Il est le président qui « tweete plus vite que son ombre », mais en posant le pied mercredi à Pékin, Donald Trump va se retrouver à l’ombre de la « Grande muraille électronique » chinoise, derrière laquelle un message « diffamatoire » (entendre qui déplait à Pékin) sur les réseaux sociaux peut valoir la prison.
Twitter, mais aussi Facebook et Google, sont bannis en Chine, où le régime communiste censure scrupuleusement les contenus diffusés sur internet. La répression s’est encore accrue ces derniers mois, avec la fermeture de blogs de stars de la Toile et des enquêtes ouvertes pour « obscénité » contre certaines plateformes chinoises.
Interrogé sur le fait de savoir si le président des États-Unis pourrait tweeter pendant sa visite, le vice-ministre chinois des Affaires étrangères Zheng Zeguang a répondu vendredi à la presse: « Les moyens de communication du président Trump avec l’extérieur ne doivent pas être pour vous un sujet de préoccupation ».
S’il a fréquemment utilisé sa messagerie fétiche depuis son élection il y a un an pour dénoncer l’excédent commercial chinois ou l’inaction supposée de Pékin face à la Corée du Nord, M. Trump n’a en revanche guère évoqué la situation des droits de l’Homme en Chine.
En vertu d’une loi adoptée par Pékin en 2013, les internautes peuvent être passibles de trois ans de prison pour un message « diffamatoire » rediffusé plus de 500 fois. La loi prévoit aussi la prison pour un tel message vu plus de 5.000 fois.
Une loi de 2016 interdit la publication de contenus portant atteinte à « l’honneur national », « troublant l’ordre économique ou social » ou destinés à « renverser le système socialiste ».
Récemment, plusieurs grands groupes technologiques chinois ont été mis à l’amende pour n’avoir pas d’eux-mêmes éliminé des contenus illégaux tels que pornographie ou violence.
Comme tout visiteur étranger, Donald Trump devrait pouvoir continuer à tweeter en Chine à condition de payer des frais d’itinérance.
« Mais tout dépend de la politique des autorités chinoises. Si elles décident d’interdire l’itinérance, elles peuvent le faire », avertit James Gong, expert du droit d’internet au cabinet d’avocats Herbert Smith Freehills.
« Quand on est président, ça ne devrait pas poser de problème. Donald Trump ne peut pas vivre sans Twitter », observe-t-il.
Les téléphones en itinérance utilisent l’infrastructure locale, ce qui soulève la question de la confidentialité des conversations. Mais M. Trump utilise vraisemblablement une technologie ultra-sécurisée.
Le milliardaire pourrait toutefois utiliser un autre appareil que son téléphone habituel pendant son séjour en Chine, pour ne pas tenter d’éventuels pirates.
« Les hauts responsables américains sont vraisemblablement très bien préparés pour voyager à l’étranger avec des communications sécurisées, tout comme les Chinois quand ils vont à l’étranger », observe M. Smith.
S’ils veulent pouvoir passer au dessus de la Grande muraille, les internautes doivent recourir à un VPN, un réseau privé virtuel, qui permet d’accéder aux sites bloqués en Chine. Mais Pékin a averti en début d’année que ces logiciels allaient être soumis à autorisation, faisant craindre une interdiction pure et simple.
Les téléphones utilisant un VPN sont « généralement » à l’abri des pirates informatiques, estime Charlie Smith, cofondateur du mouvement anti-censure Greatfire.org.
« Comme vous le savez, chaque jour, presque toutes les communications mobiles sont contrôlées en Chine et des dizaines de milliers de personnes sont sous étroite surveillance », explique-t-il à l’AFP.
La Chine dispose de sa version nationale de Twitter, Weibo, une plateforme de microblogs qui revendique plus de 300 millions d’utilisateurs actifs chaque mois.
Les weibonautes semblaient plutôt tièdes à l’égard de la visite de Donald Trump. L’un d’entre eux à diffusé un tableau montrant le niveau de pollution à Pékin, pour se demander si le président américain allait regretter d’avoir quitté l’accord de Paris sur le climat.
Mais les Chinois doivent faire attention à ce qu’ils écrivent. L’an dernier, un homme a écopé d’un an de prison pour avoir critiqué la réforme agraire sur un compte Weibo de la police routière.
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