PARIS – Selon une étude basée sur des dizaines d’entretiens avec des travailleurs humanitaires et des migrants, les migrants qui tentent de rejoindre l’Europe sont confrontés systématiquement au viol et à la torture sexuelle tout au long de leur voyage, en particulier en Libye, où les hommes sont presque aussi régulièrement victimes de violences que les femmes.
Un vaste rapport publié lundi 25 mars révèle les violences sexuelles difficilement imaginables que subissent les migrants qui prennent la route de l’Europe via la Méditerranée. Il évoque notamment des mutilations, des incestes forcés ou de l’esclavage sexuel dans des prisons clandestines libyennes.
L’étude publiée par la Women’s Refugee Commission arrive dans un contexte où l’Europe veut bloquer les sauvetages en mer et faire sous-traiter sa politique migratoire par la garde côtière libyenne. Grâce à un financement de l’Union européenne, les garde-côtes libyens récupèrent les migrants en mer Méditerranée et les renvoient dans des centres de détention en Libye gérés par le gouvernement libyen – où les migrants disent que les abus reprennent.
Selon l’étude, les passeurs torturent les migrants et les filment pour obtenir une rançon de leur famille. Des études antérieures ont montré que presque toutes les femmes qui traversent l’Afrique du Nord ont été violées ou abusées sexuellement au cours du voyage ; le danger étant probablement presque aussi répandu chez les hommes. Un humanitaire a décrit des tombes remplies d’hommes dont les parties génitales avaient été tranchées, une description corroborée par le récit d’un survivant d’une mutilation massive.
Les migrants racontent presque tous des histoires horribles de viols, d’incestes forcés et d’abus sexuels de masse destinés à humilier des détenus qui devaient se déshabiller et devenir soit des violeurs, soit des victimes. « Les violences sexuelles perpétrées contre les migrants durant leur voyage incluent: des tortures sexuelles, des mutilations génitales, le fait de forcer les hommes à violer d’autres personnes -y compris des membres de leur famille- ou des agressions sexuelles mortelles », relate l’étude.
Selon un Guinéen de 20 ans, « quand les hommes revenaient chez eux en pleurant, ils parlaient de ce que les gardes leur avaient fait et de la violence qu’ils avaient subie ». Dans l’une des prisons officielles, une Nigériane de 19 ans a déclaré à un humanitaire que les femmes faisaient face à une menace de viol quasi-constante, et les hommes à peine moins. « Ils ont dit que si nous disons en Europe ce qui se passe en Libye, nos frères et sœurs dans la prison vont payer, » dit-elle, selon l’étude.
L’UE a dépensé 338 millions d’euros en Libye depuis 2014 pour endiguer la migration, dont une grande partie pour renforcer la garde côtière libyenne et les centres de détention. Selon Sarah Chynoweth, chercheuse principale de l’étude, il est peu probable que les migrants renvoyés en Méditerranée s’en sortent beaucoup mieux en détention officielle que dans les entrepôts non-officiels.
Les chiffres restent difficiles à établir, mais sur 4.712 réfugiés interrogés après avoir traversé la Méditerranée en 2017, 30% disent avoir vu au moins une personne « menacée » d’agression sexuelle parmi celles voyageant avec eux. Près de 80% disent avoir eux même subi des violences physiques.
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