« Je suis si fier, si heureux »: Jonas Vingegaard a remporté son deuxième Tour de France consécutif dimanche à Paris après une 110e édition d’abord rythmée par son duel acharné avec Tadej Pogacar, puis écrasée par sa toute-puissance.
Comme l’année dernière, le Danois de 26 ans, s’impose devant son rival slovène, avec une marge confortable de 7 minutes et 29 secondes, plus large écart depuis 2014.
« Je suis si fier, si heureux. Ça a été un Tour très difficile et un superbe combat avec Tadej, j’en ai apprécié chaque moment. J’ai déjà très envie de revenir l’année prochaine pour voir si je suis capable de gagner une troisième fois », a-t-il réagi après avoir brandi son vélo, jaune comme son maillot, dans le ciel gris des Champs-Elysées.
Avant de pouvoir chanter l’hymne danois, sous l’oeil de sa femme et de sa fille de deux ans qui jouait avec l’énième lion en peluche ramené par son papa, le leader de l’équipe Jumbo-Visma a pu savourer son triomphe lors de la traditionnelle parade de la 21e et dernière étape.
Après avoir trinqué avec ces équipiers à la tête d’un peloton au ralenti, il a pu assister, sans vraiment trembler vu son énorme avance, à une ultime offensive sur les Champs-Elysées de… Pogacar, incorrigible attaquant.
A l’agonie dans les Alpes, le Slovène s’est offert ce petit plaisir pour son 75e et dernier jour avec le maillot blanc de meilleur jeune – l’année prochaine il aura 25 ans et sera trop vieux pour le porter.
« Je me sentais si bien ces deux derniers jours », a expliqué « Pogi », vainqueur samedi au Markstein, et finalement lui aussi « fier » de lui. « Il le faut, vu de là où je reviens », a-t-il dit.
Lorsqu’il est rentré dans le rang, pour de bon, après son baroud d’honneur sur les pavés, les équipes de sprinteurs ont pu se mettre en marche.
Et c’est le Belge Jordi Meeus qui a signé le plus grand succès de sa carrière en surprenant le maillot vert Jasper Philipsen, ultra-dominateur jusque-là.
Vingegaard a franchi la ligne quelques mètres derrière avec la satisfaction d’avoir dominé le Tour 2023 avec une autorité qui tranche avec son naturel timide.
Malgré la confiance puisée dans son succès l’an dernier, l’ancien poissonnier reste un homme foncièrement discret qui fuit la lumière.
Mais sur le bitume, le Danois a mis tout le monde d’accord dans un Tour de France extrêmement dur, tant par le profil du parcours que par la vitesse avec laquelle le peloton l’a avalé.
Les deux premières semaines ont été aussi passionnantes que trompeuses. Dès la première étape à Bilbao, les deux favoris se sont engagés dans un bras de fer qui a longtemps été tellement serré qu’on pensait à un moment qu’il allait se régler dans l’octogone des Champs-Élysées.
Les deux hommes se sont rendu coup pour coup. Vingegaard a remporté la première manche à Marie-Blanque. Pogacar la deuxième à Cauterets-Cambasque, suivis de quelques matches nuls mémorables, dans le Puy de Dôme, dans le Grand Colombier ou à Morzine, entre deux champions qu’on appelait alors « les inséparables ».
Et puis non. Épuisé après une préparation tronquée à cause de sa fracture au poignet fin avril, Pogacar a rendu les armes en deux temps. Lors du chrono de Combloux mardi. Puis le lendemain dans l’étape-reine vers Courchevel où le Slovène a connu la pire défaillance de sa vie, résumée par ces quelques mots: « I’m gone, I’m dead » (« J’ai lâché, je suis mort »).
L’intensité du duel a alors laissé place au temps du soupçon lorsque Vingegaard a dû répondre tous les jours à des questions concernant le dopage, ressurgies sans aucun élément tangible mais inévitables dans un sport longtemps gangréné par les affaires.
« Je ne prends rien que je ne donnerais pas à ma fille » de deux ans, a assuré le Danois, le patron de son équipe, Richard Plugge, ajoutant même que son coureur rechignait à prendre « du paracétamol ».
Pour expliquer la domination de son champion, Plugge a renvoyé à la fois aux supposées insuffisances de la concurrence, en l’occurrence les coureurs de l’équipe Groupama-FDJ qui boiraient « des grandes bières » pendant les journées de repos, ce que le manager français Marc Madiot a démenti avec véhémence.
Mais aussi à la perfection de leurs propres méthodes, en matière de nutrition, d’entraînement, de matériel, etc.
« Je ne suis pas beaucoup plus fort que l’an dernier mais j’ai continué à progresser et je n’ai connu, contrairement à 2022, aucun problème de santé pendant le printemps », a insisté Vingegaard.
Son triomphe consacre la victoire d’une stratégie entièrement axée sur le Tour, avec de longs stages en altitude et le Critérium du Dauphiné comme unique tremplin, pendant que Pogacar ferraillait sur les fronts des classiques italiennes et belges.
Mais Vingegaard aussi a l’air de vouloir tenter lui aussi de nouvelles expériences. Dans la matinée, il a annoncé sa participation à la Vuelta fin août pour tenter un doublé avec le Tour de France/Tour d’Espagne qui n’a plus été réalisé depuis Christopher Froome en 2017.
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