Veni, vidi, vici: après trois semaines à survoler le Tour d’Italie, Tadej Pogacar est entré dans la ville éternelle tel un empereur romain dimanche pour fêter son succès et se tourner déjà vers son prochain objectif: le Tour de France.
Six victoires d’étape, autant que le grand Eddy Merckx en 1973, une avance abyssale sur son dauphin Daniel Martinez au général, 9 min 56 sec, plus grand écart depuis 1965, et une impression de facilité déconcertante, au risque d’un certain ennui: le Slovène a dominé le Giro de bout en bout, prenant le maillot rose dès le deuxième jour pour l’amener dimanche au pied du Colisée.
Ce triomphe dès son premier Giro ajoute une nouvelle pièce à sa collection de trophées qui s’agrandit de jour en jour: à seulement 25 ans, l’ogre de Komenda compte déjà 77 succès dont deux Tours de France, six Monuments et un chapelet d’autres classiques et courses par étapes.
Plus que jamais, il marche dans les pas de Merckx, le plus grand coureur de tous les temps avec qui il partage le même appétit glouton.
Au Giro, personne ne lui est arrivé à la cheville jusqu’à la dernière étape, remportée par le Belge Tim Merlier au sprint.
Daniel Martinez a enfin confirmé dans un grand Tour et sera un lieutenant de luxe pour Primoz Roglic au Tour de France. Geraint Thomas, valeureux troisième à 38 ans, s’est accroché mais sans la moindre illusion contre Pogacar, « le meilleur coureur contre lequel j’ai couru et pourtant j’en ai connus des bons ».
Pogacar peut se consacrer au Tour de France
Pogacar peut désormais se consacrer au second volet de son grand défi: remporter la même année le Giro et le Tour de France, ce qui n’a plus été réalisé depuis Marco Pantani en 1998.
Il a en revanche exclu de participer au Tour d’Espagne, préférant cibler les Championnats du monde à Zurich fin septembre, autre grand objectif.
« Evidemment qu’il peut faire le doublé Giro-Tour. Il est tellement fort. Je suis fier d’être son équipier », a lancé l’Autrichien Felix Grosschartner. « Tadej ? C’est Superman », a résumé Rafal Majka, son fidèle lieutenant chez UAE.
Certains s’inquiétaient dans la perspective du Tour de France (29 juin-21 juillet) de l’état de fatigue de « Pogi » après trois semaines à ferrailler en Italie dans des conditions climatiques parfois compliquées.
A priori, il n’y a rien à craindre, car il avait encore l’air bien frais dimanche, tout de rose vêtu dans les rues de Rome.
Certes il ne s’est pas spécialement économisé en Italie – « il ne peut s’empêcher de faire la course », a constaté Romain Bardet, 9e du général – et samedi soir Pogacar a parlé de « trois semaines difficiles » où il a été un peu malade, parfois mal dormi et dû répondre à d’innombrables sollicitations.
En l’état, Pogacar est favori
Mais il aussi estimé finir « dans une bonne forme » et avec « le moral au plus haut » avant de goûter à quelques jours de repos, puis de repartir en stage d’altitude à Isola 2000.
« Cette victoire au Giro me donne un bel élan pour le Tour de France », assure-t-il.
Des quatre « fantastiques », c’est clairement lui qui présente le plus de garanties à quatre semaines du Tour.
Double vainqueur sortant, Jonas Vingegaard a tout juste repris l’entraînement après ses multiples fractures au Tour du Pays basque, alors que Remco Evenepoel et Primoz Roglic, blessés dans la même chute, ne reviennent à la compétition que dimanche prochain au Critérium du Dauphiné.
En l’état, Pogacar est favori pour devenir le huitième coureur à réussir le doublé Giro-Tour la même année (après Pantani, Indurain, Roche, Hinault, Merckx, Anquetil et Coppi) et continuer son duel à distance avec les légendes du passé, sous le regard souvent impuissant de ses contemporains.
« Jonas (Vingegaard) est le seul à évoluer au même niveau que lui, mais il faut voir comment il sera (sur le Tour de France), analysait Geraint Thomas. C’est insensé le talent qu’il a. Tellement polyvalent, agressif, toute l’année. A côté de lui, on a l’air tellement lents. »
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