Un tribunal chinois rejette la demande de divorce d’une mère de six enfants, dans un contexte où le PCC fait pression pour augmenter le taux de natalité

Par Freda Wu & Sophia Lam
10 juillet 2023 16:42 Mis à jour: 10 juillet 2023 16:42

Un tribunal local de la province de Hunan, dans le sud de la Chine, a rejeté une demande de divorce soumise en juin 2023 par une mère de six filles. La femme avait affirmé qu’elle ne pouvait plus tolérer la pression exercée par son mari pour qu’elle lui donne un septième enfant, qu’il espérait être son fils et son héritier.

Toutefois, des commentaires d’internautes en Chine ont laissé entendre que le système judiciaire chinois pourrait être instrumentalisé afin de mettre en œuvre les visées idéologiques et socio-économiques du parti communiste chinois – soit de « forcer » les femmes à avoir plus d’enfants – dans un contexte où les effets catastrophiques de la politique de l’enfant unique en Chine deviennent de plus en plus évidents.

Sous un régime où les avortements forcés, les stérilisations forcées et les infanticides ont été normalisés pendant des décennies, les observateurs craignent que le régime ne tente à présent de se prémunir contre un effondrement démographique imminent.

Une affaire jugée sur ses seuls mérites ?

La plaignante, Mme Xiong, a eu six filles avec son mari – et défendeur dans l’affaire – M. Ou. Le rapport indique que Mme Xiong et M. Ou se sont rencontrés alors qu’ils étaient travailleurs migrants loin de leur ville natale. Lorsqu’ils ont enregistré leur mariage le 2 mars 2015, Mme Xiong avait déjà donné naissance à quatre filles. Après leur mariage, elle a donné naissance à des jumelles.

Le rapport indique que M. Ou et toute sa famille attachaient une grande importance à ce qu’il ait un fils pour perpétuer la lignée familiale – une coutume sociale très répandue en Chine. M. Ou et sa famille ont donc fait pression sur Mme Xiong, insistant pour qu’elle tombe à nouveau enceinte afin d’avoir un fils.

Ayant déjà six enfants, Mme Xiong a déclaré qu’elle ne pouvait plus supporter le fardeau d’autres grossesses et accouchements tout en s’occupant d’une famille nombreuse. En octobre 2019, elle s’est réfugiée chez ses parents, où elle est restée.

Cependant, Qin Mengsi, le juge présidant le tribunal du comté de Chenxi dans le Hunan, a émis une « ordonnance d’éducation familiale » à l’encontre de Mme Xiong, selon un rapport qui a commencé à faire fureur sur la plateforme de médias sociaux chinoise Weibo le 22 juin. Le 3 juillet, ce rapport avait reçu plus de 300.000 « likes ».

Le tribunal condamne la mère

Le président du tribunal a constaté que Mme Xiong n’était pas revenue au domicile de la défenderesse pour s’occuper de ses six filles depuis son départ et qu’elle n’avait pas non plus versé d’indemnité pour l’éducation des enfants.

Le tribunal a rejeté la demande de divorce déposée par Mme Xiong, déclarant qu’elle et M. Ou avaient six filles et que les éléments qu’elle avait présentés ne prouvaient pas que leur relation était rompue. Le tribunal a émis une ordonnance d’éducation familiale à l’encontre de Mme Xiong, déclarant : « Il vous est ordonné de vous former activement à l’éducation familiale, d’assumer la responsabilité principale de l’éducation familiale, de vous acquitter efficacement de vos devoirs de tutelle et d’assumer l’obligation d’élever, d’éduquer et de protéger vos enfants mineurs. »

Epoch Times a contacté le tribunal du comté de Chenxi, mais n’a pas reçu de réponse au moment de la publication. Il n’a pas été possible de joindre Mme Xiong ou M. Ou pour commentaires.

Des internautes critiquent l’arrêt de la Cour

L’arrêt a suscité de vives protestations parmi les internautes chinois. Beaucoup ont reproché au tribunal et au régime chinois de ne pas protéger les femmes et de stimuler, par tous les moyens, la fertilité en Chine dans un contexte de chute du taux de natalité.

Un bébé pleure dans les bras de sa mère à Yaan, dans la province du Sichuan au sud-ouest de la Chine, le 23 avril 2013. (AFP/Getty Images)

Un internaute écrit : « Cela signifie-t-il qu’elle doit repartir et donner naissance à d’autres enfants ? »

Un autre écrit : « Où est l’humanité dans cette affaire ? »

« Qui se soucie de l’état mental de la mère ? », écrit un internaute.

Un autre citoyen blâme le tribunal pour cette décision : « Chaque décision étrange a joué un rôle dans le faible taux de mariage et de fécondité [de la Chine]!

Le tribunal se targue de faire de cette affaire un exemple de son soi-disant « travail pratique pour le bénéfice des masses » », écrit un autre internaute. « C’est ridicule! Il a même publié une telle décision en tant que propagande ‘de bonne volonté’ ! Il n’a aucune considération pour la santé physique et mentale des femmes et la liberté de reproduction. Le tribunal force-t-il la femme à se soumettre à l’homme pour avoir un garçon afin d’augmenter le taux de fécondité ? »

Le régime chinois ignore les droits des femmes

La décision du tribunal local de Hunan n’est malheureusement pas un cas isolé. Le régime communiste bafoue depuis longtemps les droits des femmes, qu’il considère comme des instruments d’accouchement qu’il peut contrôler afin de moduler le nombre de naissances, conformément aux exigences de ses agences centrales de planification.

Mme Liu a fui la Chine pour échapper à un avortement forcé. Elle a donné naissance à son bébé à Los Angeles le 2 décembre 2011. (Jenny Liu/Epoch Times)

Entre 1979 et 2013, le régime chinois a mené sa politique inhumaine de l’enfant unique. Cette politique de contrôle de la population a conduit à plus de 330 millions d’avortements en quatre décennies. Les femmes ont également été soumises à des stérilisations forcées, à des avortements forcés et au meurtre de leurs enfants nés, entraînant une crise démographique qui menace aujourd’hui l’existence même de la Chine.

Des rapports ont également fait état de l’ampleur alarmante de la traite des femmes et des jeunes filles en Chine.

Ces dernières années, le cas d’une femme enchaînée dans un hangar à Xuzhou, dans la province orientale de Jiangsu, a été particulièrement horrible.

Au cours des vingt dernières années, cette femme a été violée à plusieurs reprises par Dong Zhimin (un villageois local qui serait son mari légal), le père de Dong et le frère de Dong. Lorsqu’elle est arrivée dans le village, les fonctionnaires locaux l’ont également violée « parce qu’elle était belle ».

Les personnes qui ont pris la défense de la femme enchaînée ont été réduites au silence, assignées à comparaître par la police ou ont dû fuir la Chine pour leur sécurité.

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