Ce sont deux châteaux de la très chic région du Luberon (Vaucluse). L’un appartient au Parc naturel régional, l’autre est une propriété privée. Et leur développement touristique fait polémique, sur fond de craintes de sur-fréquentation et pour l’environnement.
À Buoux (prononcer Biouxe), 100 habitants à peine, le « château de l’environnement » accueillait des classes vertes jusqu’à fin 2022. La grande bâtisse des XVIe et XVIIIe siècle, entourée de 51 hectares de terres, appartient depuis 1986 au Parc naturel régional du Luberon, qui veut désormais l’ouvrir à un plus large public, notamment pour financer son entretien. « L’intention c’est de partager, dans le respect de nos valeurs », insiste Dominique Santoni, présidente du Parc et du conseil départemental, en vantant la préservation de « l’éducation et la sensibilisation aux enjeux du développement durable. »
Transformation des dortoirs en chambres doubles ou familiales, grande salle pour accueillir des séminaires, « offre de restauration saine et respectueuse de l’environnement », rénovation des jardins, « parkings paysagers », le tout pour 8 millions d’euros. À sa réouverture fin 2025, le château devrait accueillir entre 40.000 et 45.000 visiteurs par an, des scolaires la moitié du temps, contre une dizaine de milliers auparavant, selon le Parc. Assez pour qu’une partie des habitants de la région dénonce un projet de « tourisme de masse » et « d’hôtel trois étoiles ». Un « collectif » s’est créé fin janvier et une pétition en ligne pour « sauvegarder » le château et « construire ensemble un autre projet » a déjà dépassé 17.000 signatures.
Calmer les inquiétudes
La direction du Parc a organisé fin février une réunion publique pour tenter de calmer les inquiétudes, se heurtant à un flot de critiques, de l’abandon de la mission pédagogique aux atteintes à l’environnement ou à la tranquillité. Jusqu’à la maire de Buoux, Amélie Pessemesse, qui s’étonne de n’avoir pas reçu les détails du projet, notamment sur les besoins en eau, denrée rare dans la région avant même le changement climatique. Mais le château étant classé monument historique, elle ne pourrait pas bloquer le projet, les permis de construire ne passant pas par elle.
« Le vallon (où se trouve le château) est fragile, il est petit, et vous voulez y amener beaucoup trop de monde », lance sous les applaudissements Laurent Thérond, membre du collectif et de la Confédération paysanne, qui défend un éleveur de chèvres voisin du château, sur les terres duquel il fait pâturer ses bêtes depuis des décennies. En désaccord avec le projet, il a assigné le Parc devant le tribunal des baux ruraux. Après deux heures et demi de réunion houleuse, Dominique Santoni s’est bornée à dire que le Parc allait « analyser » toutes les options, dont celle d’une revente du château.
Un projet qui inquiète les habitants
À 30 kilomètres de Buoux, c’est un projet hôtelier en bonne et due forme qui inquiète certain des 1800 habitants de Cabrières-d’Avignon, regroupés en association et dont la pétition en ligne approche elle les 2350 signataires. Le château, niché dans le vieux village et dont les premiers éléments remontent au XIIe siècle, a été mis en vente par son propriétaire. Et un projet prévoit de le transformer en hôtel de luxe de près de 50 chambres, avec restaurant gastronomique et spa.
À la manœuvre, le groupe hôtelier indépendant Centaurus se refuse à tout commentaire, le « projet étant en cours de procédure ». Mais il se décrit sur son site comme « offrant aux voyageurs du monde entier des lieux de vie au décor unique, conçu par les meilleurs architectes soucieux d’en préserver l’esprit tout en proposant une luxueuse déclinaison contemporaine. »
« Ce projet va amener beaucoup de nuisances, avec la construction d’une route à travers des terrains agricoles pour l’accessibilité, du trafic automobile, des pollutions sonores et lumineuses. Mais le plus grave, c’est la consommation d’eau, entre les chambres, le restaurant, deux piscines et le spa, » déplore Nicolas Duclaux, ébéniste de 42 ans qui préside l’association. Les membres envisagent déjà de contester l’éventuel permis de construire. « Nous ne voulons pas devenir un nouveau Gordes ou Isle-sur-la-Sorgue, où quatre mois de l’année les habitants ne supportent plus de vivre », lance Marie-France Ramon, secrétaire de l’association.
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