Tout quitter au Canada pour aller défendre l’Ukraine

Par Epoch Times avec AFP
17 mars 2022 10:28 Mis à jour: 17 mars 2022 10:28

« Quel serait le sens de ma vie si je restais ici? ». En quelques semaines, Vartan Davtian, canado-ukrainien, a liquidé quatorze années de vie au Canada pour rentrer en Europe et défendre le pays qui l’a vu grandir.

Mercredi matin, ils sont une poignée à l’accompagner pour ses adieux à l’aéroport de Winnipeg, dans le centre du Canada. Avec lui, 13 bagages surdimensionnés, tous pleins à craquer et recouverts de rubans jaune et bleu, les couleurs de l’Ukraine.

Mettre sa vie sur pause, ne pas rester les bras croisés quand les bombes tombent sur son pays, où vit encore toute sa famille, cela lui a semblé une évidence.

« Les autres pays regardent ce qui se passe sans rien faire »

« C’est incroyable ce que fait la Russie, incroyable que les autres pays regardent ce qui se passe sans rien faire. Toute cette situation est incroyable », raconte à l’AFP l’homme de 37 ans, t-shirt kaki sur le dos et croix autour du cou.

Maryna Prystaiko et Vartan Davtian le 15 mars 2022, la veille du départ de Davtian pour soutenir la résistance ukrainienne. Photo de Daniel CRUMP/AFP via Getty Images.

Pour cet homme né en Arménie, qui a passé toute sa jeunesse en Ukraine avant d’immigrer au Canada en 2008 après ses études, la vie a basculé. Il a quitté son emploi dans le secteur pétrolier quelques jours après l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe le 24 février.

« Je pourrais regarder tout ça sans intervenir, mais qu’est-ce que cela m’apporterait? Quel est le sens de ma vie? », explique Vartan, admettant ressentir une grande culpabilité d’être en sécurité sur le sol canadien alors que sa sœur, ses nièces, ses cousins, ses parents et amis vivent dans un pays en guerre.

« Je n’ai jamais vraiment combattu, mais quand je vois ce qui se passe aux informations, je ne vais pas hésiter », dit celui qui a espéré, au départ, que le cauchemar de l’invasion russe soit une fausse nouvelle. Vartan, qui parle ukrainien et russe, dit avoir encore du mal à réaliser.

Des kilos de provisions

La première étape de son long périple en Europe, pour lui qui n’est pas rentré depuis environ trois ans à cause de la pandémie de Covid, sera Varsovie, en Pologne. De là, il compte traverser la frontière pour gagner l’Ukraine.

Dans ses bagages, des kilos de provisions amassées par des membres de la communauté ukrainienne de sa région ces derniers jours: du matériel médical, des drones, des piles ou encore des articles pour bébé.

Vartan Davtian montre les fournitures médicales dans une valise qu’il emporte avec lui, il part vers l’Europe pour soutenir la résistance ukrainienne, le 15 mars 2022. Photo de Daniel CRUMP/AFP via Getty Images.

Vartan emporte aussi avec lui un bandana aux couleurs de l’Ukraine qui lui a été offert récemment par son amie Liudmyla Artemchuk. « Elle m’a fait promettre de le lui rapporter », insiste Vartan, qui explique ressentir de la « colère » mais pas de peur.

Au moment de se dire au revoir, l’ambiance est sombre. D’autant que l’Ukrainienne de 37 ans, qui vit au Canada depuis plusieurs années, vient d’apprendre la mort d’un ami d’enfance dans un bombardement russe. Depuis le début de la guerre, les civils payent un lourd tribut.

« Il est mon héros »

« Je pense que Vartan est courageux et c’est essentiel ce qu’il fait, les gens ont besoin d’aide », glisse-t-elle, blême, les yeux marqués par la fatigue et les pleurs.

Vartan Davtian, charge un sac de fournitures données sur un chariot à bagages après s’être enregistré à l’aéroport international, au Manitoba, Canada, le 16 mars 2022. Photo de Daniel CRUMP/AFP via Getty Images.

L’importante diaspora ukrainienne au Canada (1,4 million de personnes, ce qui en fait la deuxième au monde), très présente dans le centre et l’ouest du pays, est mobilisée depuis le premier jour de l’invasion russe pour envoyer des fournitures, de l’argent…

C’est au sein de cette communauté, dans la maison d’une de ses compatriotes, que Vartan a choisi de passer sa dernière nuit au Canada.

« Il est mon héros », dit à l’AFP son amie Maryna Prystaiko, alors qu’elle boucle soigneusement les sacs qui prendront la route vers l’Ukraine. La femme de 37 ans au chignon blond poursuit: « C’est facile d’être à un endroit calme et paisible, mais lui s’en va à la guerre ». 

Vartan, lui, ne se voit pas comme un héros. Il vit son départ comme une « libération », après des semaines à voir son pays bombardé en se sentant inutile.

 

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