Le Tour de France est-il déjà joué? Jonas Vingegaard a pris plus d’une minute à son grand rival Tadej Pogacar dès la première étape de montagne mercredi à Laruns où l’Australien Jai Hindley a fait coup double.
En regagnant son bus, Pogacar affichait un visage pourpre et inhabituellement fermé, lui qui rigole d’habitude en toutes circonstances, même l’année dernière après sa défaillance au Granon où Vingegaard l’avait détrôné.
« Oui j’ai pris un gros coup sur la tête », a reconnu le Slovène qui a décidément vécu une sale journée puisque sa petite amie, la coureuse Urska Zigart, est tombée dans le Giro féminin et « souffre peut-être d’une commotion ». « C’est plus important que les secondes que j’ai pu perdre aujourd’hui », a souligné « Pogi », la mine défaite.
Il n’empêche qu’on l’avait rarement vu autant à la peine que mercredi sur les pentes de Marie Blanque.
Décroché dès la première giclette
Décroché dès la première giclette de son rival danois, il a traîné sa misère jusqu’en haut du col, avant de basculer dans la descente jusqu’à Laruns avec l’Américain Sepp Kuss, le sherpa de Vingegaard, accroché à sa roue comme une sangsue.
Au final, le vainqueur de 2020 et 2021 a coupé la ligne avec plus d’une minute de retard sur Vingegaard. Au général, il compte déjà 53 secondes de débours sur le tenant du titre, deuxième derrière Jai Hindley, vainqueur d’étape et nouveau maillot jaune.
« J’avoue que moi-même je suis surpris », a lâché Vingegaard, étonné que Pogacar n’ait pas réussi à le suivre. D’autant que le Danois avait jugé que cette étape, difficile mais pas insurmontable, ne lui correspondait pas vraiment, lui qui préfère jouer l’usure dans les très longs cols.
« Mais dans la dernière ascension, je sentais que j’avais vraiment de très bonnes jambes. J’ai dit à Sepp (Kuss) d’aller à l’avant, et j’ai attaqué », a-t-il expliqué. « Jonas était vraiment très fort pour créer une telle différence », a déclaré à l’AFP Sepp Kuss, aux premières loges pour constater les dégâts.
Le coup de force de Vingegaard
Le coup de force de Vingegaard est venu valider la stratégie de Jumbo-Visma, qui a placé trois coureurs dans l’échappée royale du matin dans laquelle Jai Hindley avait réussi à se glisser.
Le plan s’est déroulé à merveille et cela tombe à pic pour l’équipe néerlandaise après un début de Tour agité, marqué par les accès de colère de Wout Van Aert et sa prétendue rivalité avec Vingegaard.
« Beaucoup de gens ont parlé. Mais aujourd’hui on a montré le vrai état d’esprit qui anime l’équipe. Wout n’avait aucune chance de gagner cette étape et il a tout donné pour Jonas. Je crois que la réponse est claire », a insisté le directeur sportif Merijn Zeeman.
Pour UAE, c’est en revanche une journée à oublier puisque Adam Yates, « le Sepp Kuss de Pogacar », en plus d’avoir cédé son maillot jaune, ne s’est montré d’aucune utilité pour son leader dans Marie Blanque.
C’est forcément inquiétant pour la suite qui passe dès jeudi par une deuxième étape dans les Pyrénées, avec notamment le Tourmalet au programme.
« On ne perd pas espoir, a commenté le manager d’UAE Mauro Gianetti. L’objectif est toujours de gagner le Tour. Vingegaard a été très fort aujourd’hui mais Tadej peut s’améliorer. Il reste deux semaines et demie. Il faut rester positif. »
Faute de mieux, Pogacar mise sur une montée en régime au fil du Tour, après avoir vu sa préparation perturbée par une fracture au poignet gauche pendant Liège-Bastogne-Liège le 23 avril.
« J’ai repris l’entraînement un peu tard cette année donc je devrais me sentir bien dans la dernière semaine normalement. On va continuer de se battre, tout n’est pas perdu », a-t-il lancé.
Jai Hindley à l’affut
En attendant, il faudra aussi se méfier de Jai Hindley.
Le gaucher de Perth, qui découvre seulement le Tour, est un coureur peu connu du grand public. Mais c’est un grimpeur de classe à qui la distance des trois semaines ne fait pas peur, comme il l’a prouvé lors de sa victoire sur le Giro l’an dernier.
Après avoir consolidé son statut de prétendant au podium – il possède presque deux minutes d’avance sur des coureurs comme le Français David Gaudu – il pourrait même voir plus loin.
« On le prend très au sérieux », a promis Zeeman.
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