Le président des États-Unis, Donald Trump, au nom de la « sécurité nationale », s’est opposé mercredi au rachat du fabricant américain de semi-conducteurs Lattice par un groupe chinois – s’attirant une vive réprimande de Pékin, qui cherche à muscler ses technologies dans ce secteur clé.
Le fonds d’investissement Canyon Bridge, appuyé par un groupe étatique chinois, était en négociations pour le rachat pour environ 1,3 milliard de dollars (environ 1,1 milliard d’euros) de Lattice Semiconductor Corporation.
M. Trump estime « que la transaction pose un risque pour la sécurité nationale des États-Unis », a indiqué le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin.
Lattice, qui fabrique des composants programmables pour les marchés de la communication mais aussi pour des produits industriels avec d’éventuelles applications militaires, a confirmé peu après que l’opération était abandonnée.
La Maison blanche a suivi l’avis du Comité sur les investissements étrangers aux États-Unis (CFIUS), une instance présidée par le Trésor, qui examine les acquisitions étrangères d’entreprises américaines jugées sensibles.
La décision n’est pas sans précédent : Barack Obama, le prédécesseur de Donald Trump, avait déjà invoqué l’an dernier des « risques pour la sécurité nationale » pour bloquer un projet d’acquisition chinoise dans le secteur des semi-conducteurs.
Alors que le fonds chinois Grand Chip s’apprêtait à racheter l’industriel Aixtron, basé en Allemagne, le président Obama avait émis début décembre un décret interdisant le rachat de la filiale américaine d’Aixtron, faisant du coup capoter l’opération.
En cause, le fait qu’Aixtron produisait des composants destinés au marché des semi-conducteurs, mais susceptibles d’avoir des usages militaires. Le chinois Tsinghua Unigroup avait lui-même connu un cuisant échec en essayant en 2015 de racheter l’américain Micron Technology.
Déséquilibre des échanges commerciaux sino-américains
Dans le cas de Lattice, le risque pour la sécurité nationale « est lié (…) au transfert potentiel de propriété intellectuelle à l’acquéreur étranger, au rôle du gouvernement chinois dans cette opération, à l’importance de garantir la fourniture de ces semi-conducteurs au gouvernement américain », précise le Trésor.
Canyon Bridge est financé par une filiale de China Venture Capital Fund Corp (CVCF), une entité étatique chinoise.
Le veto au rachat de Lattice, qui résulte selon le Wall Street Journal d’une implication personnelle de Donald Trump dans le dossier, a été vivement condamné jeudi par Pékin.
Donald Trump dénonce volontiers le déséquilibre des échanges commerciaux sino-américains, et Washington multiplie les enquêtes sur les pratiques commerciales du régime communiste, accusées d’avantager les entreprises chinoises.
Ce à quoi s’ajoute des pressions pour que la Chine resserre davantage l’étau autour de la Corée du Nord, dont elle est le principal allié.
D’autres projets d’acquisitions chinoises sont en cours d’examen à Washington, notamment la proposition par Ant Financial – émanation du géant du commerce en ligne Alibaba – de racheter le spécialiste américain des transferts d’argent MoneyGram.
Trop d’investissements chinois dans l’industrie américaine
« Le gouvernement américain s’inquiète depuis des années des investissements chinois, en particulier dans l’industrie américaine des semi-conducteurs », rappelle Lawrence Ward, du cabinet juridique Dorsey&Whitney, dans un commentaire jeudi.
« Mais il serait prématuré de penser que l’administration Trump adopte une approche plus drastique (qu’auparavant) vis-à-vis des investisseurs chinois dans l’ensemble des secteurs. Seul le temps le dira », tempère-t-il.
Les investissements chinois aux États-Unis ont fortement progressé ces dernières années, totalisant 46 milliards de dollars (environ 38,5 milliards d’euros) l’an dernier, Pékin encourageant ses entreprises à s’assurer à l’étranger des technologies et de nouveaux marchés.
Dans le même temps, Pékin ambitionne de développer au maximum l’industrie locale des semi-conducteurs, pour réduire la dépendance de la Chine vis-à-vis des onéreuses importations de composants venus des États-Unis.
Premier consommateur mondial de puces, le géant asiatique rêve ouvertement de concurrencer à terme l’Amérique sur ce terrain, et de produire lui-même une majorité des semi-conducteurs dont il a besoin.
Tsinghua Unigroup, un groupe étatique, a ainsi annoncé des investissements de plusieurs dizaines de milliards de dollars dans la production de puces mémoires et multiplie les recrutements de talents étrangers.
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