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Transition de genre : que sont les bloqueurs de puberté ?

mai 28, 2024 11:21, Last Updated: mai 28, 2024 11:21
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Les bloqueurs de puberté, que les sénateurs LR veulent faire interdire aux mineurs en transition de genre, doivent être prescrits dans un cadre rigide, expliquent à l’AFP des spécialistes, avant l’examen mardi d’une proposition de loi sur le sujet.

Ce sont des hormones de synthèse qui, en imitant les vraies hormones de la puberté, empêchent la stimulation des gonades (ovaires, testicules) et la sécrétion des stéroïdes sexuels (œstrogènes, testostérone). Certaines de ces molécules sont indiquées contre des cancers de la prostate, contre l’endométriose, mais aussi chez les enfants atteints de puberté précoce, puisqu’ils ont la capacité de suspendre le développement des caractères sexuels secondaires (poitrine, voix, pilosité). Quand l’adolescent arrête le traitement, l’évolution pubertaire reprend son évolution naturelle.

À ne pas confondre avec les hormones sexuelles, prescrites plus tard aux jeunes en transition, à partir de 16 ans, et qui ont des effets permanents comme la mue de la voix.

Le but des bloqueurs, c’est que « les jeunes personnes explorent leur identité de genre sans expérimenter les changements liés à la puberté qu’ils pourraient mal vivre », explique à l’AFP Annelou de Vries, psychiatre néerlandaise dont les travaux font référence sur ces traitements. L’idée est de « gagner du temps et de la sérénité avant de prendre une quelconque décision sur une intervention médicale avec des effets potentiellement irréversibles ».

Ces molécules n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour traiter les enfants en dysphorie de genre, mais ce n’est pas illégal pour autant : en France, 20% des prescriptions se font hors AMM. Sur ce point, faute de recherches au long cours, il n’y a pas de consensus. C’est d’ailleurs une des principales critiques pour demander l’arrêt de ces prescriptions.

Un impact sur la fragilisation des os

L’Académie de médecine met en garde concernant « l’impact sur la croissance, la fragilisation osseuse ». Interrogée par l’AFP, Catherine Gordon, endocrino-pédiatre américaine, rappelle que beaucoup d’enfants en transition ont déjà « une faible densité osseuse avant le traitement », notamment du fait de troubles alimentaires et d’un manque d’exercice physique.

« Il semblerait que la densification osseuse associée à la puberté est réduite chez les adolescents atteints de dysphorie de genre et traités par bloqueurs, mais aussi qu’une augmentation encourageante est observée un fois » qu’ils remplacent ces bloqueurs par « des hormones affirmatives de genre », explique la spécialiste.

Des chercheurs s’inquiètent aussi de potentielles conséquences à vie sur la santé cognitive et émotionnelle, la puberté étant une phase limitée dans le temps pendant laquelle les connexions en développement du système nerveux sont construites par des facteurs hormonaux et liés aux expériences.

Pour assurer leur efficacité et leur sécurité, la Dr de Vries, une des auteures du « protocole néerlandais » qui fait référence notamment en France, explique que les suppresseurs de puberté doivent être prescrits dans un cadre strict. Il s’agit de « bien plus que l’administration d’un traitement hormonal », que d’ailleurs seuls un tiers des patients se voit prescrire, rappelle-t-elle. Pour être éligible, le patient doit avoir atteint le stade 2 de la puberté de Tanner, en général autour de 12 ans, mais qui peut commencer dès 8 ans.

11% des accompagnés y ont eu accès

En France, seuls 11% des jeunes accompagnés dans une transition de genre ont eu accès à des bloqueurs de puberté, après un délai moyen de 10 mois entre la première consultation et la mise en place du traitement, selon la Défenseure des droits, qui ne dispose pas de chiffres dans l’absolu.

Le protocole commence par un diagnostic précis visant notamment à détecter si le jeune patient présente des troubles psychiatriques ou autistiques. Elle insiste aussi sur le suivi au long cours des patients, par une équipe pluridisciplinaire – psychologues, psychiatres, endocrinologues, travailleurs sociaux.

En théorie, en France, toutes les décisions thérapeutiques pour les mineurs en transition doivent être appuyées et validées par des réunions de concertations pluridisciplinaires (RCP). Les jeunes et leurs familles sont informés de la nécessité d’une surveillance médicale et d’un suivi au long cours.

Mais le rapport de l’Igas de 2022 pointe que face à une « demande de transition sensible et en forte croissance, les réponses ont du mal à suivre, en dépit d’initiatives pour les développer ». Et beaucoup de jeunes n’ont pas accès aux consultations spécialisées.

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