Depuis le confinement initial de Wuhan début 2020, le régime chinois a ordonné aux fonctionnaires d’éliminer le Covid au sein de la population par le biais de tests répétés, de confinements et d’une surveillance numérique malgré un bilan économique et humain de plus en plus lourd.
Mais, début décembre, à la suite d’un tollé général, le régime a brusquement renoncé à sa politique de lutte contre la pandémie, connue sous le nom de politique zéro Covid. Le virus a donc pu proliférer dans une population non préparée et dépourvue d’immunité naturelle après trois ans de confinements intermittents.
Le moment de ce revirement est suspect, selon Yan Limeng, une virologue chinoise ayant lancé l’alerte en 2020 quant au fait que le régime chinois dissimulait la pandémie.
« On voit une pression internationale qui s’exerce sur le PCC avec la commission du renseignement de la Chambre des représentants ayant récemment publié un rapport mettant en évidence le lien entre le virus du Covid-19 et une étude du gouvernement chinois sur les armes biologiques », explique la virologue lors d’une interview pour Capitol Report sur NTD TV, média partenaire d’Epoch Times.
La scientifique dissidente évoque un rapport publié le 15 décembre par les membres républicains de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. Le rapport conclut que le Covid-19 « pourrait avoir été lié au programme de recherche sur les armes biologiques de la Chine et s’être répandu dans la population humaine lors d’un incident de laboratoire à l’Institut de virologie de Wuhan (WIV) ».
Le rapport insiste sur les efforts des parlementaires américains pour enquêter sur les origines de la pandémie de Covid, précise Yan Limeng.
« Ils ont également déclaré qu’ils demanderaient des comptes au Parti communiste chinois. »
« Il s’agit d’une très forte pression internationale pour le régime de Xi Jinping, et c’est pourquoi le choix du moment est très suspect. »
Cette pression internationale est survenue alors que le Parti communiste chinois (PCC) et son dirigeant, Xi Jinping, étaient confrontés à des défis sans précédent en termes de politique intérieure.
Des manifestations de rue radicales, aujourd’hui surnommée la « révolte des feuilles blanches » ont éclaté dans les grandes villes et les principaux parcs universitaires du pays à partir du 26 novembre. Les manifestants ont brandi des feuilles de papier blanc (symbole de ce qui ne peut être dit du fait de la censure) tout en se mobilisant contre les mesures étouffantes de la pandémie. Certains jeunes manifestants à Shanghai sont allés plus loin et ont réclamé le retrait de Xi Jinping et du PCC.
La plus grande manifestation de mécontentement public depuis des décennies reflète la « très forte » instabilité du PCC et du contrôle de Xi Jinping au niveau national, estime Yan Limeng.
Ensuite, les autorités ont brusquement renoncé à la politique zéro Covid, pourtant longtemps défendue par le PCC. Le virus s’est donc répandu comme une traînée de poudre dans tout le pays. Les hôpitaux et les crématoriums ont été submergés, la colère de la population contre les mesures du régime a cédé la place à l’anxiété face aux infections.
« Il n’y a donc plus de protestation maintenant. »
De plus, comme le PCC a dissimulé les véritables informations sur l’épidémie, les responsables et experts mondiaux se sont sentis obligés de chercher des preuves de la crise sanitaire.
Par conséquent, « la Chine a encore gagné du temps pour faire d’autres choses, mettre au point d’autres tactiques, d’autres manœuvres ».
« Donc, à certains niveau, une telle épidémie a aidé Xi Jinping à gagner plus de temps et avoir plus de chances de réaliser ses propres objectifs. »
Un virus tsunami
Le virus s’est fortement propagé parmi les 1,4 milliard de Chinois, dont le système immunitaire est affaibli après trois années de confinements stricts.
Les données officielles sur les infections et les décès ont suscité des critiques croissantes quant à leur manque de crédibilité. La principale agence sanitaire du pays a cessé de publier le nombre quotidien d’infections. Début décembre, elle n’avait reconnu qu’une poignée de décès. Au même moment, les témoignages de crématoriums surchargés affluaient à travers toute la Chine.
Cependant, selon un mémo ayant fuité suite à une réunion en interne de cette même agence de santé, celle-ci estimait en réalité que 248 millions de personnes, soit 18% de la population, avait contracté le virus entre le 1er et le 20 décembre. Ce mémo a été divulgué en ligne et son authenticité a été confirmée par de nombreux médias.
Les responsables locaux et les spécialistes nationaux ont estimé que le taux d’infection dépassait probablement les 50% de la population dans plusieurs provinces. Ce taux a atteint près de 90% dans le Henan, la troisième province la plus peuplée de Chine.
Yan Limeng, chercheuse postdoctorale spécialisée en virologie et en immunologie à l’Université de Hong Kong avant de fuir aux États-Unis, a du mal à expliquer l’aggravation de la situation du Covid en Chine.
« Nous voyons la situation s’aggraver encore et encore, et cela ne peut pas être expliqué par une réponse immunitaire différente uniquement, ou le manque d’efficacité des vaccins, ou une origine naturelle de cette nouvelle vague. »
« Il y a beaucoup de choses suspectes, sur lesquelles nous avons besoin de plus d’informations. »
« Nous ne savons pas quels sont exactement les variants qui circulent en Chine, bien que le gouvernement ait déclaré qu’il s’agit d’Omicron. Mais les symptômes sont beaucoup plus sévères en général dans la population, et la transmission est très élevée. Et nous constatons également que le nombre de décès augmente de façon phénoménale, avec beaucoup plus de personnes atteintes de pneumonie, alors qu’initialement ce sont des adultes en bonne santé. »
La virologue qualifie la situation en Chine de « très préoccupante » et malgré cela la Chine a décidé de rouvrir ses frontières.
La Chine a levé les règles de confinements obligatoires pour les voyageurs entrants et a autorisé ses citoyens à se rendre à l’étranger. Lundi 9 janvier, premier jour ouvrable après le démarrage du traitement par les autorités des demandes de passeport pour le tourisme hors de Chine, plus de 100 personnes attendaient devant le bureau de l’immigration de Pékin pour renouveler leur passeport.
Alors qu’on s’attend à voir un grand nombre de Chinois partir à l’étranger en raison de l’explosion épidémique, Yan Limeng estime que le monde n’est pas préparé. La vague chinoise se propagera sur l’ensemble du globe et il y aura « un grand souci ».
Préparation
Un nombre croissant de pays ont imposé des tests de dépistage aux visiteurs en provenance de Chine, nombre d’entre eux invoquant des inquiétudes quant à la possibilité qu’une nouvelle souche du virus, plus mortelle, émerge du pays.
Si certains spécialistes de la santé restent sceptiques quant à une telle possibilité, le Dr Dong Yuhong, spécialisée dans les maladies infectieuses, également contributrice d’Epoch Times, estime qu’il est nécessaire pour les personnes en dehors de la Chine de rester vigilantes en raison du manque de données précises.
« Le meilleur moyen est d’adopter une politique très stricte pour les Chinois qui voyagent à l’extérieur de la Chine », a-t-elle déclaré dans une récente interview accordée à NTD TV.
Outre les mesures prises par le gouvernement, telles que les restrictions de voyage, il existe d’autres mesures que le public peut prendre pour se préparer, ajoute-t-elle. Par exemple, elle encourage les gens à renforcer leur immunité en prenant des vitamines, en s’exposant davantage au soleil et en se reposant.
« Il faut également rester calme, garder une attitude positive et penser aux autres. Un état mental moins stressant aide à lutter contre tout type de virus, quel que soit son degré de pathogénicité, de létalité. »
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