Nous sommes en novembre 2020. Voilà neuf mois que Carolina Avendano, 22 ans, a pris son indépendance. Malheureusement, à peine un mois plus tard, sa ville Calgary (Canada) était confinée. Depuis, la plupart des écoles et des entreprises sont encore fermées, la ville marche au ralenti et Carolina se sent vraiment seule. En raison des restrictions liées à la pandémie, elle ne peut pas rendre visite à sa sœur.
Carolina prend sur elle, camoufle son mal‑être. En apparence, c’est un modèle de productivité : indépendante, donnant des cours particuliers, faisant du bénévolat en ligne, travaillant à l’obtention d’un double diplôme en mathématiques et en éducation. En réalité, à l’intérieur, elle ne s’est jamais sentie aussi perdue et vide.
« Je savais que j’avais perdu l’équilibre », se souvient Carolina en entrevue pour Epoch Times.
Son corps lui envoie des signaux : elle est en sous‑poids, souffre de troubles de l’alimentation et de maux de tête, et, sans savoir pourquoi, elle n’a pas eu ses règles depuis plus d’un an. Elle évite d’en parler à sa famille, mais celle‑ci s’inquiète de la voir maigrir. Ils exagèrent, insiste‑t‑elle.
Une des rares fois où Carolina sort de chez elle, sa vie connaît enfin un tournant.
Entrant par hasard dans un café, elle remarque une petite console recouverte de flyers, dont certains proposent des cours de yoga ou de méditation. Là, un dépliant bleu attire son attention. On y voit un homme au bord de la mer en train de méditer. Carolina n’a jamais entendu parler du Falun Gong. Cette pratique spirituelle repose sur trois valeurs fondamentales, la vérité, la compassion et la tolérance, ainsi que sur cinq exercices méditatifs lents. Le prospectus propose un atelier en ligne qui semble vraiment correspondre à ses besoins.
« Ce qui m’a le plus surprise, c’est que cet enseignement était dispensé gratuitement, par des personnes de tous les horizons », se souvient Carolina, expliquant avoir vu des cours de yoga à plus de 1 000 dollars, des sommes qu’elle ne peut pas se permettre de dépenser.
Elle s’inscrit à une séance le week‑end même, puis, convaincue, elle décide de continuer.
Le lundi suivant, à sa grande surprise, ses règles reviennent.
« J’étais excitée…et j’avais peur », raconte‑t‑elle. « J’étais comme… Wouah ! Je me suis dit que c’était juste une coïncidence… mais c’était quand même incroyable ! »
Les débuts
L’expérience de Carolina ressemble à celle de nombreuses personnes qui ont commencé à pratiquer le Falun Gong en Chine dans les années 1990, lorsque cette discipline se transmettait oralement parmi la population.
Les exercices de méditation et les enseignements de cette discipline spirituelle, ancrés dans les croyances traditionnelles chinoises, les concepts bouddhistes et taoïstes, ont rapidement trouvé un écho auprès d’une population dépouillée de ses croyances et de sa culture traditionnelle durant l’effroyable révolution culturelle.
C’est le 13 mai 1992, que Li Hongzhi, le fondateur de la pratique, la fait connaître dans sa ville natale de Changchun. Changchun, pôle industriel, est la capitale de la province de Jilin, dans le nord‑est de la Chine.
En novembre de la même année, Mi Ruijing, 36 ans, infirmière, assiste à une série de conférences données par M. Li à Pékin. Celui‑ci explique les cinq exercices et expose les enseignements moraux de la pratique.
Les cours s’échelonnent sur dix jours, mais Mme Mi ressent un changement dès le premier jour.
« [En revenant chez moi], je n’avais plus l’impression de marcher, mais de fouler des nuages. C’était très léger, très confortable », se souvient Mme Mi, qui réside désormais aux États‑Unis, interrogée par Epoch Times.
Mme Mi est très vite surprise des énormes changements qui s’opèrent en elle. Elle a déjà lu de nombreux livres sur le taoïsme, pour trouver un sens à sa vie… Mais elle n’a jamais rien senti.
Le Falun Gong apporte des réponses à toutes les questions qu’elle se pose depuis des années. Mme Mi a l’impression d’avoir été dans une pièce sombre toute sa vie et de voir soudain un rayon de lumière.
Un jour, se confiant à une amie, elle lui dit : « J’ai l’impression que pendant toutes ces années je n’ai pas vraiment vécu et que ma vie commence seulement maintenant. »
Au cours des deux années suivantes, M. Li organise des dizaines d’autres stages dans les principales villes chinoises. Parfois, jusqu’à 6 000 personnes viennent y participer. Mme Mi assiste à plus d’une vingtaine de ces stages. En 1999, selon les chiffres officiels, environ 70 à 100 millions de Chinois pratiquent le Falun Gong, la plupart affirment que leur santé s’est améliorée, leur état d’esprit et leur impact sur leur entourage.
Un jour, une amie de Mme Mi se propose gentiment de repasser une de ses toutes nouvelles tenues. Accidentellement, celle‑ci fait trois trous pendant le repassage. Alors que Mme Mi est sur le point de se mettre en colère, elle décide soudain de se reprendre. Finalement, elle prie son ami de ne pas s’inquiéter, expliquant qu’elle parviendra à dissimuler ces petits trous avec quelques retouches.
Désormais, comme tant d’autres pratiquants, Mme Mi fera passer les autres en premier, même les étrangers.
« Si c’était moi qui les avais fait et qu’on me criait dessus, je me sentirais très mal. »
Transformations
Nous sommes en 1993, en plein été. Voilà deux heures que Mme Liu Yan, ingénieure à Pékin, attend pour acheter un billet qui lui permettra de participer à un stage de M. Li. Elle a décidé de s’y inscrire sur les conseils d’un ami.
Le Falun Gong connaît un énorme succès, et les billets se vendent des mois à l’avance. Par miracle, le jour où Mme Liu a appelé l’université qui doit accueillir le stage, elle a appris qu’il restait encore quelques places disponibles. Après avoir pris un jour de congé, elle a décidé de se rendre au bureau de l’université avec une heure d’avance. Elle est la première dans la queue et a bon espoir d’acheter trois billets.
Finalement, Mme Liu a réussi, et la voilà qui participe au stage. C’est une véritable révolution et en revenant chez elle, elle décide de se débarrasser de tous les livres prétendument spirituels qui s’entassent dans tous les coins. Elle brûle tout.
« Je ne peux pas l’exprimer avec des mots, mais je savais que le Falun Gong valait mieux que tout ça », explique Mme Liu, qui réside maintenant aux États‑Unis, à Epoch Times. Elle a soudain compris à quel point les trois principes sur lesquels reposent les enseignements du Falun Gong, à savoir la vérité, la compassion et la patiente, étaient importants. Depuis ce jour, ils sont restés gravés dans sa tête.
Mme Liu s’emportait facilement. Grâce à la pratique, elle est devenue beaucoup plus facile à vivre, une bonne épouse pour son mari. Elle a également vu sa santé s’améliorer nettement.
Les éperons osseux au niveau de sa taille ont disparu et, chaque année, ses collègues de travail s’émerveillaient de l’excellent bilan de santé qu’elle obtenait lors des contrôles annuels. Ses parents l’ont suivie dans la pratique. Sa mère, septuagénaire, a vu son hypertension et son cancer de la gorge disparaître.
Une persécution féroce
Mais à l’aube de l’an 2000, près d’un Chinois sur treize voit sa vie basculer. Le Parti communiste chinois (PCC) vient de lancer sa vaste campagne de persécution à l’encontre des pratiquants de Falun Gong, trop nombreux à son goût. Il déploiera tous les moyens pour les anéantir, le harcèlement, la détention arbitraire, la torture, le travail forcé et… le prélèvement forcé d’organes.
Mme Mi et Mme Liu ont toutes deux été contraintes de quitter leur travail. Refusant de renier leur foi, elles ont été condamnées à des peines de prison de deux et quatre ans respectivement. Après leur libération, elles n’étaient plus que l’ombre d’elles‑mêmes. Les deux parents de Mme Liu sont décédés alors qu’elle était en prison.
Dans un « centre de transformation », conçu pour contraindre les pratiquants à renoncer à leurs croyances, Mme Liu a été battue au niveau des jambes avec un manche à balai au point d’avoir des cloques de la taille d’une main, une de ses cuisses est devenue noire. Durant plusieurs jours, ses jambes n’ont cessé d’enfler. Elle a finalement dû être opérée. Les deux cicatrices de l’opération sont encore visibles aujourd’hui.
Lors de sa première incarcération dans un camp de travail, l’apparence physique de Mme Liu a changé au point que son mari, enfin autorisé à lui rendre visite, n’arrivait pas à la reconnaître. Il a prié le garde présent dans la salle de confirmer que la femme émaciée se tenant devant lui était bien sa femme.
Pendant sa détention, Mme Mi a développé la gale et une perforation de l’estomac. Les trois quarts de son estomac ont dû être retirés. À la fin de sa détention, Mme Mi avait littéralement « la peau sur les os », dit‑elle.
Cours en ligne
Carolina Avendano a finalement commencé à lire les livres sur le Falun Gong et s’est jointe à un groupe de méditation dans le centre de Calgary. En visionnant un film récent intitulé « Finding Courage », elle a eu un aperçu de la brutalité qui sévit en Chine.
La détermination et la force dont font preuve les pratiquants incarcérés l’inspirent et lui donne envie de poursuivre la pratique, affirme‑t‑elle.
Depuis qu’elle pratique, Carolina a remarqué que sa santé s’est nettement améliorée. Elle s’efforce aussi d’être une meilleure fille pour ses parents, qui souffrent tous deux de dépression.
« Je vois tout comme une occasion d’améliorer mon caractère et j’ai compris que je devais traiter tout le monde avec gentillesse », déclare‑t‑elle.
L’atelier en ligne auquel elle a participé pendant la pandémie a été lancé par un groupe de bénévoles, dont Alexander Meltser, propriétaire d’une entreprise de commerce en ligne basée en Floride et pratiquant du Falun Gong depuis plus de vingt ans.
« Si vous ne pouvez pas sortir, restez à l’intérieur », expliquait M. Meltser.
Durant l’atelier, un animateur présentait des diaporamas, suivis de vidéos des exercices et répondait à toutes les questions des participants via un chat en direct.
Les premiers cours en ligne ont été déployés en Inde et en Russie en février 2020, alors que les pays du monde entier commençaient à émettre des ordres de confinement. Encouragés par le nombre d’inscrits, l’équipe a commencé à proposer des cours partout dans le monde. Leur site Web s’affiche désormais en 20 langues, et plus de 30 000 personnes dans 45 pays ont participé à au moins une session.
L’équipe compte désormais une centaine de bénévoles. Carolina Avendado est l’un d’entre eux.
« Ce que j’apprécie le plus dans cette pratique, c’est qu’elle est ouverte à tous », dit‑elle, en précisant que les enseignements du Falun Gong sont disponibles en espagnol, sa langue maternelle.
« Je pense que le simple fait de partager gratuitement une pratique si authentique avec tout le monde, ça en dit long. »
« Dans ce projet, nous pouvons directement partager avec les autres les bénéfices que nous avons‑nous‑mêmes obtenus grâce au Falun Gong », explique pour Epoch Times Joseph Gigliotti, un chiropracteur qui a organisé l’atelier auquel Carolina Avendano a participé à ses débuts.
« Nous nous sommes dit : ‘Oh ! Il y a des gens à la maison qui ne font rien. Ils sont coincés chez eux, ils ne peuvent pas sortir. Il y a beaucoup de gens qui le vivent mal, qui en souffrent psychologiquement, qui se sentent déconnectés. Ça, c’est juste quelque chose qui peut les aider à gérer leur vie intérieure. »
À la toute fin du cours, M. Gigliotti demande toujours aux participants s’ils ont obtenu ce pour quoi ils sont venus.
« C’est un de mes moments préférés, de voir comment les gens répondent à cette question. Parce qu’ils sont très, très excités. Ils sont très heureux. Beaucoup de gens disent qu’ils veulent continuer. »
Dans son cas, les principes du Falun Gong l’ont aidé à « dissiper un gros nuage très sombre gonflé par l’anxiété et la dépression » qui se tenait au‑dessus de sa tête depuis des années. Il apprécie de pouvoir partager sa propre métamorphose pendant les ateliers.
« Tous les jours, nous prenons une douche et nous lavons notre corps, notre enveloppe extérieure. Mais moi, j’avais besoin de nettoyer l’intérieur, de nettoyer mon cœur et mon esprit. »
Selon lui, les huit années vécues en tant que pratiquant sont « les plus épanouissantes de sa vie ».
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