Donald Trump a promis vendredi de répondre avec force aux nouveaux droits de douane imposés par Pékin, sur un ton faisant craindre que la guerre commerciale qui pèse déjà sur l’économie mondiale ne s’enflamme encore davantage.
« Je répondrai aux droits de douane de la Chine cet après-midi », a lancé M. Trump dans une série de tweets. Le ton du président a fortement inquiété les marchés. Wall Street est parti en forte baisse au fur et à mesure que le président laissait éclater sa colère sur Twitter et le Dow Jones perdait 2% vers 17H30 GMT. Les places européennes ont également très mal réagi.
La Chine a annoncé son intention d’imposer de nouveaux droits de douane sur 75 milliards de dollars d’importations en provenance des Etats-Unis, en représailles aux taxes douanières supplémentaires que prévoit d’instaurer prochainement Washington.
« Nous n’avons pas besoin de la Chine et, franchement, on se porterait bien mieux sans eux », a écrit le locataire de la Maison Blanche. Evoquant « les énormes sommes d’argent volées par la Chine aux Etats-Unis », il a répété sa détermination à y mettre fin.
Our Country has lost, stupidly, Trillions of Dollars with China over many years. They have stolen our Intellectual Property at a rate of Hundreds of Billions of Dollars a year, & they want to continue. I won’t let that happen! We don’t need China and, frankly, would be far….
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 23 août 2019
Dans cette série de messages, Donald Trump « ordonne » par ailleurs aux sociétés américaines de produire ailleurs qu’en Chine, sans préciser par quels moyens il entend contraindre des groupes privés à suivre ses instructions.
« J’ordonne à nos merveilleux groupes américains de commencer immédiatement à chercher des alternatives à la Chine, y compris de rapatrier vos sociétés et de fabriquer vos produits aux Etats-Unis, » a-t-il ajouté.
Les entreprises américaines sont engagées massivement en Chine depuis plusieurs décennies, soit sous forme d’investissements directs, de chaînes de production ou simplement comme clients ou fournisseurs.
Depuis un an que M. Trump a déclenché son combat à coups de tarifs douaniers punitifs contre les pratiques commerciales de l’Empire du Milieu, qu’il juge « déloyales », nombre d’entreprises américaines ont cherché des alternatives dans des pays voisins à bas coûts, mais la transition est coûteuse, et les infrastructures souvent insuffisantes.
Depuis le début de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, Washington a imposé des taxes douanières supplémentaires sur l’équivalent de 250 milliards de dollars de biens chinois importés.
Insatisfait des avancées des négociations entre les deux partenaires commerciaux et se jugeant trompé par son homologue Xi Jinping, M. Trump a annoncé le 13 août que les 300 milliards de dollars de produits importés de Chine qui avaient jusque-là échappés à l’affrontement allaient être taxés à 10% à partir du 1er septembre. Il a ensuite repoussé la taxation au 15 décembre pour bon nombre de produits de grande consommation et éviter ainsi de gâcher le Noël du consommateur américain.
C’est à ce nouveau coup qu’a réagi Pékin vendredi avec des mesures reflétant les représailles américaines, mais sur seulement 75 milliards de dollars de produits importés des Etats-Unis. Les Chinois ont aussi rétabli une taxe de 25% sur les importations automobiles américaines.
La guerre commerciale entre les deux premières économies du monde crée énormément d’incertitude dans le monde entier, au point de peser sur la croissance à un moment ou l’Europe est fragilisée sous le double coup de crises politiques en Italie et au Royaume-Uni et d’une Allemagne au bord de la récession.
Le président de la Banque centrale américaine, Jerome Powell, a fait écho aux inquiétudes vendredi matin. Il a souligné que si les perspectives économiques américaines restaient favorables, les tensions commerciales semblaient en revanche « jouer un rôle dans le ralentissement mondial et la faiblesse du secteur manufacturier et des investissements des entreprises aux Etats-Unis ». Dans ce contexte, le patron de la Fed a cependant prévenu que la politique monétaire n’avait « pas de mode d’emploi » tout prêt.
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