À moins d’avoir exclu le bœuf de vos assiettes, vous avez déjà sûrement dû consommer de la viande tuberculeuse. Selon des révélations du Canard enchaîné parues dans l’édition du mercredi 25 octobre, chaque année, les exploitations françaises compteraient 8000 vaches diagnostiquées positives à la tuberculose, leurs viandes seraient ensuite revendues dans les rayons des supermarchés. Soit l’équivalent de 3000 tonnes de viande bovine.
La tuberculose bovine, (Mycobacterium bovis) peut être transmise à l’homme, mais ces cas sont rarissimes car ils doivent réunir certaines conditions. D’après les autorités sanitaires françaises, plus de 99% des cas de tuberculose en France sont dus à la souche humaine de la maladie, et non à sa version bovine. Même son de cloche pour les autorités européennes, qui stipulent que les carcasses sont sans danger pour l’homme.
« Lorsqu’une lésion tuberculeuse a été retrouvée dans les ganglions lymphatiques d’un seul organe ou partie de la carcasse, seuls l’organe ou la partie de carcasse infectée doivent être déclarées impropres à la consommation », stipule le règlement 854/2004, qui encadre la question. Les animaux diagnostiqués positifs sont donc soumis à une inspection post-mortem et les parties présentant des risques de contamination sont écartées.
Ces révélations n’en sont pas à proprement parler : en 2013, outre Manche, le Sunday Times pointait que 28 000 bêtes avaient été testées positives et ensuite offertes au consommateur chaque année. Interrogé par la presse, le grossiste ABP reconnaissait que la viande était « exportée sous formes de carcasses à divers clients en Europe ».
Pas de quoi crier au scandale, donc ? Certains points font encore l’objet de contestations. Par exemple, le consommateur n’est pas du tout averti, aucun étiquetage particulier n’est apposé sur l’emballage. D’après le Canard enchaîné, la viande issue de bœufs tuberculeux serait « vendue en barquettes ‘premier choix' ». Car « la quasi-totalité des bovins exécutés pour cause de tuberculose sont, en effet, des races à viande ». Et ces dernières sont proposées plus cher en rayon que la vulgaire vache qui a fourni du lait pendant une décennie.
Autre problème : les agriculteurs dénoncent les pratiques industrielles autour de la question. D’après Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne, les grossistes achètent à bas prix la viande à l’agriculteur, sachant que ce dernier recevra une indemnisation de l’État. Mais ils la revendent au même prix. « Ils utilisent leurs indemnisations versées par l’État pour tirer encore un peu plus vers le bas les prix du marché », indique-t-il.
En 2013, la viande bovine tuberculeuse d’origine anglaise avait fait parler d’elle en d’autres termes. Les grandes enseignes comme les supermarchés Tesco, Waitrose, Burger King, ou Mac Donald avaient refusé d’acheter cette viande. Celle-ci s’était finalement écoulée… dans les restaurants hospitaliers et cantines scolaires. « C’est surréaliste », commentait alors Laurent Pinatel. « Cette pratique devrait être immédiatement arrêtée. Il est bizarre qu’une agence publique soit impliquée là-dedans. Comme pour le scandale de la viande de cheval, le principe de précaution devrait s’appliquer lorsqu’il s’agit d’alimentation et de santé », plaidait-il.
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