« Top jobs »: Giorgia Meloni, troisième force au Parlement européen, dénonce un manque de démocratie au sommet de l’Europe

Par Germain de Lupiac
28 juin 2024 11:00 Mis à jour: 29 juin 2024 06:41

« Il est surréaliste que les noms des principaux postes de l’UE soient présentés sans même faire semblant de discuter des signaux émis par les électeurs » a dénoncé Giorgia Meloni pour qualifier la méthode de désignation des plus hauts postes de l’Union européenne.

Le Conseil européen, qui s’est réuni le 27 juin à Bruxelles, a vu six grands dirigeants de partis centraux, dont la plupart ont connu une défaite cinglante aux européennes, décider d’un « paquet » de nominations à la tête des institutions de l’Union européenne, excluant de l’accord Giorgia Meloni.

Or, le parti ECR au Parlement européen mené par Giorgia Meloni est arrivé en 3eme position aux élections européennes devant le parti centriste Renew. « Certains se sont présentés avec déjà des propositions de noms pour les postes clés […] sans même faire semblant de vouloir entamer une discussion sur le message provenant des citoyens avec leur vote » avait déclaré la cheffe d’État italienne après un précédent sommet informel des 27.

« Une ‘oligarchie’ gouverne l’Europe », avait alors dénoncé la Première ministre italienne.

Un accord passé en catimini sans Giorgia Meloni

La cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, a dénoncé le 26 juin « l’oligarchie » des six dirigeants européens ayant conclu un accord la veille du sommet européen des 27 sur les postes clés de l’UE, estimant qu’ils ne respectent pas la volonté exprimée par les citoyens pendant les élections européennes.

Ces six dirigeants (Donald Tusk et Kyriakos Mitsotakis pour le PPE, Olaf Scholz, Pedro Sanchez pour les sociaux-démocrates, Emmanuel Macron et Mark Rutte pour Renew) se sont entendus sur trois postes clés (ou « top jobs ») de l’UE, soutenant la désignation de l’Allemande Ursula von der Leyen pour un deuxième mandat à la tête de la Commission européenne, du Portugais Antonio Costa, nouveau aux fonctions de président du Conseil européen et de la cheffe du gouvernement estonien, Kaja Kallas, à celles de responsable de la diplomatie.

Les élections ont permis, le 9 juin, aux différentes droites européennes de gagner du terrain et Mme Meloni, exclue des négociations, estime revendiquer ce résultat dans les choix du futur exécutif à Bruxelles.

L’oligarchie, seule forme acceptable de démocratie dans l’UE, selon Giorgia Meloni

S’adressant aux députés italiens à la veille du sommet européen prévu pour jeudi et vendredi les 27 et 28 juin à Bruxelles, la cheffe du gouvernement a fustigé « ceux qui soutiennent que les citoyens ne sont pas assez sages pour prendre certaines décisions et que l’oligarchie est au bout du compte la seule forme acceptable de démocratie », a-t-elle déclaré. « Nous sommes convaincus que le peuple a toujours raison et que tout dirigeant doit suivre les indications qui arrivent des citoyens », a-t-elle poursuivi.

Giorgia Meloni, dont les relations avec le président français sont notoirement tendues, a également critiqué « les classes dirigeantes européennes […] tentées de mettre la poussière sous le tapis, comme si de rien n’était ».

Son parti, Fratelli d’Italia (FDI) a réalisé un très bon score aux européennes, avec environ 28 % des voix obtenues, mais son groupe politique au Parlement européen, les Conservateurs et réformistes européens (ECR, 83 sièges), arrivé en 3eme position devant le parti centriste Renew Europe (74 sièges) — dont fait partie le parti présidentiel d’Emmanuel Macron, a été mis à l’écart de l’accord sur les « top jobs ».

« Nul ne respecte Mme Meloni plus que moi, vraiment » s’est défendu Donald Tusk, Premier ministre de Pologne, l’un des seuls dirigeants européens centristes à avoir remporté les élections européennes avec son parti Coalition civique (KO). Il s’agirait d’un malentendu selon lui : « Parfois, nous avons besoin d’une plateforme politique pour faciliter la procédure. C’était notre intention avec ce format entre nos trois groupes. La décision finale revient au Conseil européen, et donc avec Mme Meloni » a-t-il déclaré.

La Première ministre italienne a pourtant des demandes précises qu’elle se dit en droit de revendiquer au vu du résultat des élections : un portefeuille économique de premier plan pour l’Italie dans la prochaine Commission, ainsi qu’un poste de vice-président exécutif. L’Italie, comme elle est la troisième économie européenne, devra de toute façon obtenir un portefeuille important, pour refléter dans la représentation des institutions européennes le résultat des urnes.

Le deuxième mandat d’ Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne devra encore être confirmé lors d’un vote au Parlement européen, tout comme celui de la Première ministre libérale estonienne, Kaja Kallas, proposée comme cheffe de la diplomatie européenne. Les chefs d’État et de gouvernement de l’UE, réunis en sommet à Bruxelles, ont par ailleurs nommé le socialiste portugais Antonio Costa à la tête du Conseil européen, l’institution qui réunit les pays membres.

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