Un sponsor potentiel de moins pour Paris-2024 : sous la pression de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui a fait de la lutte contre la pollution une priorité, le groupe pétrolier Total a renoncé à être partenaire des Jeux olympiques dans cinq ans.
Pour le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo), la réussite de son programme marketing est un enjeu crucial et ses revenus sont au cœur de son modèle économique : Paris-2024 attend en effet 1,2 milliard d’euros des sponsors, sur un budget total annoncé à 3,8 milliards.
Mais ce sera sans Total. Comme l’a révélé Le Monde et comme l’ont confirmé à l’agence France Presse (AFP) des sources à la mairie de Paris, le PDG du géant pétrolier et gazier, Patrick Pouyanné a jeté l’éponge à l’issue d’un entretien avec Anne Hidalgo, mercredi dernier.
Contactés, Total, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris-2024 (Cojo) et la mairie n’ont pas souhaité commenter.
Dans sa recherche de sponsors, Paris-2024 s’était naturellement tourné vers Total, un groupe du CAC 40 déjà présent dans le sport (Coupe d’Afrique des nations de football, équipe cycliste Total Direct Energie) et dont le secteur d’activité n’empiétait pas sur ceux des partenaires TOP du Comité international olympique (CIO).
Des pourparlers étaient en cours et Total était même pressenti pour être le second sponsor dévoilé par Paris-2024, après le groupe bancaire BPCE en septembre 2018.
Mais fin mars, à un an des municipales où elle briguera un second mandat, Anne Hidalgo avait prévenu le patron du Cojo, Tony Estanguet, dans un courrier qui avait fuité dans Le Parisien : « il serait très difficilement compréhensible pour nos concitoyens que soient retenues des entreprises dont l’activité aurait un lourd impact sur l’environnement, en se fondant notamment sur le recours massif à des énergies carbonées ». Sans nommer d’entreprise, la lettre visait clairement Total.
« Pour garder sa majorité, Anne Hidalgo est obligée de donner des gages aux écolos », arrivés en tête dans quatre arrondissements (10e, 18e, 19e, 20e) dimanche aux européennes, observe un acteur des JO, sous couvert d’anonymat. Autolib’, Vélib, fermeture des voies sur berge… la maire PS s’est engagée depuis le début de son mandat à diminuer la place de la voiture et lutter contre la pollution.
Tony Estanguet lui avait répondu en rappelant, dans un autre courrier, son « engagement d’organiser des Jeux neutres en carbone ». « Le choix des partenaires ne viendra jamais remettre en cause cette ambition et les engagements que nous avons pris », affirmait-il.
Mais devant l’assemblée générale des actionnaires, Patrick Pouyanné avait prévenu : « je ne souhaite pas être un sponsor qui soit cloué au pilori ». Au passage, il avait décoché une petite flèche à l’égard de la maire de Paris, en relevant que le « don exceptionnel pour Notre Dame de Paris (100 millions d’euros promis) n’a soulevé lui aucune polémique ».
Pour le directeur général de l’agence de marketing sportif Sport Market, Bruno Bianzina, cet accroc ne devrait « pas refroidir les ardeurs des autres marques ». « Mais après BPCE, on pouvait s’attendre à un élan plus fort. Tout le monde semble temporiser, les entreprises cherchent peut-être à gagner du temps pour faire baisser le prix du ticket d’entrée », analyse-t-il.
Aucun chiffre n’a été dévoilé mais BPCE, partenaire national de rang 1, aurait payé plus de 100 millions d’euros pour son contrat, qui court jusqu’en 2024. À côté du programme TOP du CIO, qui offre aux marques l’exclusivité mondiale sur leur secteur, le Cojo prévoit trois rangs de partenaires, dont six à huit pour le rang 1.
En 2003, Total avait déjà dû renoncer face à la polémique à un contrat de sponsoring avec la Fédération française de voile, dont il espérait se servir pour rebâtir son image après l’affaire du naufrage de l’Erika.
Cet été, la marque du géant pétrolier s’affichera quand même sur les Champs-Élysées, sur le maillot des coureurs de l’équipe Total Direct Énergie, lors de la dernière étape du Tour de France.
D. S avec AFP
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