Fin mars, deux infirmiers d’Ehpad à Toulouse ont été mis à pied. Ils expliquent avoir froissé leur hiérarchie en réclamant régulièrement des protections. L’un d’eux a dû partir en étant escorté par la police. De son côté, le gérant de l’Ehpad, Domusvi, évoque des faits graves dans l’attitude des deux soignants, ayant amené de telles circonstances.
Le mois dernier à l’Ehpad de La Cépière, à Toulouse, deux infirmiers ont été mis à pied par leur direction suite à leur demande répétée pour avoir des masques de protection, afin de pouvoir s’occuper sans risque des patients suspectés d’avoir le coronavirus. Des demandes qui seraient accompagnées d’une attitude néfaste selon leur direction, qui conteste leur témoignage.
Les deux personnes sont une infirmière de 53 ans et un infirmer de 34 ans, dont les noms n’ont pas été cités.
D’après La Dépêche, l’infirmière a déclaré : « Ils nous reprochent d’être allés à l’encontre des préconisations délivrées par le groupe, d’instiller la peur chez les soignants et les résidents. Alors même que c’est le médecin régulateur du Samu qui nous a dit de porter les masques. Gérer le stress, anticiper les difficultés : je connais. Mais on n’a plus de cadre et on bricole depuis le départ. »
« La directrice refusait d’ouvrir le local où sont remisés pas moins de 600 masques. Quand j’ai demandé au Samu la bonne stratégie à adopter, ils m’ont dit qu’on avait perdu du temps et qu’il fallait les déstocker. Je répétais tout le temps qu’il fallait les porter, au moins pour les soins sur les cas suspects. Mais ça agaçait la directrice qui disait que j’avais peur et que je transmettais ce sentiment à toute l’équipe », précise-t-elle.
Finalement, le lundi 23 mars, elle a reçu une convocation de sa directrice : « Elle m’a dit ‘Hors de ma vue immédiatement sinon j’appelle la police.’ Finir sa carrière ainsi… Je n’aurais jamais pensé qu’elle le ferait. »
Pour l’avocat de l’infirmière, qui évoque un sentiment d’hypocrisie générale, cela n’a pas de sens : « Quand on ne disposait pas de stock, on assurait qu’il ne fallait pas porter les masques et maintenant, on en parle même après le déconfinement ! On lui reproche un excès de zèle, car on a estimé qu’elle se mêlait trop de la santé des patients, des soignants et de la sienne car ça, c’était l’apanage de la direction. En pleine pandémie, on a deux infirmiers mis à pied dans un Ehpad alors que tous les soignants sont débordés, c’est n’importe quoi. »
D’après
Du côté de l’infirmier, selon La Dépêche, celui-ci a déclaré : « Au cours du week-end précédent, face au refus de notre hiérarchie d’ouvrir le local, je me suis agacé et j’ai menacé de forcer la porte, qui m’a finalement été ouverte. Mais à mon retour, le mercredi 25 mars au matin, la directrice m’a convoqué alors que j’étais en pleins soins. Vu ce qui venait d’arriver à ma collègue, je n’étais pas bien. J’ai donc demandé que l’on se rencontre que le lendemain, mais elle n’a pas apprécié. »
« À 13 h 15, elle est arrivée en salle de soins en me tendant deux feuilles à signer, mais j’ai refusé et elle m’a ordonné de partir. J’ai haussé le ton en indiquant que je quitterai les lieux à ma pause de 14 heures. À 13 h 45, j’ai vu quatre policiers devant l’établissement et là, c’était la panique », explique-t-il.
Il précise que la patrouille l’a escorté poliment, mais que son dossier est identique à celui de sa collègue, pour lui, tous deux paieraient « une politique de l’économie à tout prix et une politique du zéro vague ».
À la suite du témoignage des deux personnels soignants, le groupe Domusvi, gestionnaire de l’Ehpad, réfute les arguments avancés et évoque pour sa part « des faits graves » et un « comportement agressif. »
Domusvi a déclaré, d’après La Dépêche : « Nous contestons la version des faits énoncés, mais ne souhaitons pas nous exprimer sur le fond du dossier. Il s’agit de situations individuelles pour lesquelles les mesures disciplinaires sont en cours. Ainsi, dans le respect du principe contradictoire, les faits reprochés seront connus des salariés concernés dans les prochains jours. »
« Ce que nous pouvons néanmoins assurer :
– La nature des faits reprochés est d’une gravité suffisante pour que, en tant qu’employeur, nous ayons été contraints d’envisager une mesure à l’encontre de ces salariés et de leur signifier leurs mises à pied à titre conservatoire comme le permettent les dispositions législatives et réglementaires.
– C’est à la suite du comportement agressif d’un des collaborateurs que l’intervention des services de police a été nécessaire pour faire cesser le trouble.
– Si des décisions doivent être prises, elles le seront dans l’intérêt des résidents.
– Les voies de recours habituelles sont et seront ouvertes aux salariés concernés. »
Le groupe Domusvi a ensuite expliqué : « Il a été extrêmement difficile pour la directrice de la résidence de prendre cette décision, surtout en temps de crise sanitaire et alors que nous avons besoin d’une équipe soudée et professionnelle. Il appartient à la directrice de veiller au bon fonctionnement de la résidence et au respect des consignes et recommandations de l’Agence régionale de santé (ARS) portées par le médecin coordonnateur afin de garantir la sécurité des résidents et des salariés. »
Le groupe précise ensuite que c’est dans le respect de ces consignes qu’à l’heure actuelle, aucun cas de coronavirus n’a été confirmé dans l’Ehpad. Toujours suivant les consignes de l’ARS, Domusvi assure également que le personnel soignant possède tout le matériel nécessaire (masque, gants, charlotte, surblouse) pour répondre à toute situation.
Puis de conclure : « L’Agence régionale de santé, avec qui nous collaborons étroitement depuis le début de l’épidémie, a été informée de la situation. Dans l’attente de l’issue de la procédure et pendant la durée de celle-ci, les salariés ont été remplacés pour assurer la bonne continuité des activités au service de nos résidents. »
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