INTERNATIONAL

Trump reçoit le pasteur libéré et salue un « pas énorme » pour les relations avec Ankara

octobre 13, 2018 22:29, Last Updated: octobre 13, 2018 22:32
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Donald Trump a reçu samedi à la Maison Blanche le pasteur américain Andrew Brunson au lendemain de sa libération par la Turquie, saluant un « pas énorme » pour améliorer les relations « très tendues » avec Ankara après une grave crise diplomatique. Dans le Bureau ovale, aux côtés de l’ex-détenu au cœur d’un bras de fer sans précédent entre les deux pays alliés, le président des Etats-Unis a remercié de manière appuyée son homologue turc Recep Tayyip Erdogan « pour avoir rendu cela possible ».

« Ce n’était pas facile pour lui », a-t-il estimé. S’il a réaffirmé qu’il n’y avait eu aucun « accord » avec les autorités turques pour obtenir cette libération, Donald Trump a promis d’étudier l’avenir des sanctions imposées durant l’été pour faire pression sur elles. « Le seul accord » est « psychologique: nous sommes disposés très différemment aujourd’hui  à l’égard de la Turquie », a-t-il lâché sans plus de précisions.

Un peu plus tôt, il avait estimé sur Twitter que cela allait même « conduire à des relations bonnes, voire excellentes », s’attirant une réponse relativement froide du président turc qui s’est borné à appeler de ses vœux une bonne « coopération » après avoir mis en avant l’indépendance de la justice de son pays. Arrivé à Washington samedi au terme d’une longue détention et après une brève escale en Allemagne, le pasteur Brunson a vivement remercié le président Trump, son administration et de nombreux parlementaires américains qui se sont mobilisés en sa faveur.

Genou à terre et la main sur l’épaule du président, il a tenu à dire une prière pour Donald Trump, qui avait fait de sa libération une priorité et peut donc savourer une victoire qui devrait satisfaire la partie évangélique de son électorat, à moins d’un mois d’élections législatives délicates pour son camp républicain. « J’en ai besoin plus que quiconque », a souri le milliardaire.

Le tribunal turc d’Aliaga, dans la région d’Izmir, a condamné vendredi le pasteur à trois ans et un mois de prison pour soutien à des « organisations terroristes » – les séparatistes du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, accusé par Ankara d’avoir orchestré le putsch manqué de 2016.

Des accusations rejetées en bloc par cet homme de 50 ans, qui dirigeait une petite église protestante d’Izmir. Malgré cette condamnation, la justice turque l’a remis en liberté immédiatement en soulignant notamment qu’il avait déjà passé un an et demi en prison et plus de deux mois en résidence surveillée. La crise diplomatique alimentée par cette affaire entre ces deux pays alliés au sein de l’Otan a provoqué un effondrement en août de la livre turque et mis en lumière les fragilités de l’économie turque, lorsque Washington a haussé le ton et imposé des sanctions.

Après cette escalade, les deux camps avaient semblé jouer l’apaisement, donnant l’impression qu’une sortie de crise était négociée en coulisses. Ce dénouement devrait permettre de retrouver un peu de sérénité au moment où les deux gouvernements ont besoin de coopérer pour faire la lumière sur la disparition à Istanbul du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, mais surtout au sujet du conflit syrien qui envenime également leurs relations depuis plusieurs mois.

Selon un diplomate occidental, alors que les Turcs sont dans une situation délicate face au risque d’une bataille d’envergure à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie frontalier de la Turquie, les Américains rechignaient à afficher leur soutien diplomatique en attendant la libération du pasteur, de peur de relâcher la pression.

Pour autant, les contentieux ne sont pas tous dissipés. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a appelé Ankara à « libérer rapidement » les autres Américains toujours détenus en Turquie ainsi que des employés locaux de la diplomatie américaine. Le sort du prédicateur Gülen, installé aux Etats-Unis et dont Ankara réclame jusqu’ici en vain l’extradition, est un autre dossier qui mine les relations.

Tout comme celui de la banque publique turque Halkbank, qui risque une amende colossale aux Etats-Unis et dont l’ex-directeur général adjoint Mehmet Hakan Atilla a été condamné en mai à 32 mois de prison par la justice américaine pour contournement des sanctions américaines contre l’Iran. La Turquie s’expose enfin à des mesures punitives américaines si elle mène à leur terme deux projets controversés: la poursuite d’importations de pétrole iranien après l’application de nouvelles sanctions des Etats-Unis en novembre et l’acquisition de systèmes de défense antiaérienne S-400 russes.

D.C avec AFP

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