dirigeant. Nulle part en Europe et personne en Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande, Australie ou Japon ne bat ce record et ne fait de tels chiffres ».
Et cela fait neuf ans que ça dure, depuis que l’UBB, fruit d’une fusion réussie en 2006 entre le Stade Bordelais (7 titres de champion de France avant 1914) et du CA Bordeaux-Bègles-Gironde (2 titres dont le dernier en 1991), a définitivement quitté le vétuste stade André-Moga de Bègles (7.700 places), devenu son centre d’entraînement au quotidien.
Une performance si on se fie au parcours de cette équipe un peu bohémienne, universitaire, jouant bien au rugby lors de ses années post-accession en Top 14 en 2011, mais qui a connu quelques désillusions (2 fois 7e, deux fois 8e), des crises internes ou de croissance sans gagner de titre majeur (champion de France Espoirs en 2016 et champion de France à VII en 2017).
« Je crois qu’il y a d’abord un attachement à l’institution, à ce que l’UBB dégage, des valeurs propres au rugby d’humilité, de courage, de détermination, explique Marti. On ne s’est pas bâti sur l’argent, on a été souvent un peu en retard sur les budgets. Aujourd’hui, ça y est, on côtoie le max’ du +salary cap+ donc les plus gros ».
Sportivement, la venue de Christophe Urios en 2019, qui a été démis de ses fonctions de manager en novembre 2022, et l’avènement de plusieurs talents ont fait franchir un cap à l’UBB, quatre fois demi-finaliste ces dernières saisons (Top 14 2021 et 2022, Champions Cup 2021, Challenge Cup 2020).
Ces résultats ont permis de fidéliser un nouveau public, venu du foot ou attiré par la belle image véhiculée par le rugby dans le sillage du XV de France.
L’UBB ne compte pas s’arrêter là, surtout avec l’arrivée la saison prochaine de l’international Damian Penaud, « qui fait partie aujourd’hui des joueurs les plus spectaculaires au monde, un finisseur assez hors pair », salive Marti. « On sait que le public bordelais est attaché à un certain spectacle, je pense que ça va coller avec ce qu’ils veulent voir ».
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