Insatiable, Tadej Pogacar a remporté sa cinquième étape dans cette 111e édition du Tour de France samedi au col de la Couillole, une razzia qui rappelle celles réalisées par Eddy Merckx et Bernard Hinault il y a cinquante ans.
Main levée, les cinq doigts en évidence, le Slovène, a enfoncé un clou supplémentaire dans le cercueil de ses concurrents auxquels il ne laisse que des miettes lors de cette Grande Boucle qu’il domine de la tête et des épaules.
Assuré depuis la veille de remporter sauf accident un troisième Tour de France, il a battu au sprint son grand rival Jonas Vingegaard grâce à une accélération fulgurante qui lui a permis de prendre sept secondes en seulement 200 mètres.
Cinq victoires, c’est d’un autre monde
« Cinq victoires, si on m’avait dit ça avant le Tour, je n’y aurais pas cru. C’est d’un autre monde », a déclaré le leader d’UAE.
A la veille de l’arrivée finale à Nice, il compte désormais 5:14 sur Vingegaard et 8:04 sur Remco Evenepoel. Le Belge a tenté à deux reprises d’attaquer dans le col de la Couillole avant de se brûler les ailes et de lâcher près d’une minute.
Et dire que Pogacar avait promis de rester sage samedi sur une étape à quatre cols qu’il connaissait par coeur pour habiter à Monaco et s’y entraîner régulièrement.
« On était content de laisser du temps à l’échappée pour passer une journée tranquille, a-t-il raconté. Mais Soudal-Quick Step a décidé de rouler » pour rattraper les fuyards afin de favoriser une attaque de son leader flamand.
Lorsque Mikel Landa, le premier sherpa d’Evenepoel, a pris le manche dans la dernière montée, on a vite compris que l’échappée était condamnée.
Deux Français y avaient pris place, Bruno Armirail et Romain Bardet qui a pris une belle et émouvante dixième place pour sa dernière étape de montagne dans le Tour de France, lui qui a prévu de prendre sa retraite après le Dauphiné en juin 2025.
Rapidement, Evenepoel, Vingegaard et Pogacar se sont retrouvés seuls pour s’expliquer entre eux. Le Belge a attaqué deux fois, contré finalement par Vingegaard qui l’a laissé sur place.
Pogacar, lui, s’est contenté de suivre le Danois et les deux hommes ont rapidement avalé les deux derniers échappés, Richard Carapaz, mathématiquement assuré de gagner le maillot à pois de meilleur grimpeur s’il termine dimanche, et Enric Mas.
Ne se posait alors plus qu’une seule question: le Slovène allait-il, dans un geste magnanime, laisser la victoire à son meilleur ennemi ?
On ne donne pas une victoire à son plus grand rival, on ne freine pas en vélo
Le non a été catégorique et Pogacar l’a assumé devant la presse: « on ne donne pas une victoire à son plus grand rival, certainement pas. On ne freine pas en vélo. »
Vingegaard ne s’en est pas formalisé. « Quelque part oui, j’espérais qu’il me la donne. Mais je ne lui en veux absolument pas. Je ferais probablement la même chose », a déclaré le double vainqueur sortant.
Le despotisme de Pogacar, qui soulève inévitablement des questionnements dans un sport longtemps miné par le dopage, n’avait pas l’air de choquer le reste du peloton.
« Imaginerait-on un sprinteur ne pas sprinter pour laisser la victoire à quelqu’un d’autre », a demandé le Letton Toms Skujins.
« Si j’étais aussi fort qu’eux, je voudrais tout gagner aussi, abondait Bruno Armirail. Quand on est au-dessus comme Pogi est au dessus…. je pense que le record de 35 de Cavendish va tomber dans les années à venir. »
Battre le record du Britannique, qui est tombé dans les bras du directeur du Tour Christian Prudhomme samedi à l’arrivée après avoir réussi à finir dans les délais, s’annonce certes comme un défi difficile pour Pogacar.
Le Slovène de 25 ans en est déjà à seize victoires d’étape dans le Tour de France
Mais en attendant, le Slovène de 25 ans en est déjà à seize victoires d’étape dans le Tour de France, autant que Jacques Anquetil sur toute sa carrière, et mieux qu’Eddy Merckx au même âge.
C’est bien face à ces géants, plus que ces contemporains, que bataille cette année l’ogre de Komenda. Dimanche lors du chrono entre Monaco et Nice, il aura l’occasion d’en gagner une sixième, comme lors de son Giro victorieux en mai et pas si loin des huit succès sur le Tour de Merckx en 1970 et 1974.
« On verra. Je vais surtout essayer d’arriver sain et sauf à Nice car le parcours est assez dangereux. Je pense que je vais pouvoir profiter un peu plus du public », a-t-il assuré. On n’est pas obligé de le croire.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.