CHINE

Une femme perd sa mère et sa sœur à cause de la persécution du Falun Gong

août 18, 2021 8:56, Last Updated: novembre 6, 2023 8:52
By

Persécutée par le régime chinois en raison de sa foi, Yang Chunhua a vu sa famille déchirée, tourmentée et brutalisée.

Sa sœur et sa mère sont décédées des blessures et des maladies causées par les tortures lors de leur emprisonnement en Chine.

La sœur aînée de Chunhua, Chunling, traductrice, faisait partie d’un groupe de huit personnes – dont faisait également partie sa belle-sœur qui était enseignante dans un collège – qui, en septembre 2005, a détourné une émission de télévision chinoise pour diffuser un film sur la domination violente du Parti communiste chinois (PCC) sur le pays.

Quelques semaines plus tard, tous les membres de l’équipe ont été arrêtés et condamnés à de lourdes peines.

En avril 2014, plus d’un an après avoir été libérée de prison, la sœur de Chunhua a été retrouvée morte dans un appartement. Elle était morte, seule, le jour de son 40e anniversaire.

Chunhua se souvient que son père âgé, Yang Zonghui, lui a annoncé la nouvelle par téléphone.

« Ta sœur est partie », a-t-il dit.

Son corps était raide lorsqu’un ami a réussi à entrer dans la pièce. Elle vivait seule car, à l’époque, son mari était encore en prison.

La sœur de Chunhua n’a rien laissé d’autre qu’un récit personnel manuscrit des tortures et des abus qu’elle a subi en prison, rédigé deux mois avant sa mort.

« J’aimerais pouvoir voler à ses côtés. »

Au moment du décès de sa sœur, Chunhua était à des milliers de kilomètres de sa maison familiale à Dalian, une ville du nord-est de la Chine. Elle avait quitté le pays trois ans plus tôt et se trouvait à l’époque en Indonésie en tant que réfugiée des Nations unies. Chunhua vit aujourd’hui aux États-Unis.

Tout comme sa sœur et sa belle-sœur, ainsi que des membres du groupe à l’origine de l’interception de la chaîne télévisée, Chunhua pratique le Falun Gong, une pratique spirituelle persécutée par le régime chinois depuis 1999.

Le Falun Gong est une discipline spirituelle méditative ancrée dans les anciennes traditions chinoises. Dans les années 1990, elle a gagné en popularité, attirant environ 70 à 100 millions de personnes. Le régime a ensuite considéré cette pratique comme une menace et, en 1999, a lancé une sévère persécution.

Même si elle le souhaitait, Yang ne pouvait pas rentrer chez elle pour aider son père âgé à surmonter cette perte. Si elle l’avait fait, elle aurait été immédiatement capturée et emprisonnée, comme elle l’avait été à plusieurs reprises avant son évasion, explique-t-elle.

« Je vous vois, ta sœur et toi, toujours autour de moi », a dit le père de Chunhua au téléphone.

Il venait de célébrer les funérailles de sa fille aînée.

« Qu’est-ce que tu veux dire ? » a demandé Chunhua.

« Je vous vois toutes les deux jouer près de la rivière. »

Chunhua et sa sœur aimaient jouer près de la rivière lorsqu’elles étaient petites. Leur père les observait non loin. C’était il y a environ quarante ans.

« Vous avez l’air si heureuses toutes les deux », a-t-il dit.

Le père de Chunhua, qui était âgé de soixante-dix ans, est tombé malade peu après les funérailles et on lui a diagnostiqué un cancer du foie.

Des années de harcèlement du régime chinois visant sa famille l’ont traumatisé mentalement et physiquement, explique Chunhua.

« Pendant des années, papa a porté des médicaments pour le cœur sur lui, partout où il allait. Chaque fois qu’il entendait des coups, il paniquait, pensant que c’était la police qui frappait à la porte », a écrit Chunhua dans un mémoire de 2017 publié sur Minghui.org, un site web basé aux États-Unis qui documente la persécution du Falun Gong par le PCC.

« J’ai souhaité qu’il me pousse une paire d’ailes et que je puisse voler à ses côtés. Je voulais prendre soin de lui comme il l’avait fait pour moi lorsque j’étais malade dans mon enfance. »

Souvenirs de persécution

Dix ans avant la mort de sa sœur, Chunhua a perdu sa mère de la même manière.

La mère de Chunhua, Dong Baoxin, pratiquait également le Falun Gong. Toutes les trois se rendaient dans des parcs de Dalian pour méditer ensemble.

En 2001, Baoxin, retraitée, a été envoyée dans un « centre de conversion » qui faisait partie d’un camp de travail. Les gardiens la battaient et lui interdisaient de dormir. Un garde la piquait avec un cure-dent dès qu’elle fermait les paupières, a-t-elle raconté plus tard à sa famille.

La torture a duré un mois, et elle a refusé de renier sa foi.

« Nous améliorons ton repas », ont dit un jour à Baoxin les gardiens de prison, raconte Chunhua. Puis, ils lui ont donné de la viande empoisonnée.

Lorsqu’elle a avalé la viande, elle a eu du mal à respirer, s’est effondrée sur le sol avec de l’écume à la bouche et s’est évanouie.

Elle s’est retrouvée aux urgences et est restée dans un état critique même plusieurs nettoyages de l’estomac. Craignant des répercussions juridiques, les gardiens ont laissé le père de Chunhua la ramener à la maison après avoir payé une somme pour une « autorisation médicale », relate Chunhua.

La mère de Chunhua ne s’est jamais complètement rétablie. Elle est décédée chez elle en octobre 2004.

Aucune de ses filles n’a pu assister à ses derniers instants, car, à l’époque, elles étaient toutes deux détenues.

S’accrocher

Deux ans avant la mort de sa mère, la police a fait irruption dans l’appartement de Chunhua et de sa sœur à Dalian, où elles avaient imprimé des tracts dénonçant la persécution du Falun Gong. Comme Chunhua refusait d’obtempérer à son arrestation, un policier l’a poussée dans les escaliers, lui cassant les hanches.

Chunhua a été placée dans un centre de détention, où elle a été enchaînée à un lit pendant 30 jours et alimentée de force par un tube en caoutchouc inséré dans sa narine et se prolongeant dans son estomac.

« Chaque fois que les gardes n’arrivaient pas à pénétrer jusqu’au bout, ils retiraient le tube et le remettaient en place à plusieurs reprises, écrit Chunhua dans ses mémoires. Du sang s’écoulait de mon nez, trempant mon visage et mon corps. »

Un garde a envoyé de la soupe bouillante directement dans le tube. La paroi de son estomac a brûlé et Chunhua a vomi d’un seul coup.

Chunhua a ensuite été transférée dans un camp de travail. Pendant deux ans, elle a subi d’autres formes de torture physique, un isolement dans une salle de bain qui a duré plusieurs jours, et jusqu’à 15 heures par jour de travail forcé.

La sœur de Chunhua était également détenue dans le même camp, mais dans une cellule différente.

« Je l’ai brièvement vue de loin à quelques reprises, se souvient Chunhua. Nous n’avions pas le droit de parler ni de nous approcher. Nous levions silencieusement le poing l’une vers l’autre. Cela signifiait Tiens bon ! »

Dans le récit personnel que la sœur de Chunhua a laissé derrière elle, elle a révélé certaines des tortures qu’elle avait endurées pour ne pas avoir à abandonné sa foi.

Un jour, un gardien lui a attrapé les cheveux et l’a écrasée contre un mur. La moitié de son visage a enflé. Il lui a crié : « Alors tu veux t’accrocher à ta vérité ? »

Les gardiens lui ont également attaché les jambes avec des cordes et l’ont menottée à un tuyau de chauffage. Elle restait dans cette position pendant des jours, à moitié inconsciente, tandis qu’ils la frappaient à coups de pied et de poing. Au bout de deux ans, elle a quitté le camp de travail, mais a été de nouveau emprisonnée pour avoir participé à l’interception de la chaîne télévisée en 2005.

Selon elle, en raison des coups reçus, la sœur de Chunhua a développé de multiples tumeurs au sein. Bien que le médecin de la prison ait conseillé à la sœur de Chunhua de se faire soigner rapidement, les gardiens ont refusé et l’ont gardée pendant toute la durée de sa peine de sept ans.

Je suis la seule qui reste

Après avoir été libérée du camp de travail en 2004, Chunhua a perdu le contact avec sa sœur.

Comme elle refusait d’abandonner la pratique du Falun Gong, la police la suivait de temps en temps, dit-elle. Mais immédiatement après l’interception de la chaîne télévisée en 2005, la surveillance s’est intensifiée.

« Au moins deux grands policiers en civil me suivaient partout où j’allais », se souvient-elle.

Comme elle ne voulait pas les conduire chez elle, elle a séjourné dans plusieurs hôtels, s’est installée dans la chambre d’amis et a dormi dans des gares.

Chunhua a fini par être à court d’argent, mais la police était toujours à ses trousses.

Elle a demandé à contrecœur l’aide de son père âgé, qui l’a emmenée dans un train pour traverser la Chine. Ils ont séjourné dans plusieurs provinces, comptant sur l’aide de parents éloignés.

Il l’a déposée dans un village isolé du centre de la Chine où la traque a finalement cessé. Il est ensuite rentré chez lui tout seul.

« Si mon père ne m’avait pas protégée, j’aurais été capturé à nouveau », déclare Chunhua.

En 2015, le père de Chunhua est décédé, succombant à un cancer du foie.

« Ton père n’a jamais fermé les yeux dans ses derniers instants, lui a dit un ami au téléphone. Il a dit qu’il voulait te voir. »

« Ma famille, nous quatre, nous étions heureux ensemble. Je suis la seule qui reste maintenant », a écrit Chunhua dans ses mémoires.

En 2016, Chunhua s’est installée aux États-Unis où elle réside actuellement dans l’État de New York.

« Cela fait du bien d’être libre », dit-elle. Au cours des dernières années, elle a participé à de nombreuses conférences sur les droits de l’homme, racontant l’histoire de sa persécution.

« Lorsque j’ai quitté la Chine, je n’avais qu’un seul souhait, avoue Chunhua. Je voulais devenir une voix pour mes camarades pratiquants de Falun Gong encore persécutés. Je veux atténuer leur douleur. »

« Je ne veux pas que la tragédie de ma famille se reproduise. »

 

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER