Tuer les cellules cancéreuses en les affamant

Par Health 1+1
24 mai 2022 10:03 Mis à jour: 28 avril 2023 21:11

Tout comme l’homme survit grâce à la nourriture, les cellules cancéreuses survivent grâce au sucre.

Il y a environ un siècle, Otto Warburg, célèbre physiologiste allemand, a découvert que les cellules cancéreuses sont très dépendantes du sucres.

Les cellules normales dépendent de l’oxygène pour leur croissance. Les cellules cancéreuses, en revanche, se développent en dévorant de grandes quantités de glucose, même dans un environnement riche en oxygène. Ce phénomène se produit dans 80 % des cancers.

La voie métabolique par laquelle les cellules cancéreuses utilisent le sucre comme source d’énergie est appelée la glycolyse. Ce phénomène est connu sous le nom d’effet Warburg.

Les cellules cancéreuses consomment 100 fois plus de sucre que les cellules des tissus normaux

Le métabolisme et le taux de croissance des cellules cancéreuses sont beaucoup plus rapides que ceux des cellules normales, et leur consommation de sucre est également plus rapide que nous pouvons l’imaginer. On peut dire que les cellules cancéreuses ont constamment soif de sucre.

Dans un article publié en 2014 dans BMC Biology, des scientifiques américains ont montré que de nombreuses cellules cancéreuses choisissent spécifiquement le glucose comme nourriture et le consomment 50 à 100 fois plus vite que les tissus normaux.

Les cellules cancéreuses absorbent désespérément le sucre et le consomment rapidement afin de croître, de se multiplier et de se propager rapidement.

Le sucre peut produire des glucides, des protéines et des graisses, qui sont pour les cellules comme des briques, du ciment et des matériaux isolants avec lesquels on construit des maisons. En outre, le sucre produit également de l’ADN et de l’ARN pour les cellules, qui constituent leur plan génétique.

Inspirés par l’effet Warburg, les scientifiques ont développé une nouvelle méthode de diagnostic du cancer : la tomographie par émission de positrons (TEP), couramment appelée PETscan.

Quelle est la différence entre un scanner et un PETscan ? Le scanner permet de visualiser des masses ou tumeurs très petites (inférieures à 3 mm), sans identifier la nature de ces masses détectées, alors que le PETscan permet de trouver des cellules qui consomment beaucoup de sucre.

Cette technique consiste à injecter au patient un agent de contraste (généralement du fluorodésoxyglucose) et à attendre environ une heure pour qu’il entre dans le système métabolique de l’organisme, après quoi des scans d’imagerie sont réalisés. Lorsque le glucose est concentré dans une certaine zone du corps, l’image de cette zone devient plus brillante.

Par exemple, lorsqu’un patient est examiné pour un cancer du pancréas, un pancréas normal ne s’illumine pas sur les images. Cependant, lorsque certaines parties du pancréas deviennent plus lumineuses, cela signifie qu’il y a cancer.

Un régime alimentaire riche en sucre augmente le risque de nombreux cancers

Le terme « cancer » ne désigne pas une maladie unique. C’est un terme générique qui englobe un ensemble de maladies qui ont des propriétés similaires. Il est des cas où le cancer causé par la mutation de certains gènes, et d’autres, par un dérèglement métabolique dû à un dysfonctionnement mitochondrial des cellules. Le cancer apparaît souvent dans des zones de métabolisme plutôt intense.

Comme les cellules cancéreuses préfèrent le métabolisme glycolytique comme source d’énergie, une consommation élevée de sucre peut entraîner une croissance et une propagation plus rapides du cancer. Cela explique pourquoi de nombreuses données épidémiologiques montrent que les personnes atteintes de diabète sont plus susceptibles de développer un cancer, en particulier des cancers du sein, du côlon, de la prostate, du foie et du pancréas.

Un nombre croissant d’études ont établi une corrélation directe entre la consommation de sucre et l’augmentation du risque de cancer.

Aux États‑Unis, des chercheurs ont suivi 3 184 patients âgés de 26 à 84 ans de 1991 à 2013 et ont constaté qu’une consommation plus importante de jus de fruits augmentait le risque de cancer de la prostate de 58 % et qu’une consommation plus importante de boissons sucrées augmentait le risque de cancers liés à l’obésité de 59 % chez les sujets présentant une obésité trop centrale.

Une étude de cohorte épidémiologique suédoise portant sur plus de 60 000 femmes a découvert que les personnes consommant des régimes à indice glycémique alimentaire élevé, à charge glycémique élevée et à forte consommation de glucides étaient plus susceptibles de développer un cancer du sein. En outre, les femmes du groupe ayant la plus forte consommation de sucre (plus de 35 g de saccharose par jour, plus la consommation de pain et de biscuits sucrés plus de trois fois par semaine) présentaient un risque significativement plus élevé de cancer de l’endomètre.

Plusieurs chercheurs américains ont mené conjointement une évaluation systématique de 37 études prospectives sur le sucre et le risque de cancer publiées dans des revues faisant autorité entre 1990 et 2017. D’après les résultats, une consommation élevée de sucre peut augmenter le risque de cancer en favorisant le dérèglement insulino‑glucosique, le stress oxydatif, l’inflammation et l’obésité. Parmi elles, deux études sur les sucres ajoutés ont montré qu’une consommation élevée de sucre augmentait le risque de cancer de 60 % à 95 %. Sur 15 études portant sur les aliments et les boissons sucrés, huit ont montré que plus la consommation de boissons sucrées est élevée, plus le risque de cancer est important, avec une augmentation de 23 % à 200 %.

En outre, la consommation d’une quantité excessive de sucre augmente également la mortalité par cancer.

Dans une étude publiée dans la revue Clinical Nutrition, des chercheurs ont suivi 7 447 personnes testées pendant plusieurs années afin d’examiner l’association entre la consommation de sucre et l’incidence du cancer, la mortalité par cancer et la mortalité totale. Ils ont constaté que pour chaque augmentation de 5 grammes par jour de la consommation de sucre liquide, l’incidence du cancer augmentait de 8 %. En outre, la consommation de sucre simple provenant de boissons et de jus de fruits était associée à un risque accru de mortalité globale par cancer et de mortalité toutes causes confondues.

Au‑delà de la suppression des sucres

Si les cellules cancéreuses dépendent du sucre, est-il possible les faire mourir de faim en supprimant complètement les glucides et le sucre?

Malheureusement, ce n’est pas la bonne solution.

En effet, les fonctions de notre corps sont extrêmement sophistiquées et complexes. Si nous supprimons simplement le sucre et les glucides, le corps se tournera rapidement vers d’autres substances pour maintenir le métabolisme et la survie. Cela est particulièrement vrai pour les cellules cancéreuses. Et ceux qui ont subi des traitements spécifiques contre le cancer doivent consommer des quantités adéquates de nutriments, y compris des glucides, pour aider leur corps à se rétablir davantage.

Il est toutefois possible d’empêcher les cellules cancéreuses de manger du sucre et de consommer de l’énergie grâce à des traitements spécifiques.

Sophia Lunt, professeur associé de biochimie et de biologie moléculaire à l’université d’État du Michigan, a donné une conférence Tedx pour présenter au public une nouvelle orientation prometteuse dans la thérapie du cancer, qui consiste à traiter le cancer en affectant le métabolisme des cellules cancéreuses.

En bloquant plusieurs gènes impliqués dans le métabolisme des cellules cancéreuses, le Dr Lunt a tenté de couper plusieurs voies qui favorisent la croissance et le métabolisme des cellules cancéreuses en même temps, afin de stopper la croissance des cellules cancéreuses. Heureusement, les cellules normales peuvent continuer à se développer pendant ce processus.

Cependant, le processus est très compliqué. Au cours de son exposé, le Dr Lunt a présenté à l’auditoire une image en forme de labyrinthe du mécanisme métabolique des cellules cancéreuses. Elle a ajouté que ce schéma avait déjà été simplifié.

Selon le Dr Lunt, il est nécessaire d’identifier les principales voies métaboliques des cellules cancéreuses, puis de comprendre le rôle spécifique de chaque voie métabolique, et enfin de développer un traitement personnalisé basé sur les gènes, le régime alimentaire et le milieu de vie du patient.

On peut dire que le contrôle du métabolisme des cellules cancéreuses est une nouvelle direction prometteuse pour le traitement du cancer à l’avenir.

Le Dr Lunt a mentionné dans son discours qu’il existe de nombreux types de cancer, mais qu’ils ont tous une chose en commun : le besoin de manger. Elle estime qu’il est possible d’affamer les cellules cancéreuses.

Restriction de la consommation de sucre

Bien que nous ne puissions pas éliminer complètement le sucre et les glucides de notre alimentation, nous pouvons prévenir le cancer en consommant le sucre correctement.

Il est question de contrôler la proportion de glucides dans l’alimentation : les glucides sont un terme générique désignant les monosaccharides, les disaccharides et les polysaccharides (comme l’amidon). Après avoir été consommé, l’amidon est décomposé en glucose.

Notre organisme a besoin de glucides, mais une alimentation riche en sucre et en glucides est dangereuse, tant pour les personnes en bonne santé que pour les patients atteints de cancer.

Pour réduire l’incidence du cancer, nous pouvons utiliser la « méthode de l’assiette » pour contrôler la proportion de glucides dans chaque repas.

Avec la méthode de l’assiette, un repas typique est représenté par la quantité d’aliments dans l’assiette. Nous devons remplir un quart de l’assiette avec des aliments riches en glucides, un autre quart avec des protéines et la seconde moitié avec des légumes (aussi bas que possible sur l’indice glycémique). Au milieu de l’assiette, des aliments riches en graisses saines, comme l’avocat.

Il faut choisir des glucides complexes : les glucides complexes sont les fibres alimentaires et l’amidon. L’amidon, qui n’est pas rapidement digéré par l’organisme, comprend les haricots, les céréales complètes et les patates douces. Ils ne sont pas rapidement transformés en sucre dans l’organisme et sont extrêmement riches en nutriments divers.

En raison de la transformation profonde, les ratios de fibres, de vitamines, de minéraux et de protéines dans les glucides raffinés diminuent. Une fois dans l’organisme, ils sont rapidement décomposés en grandes quantités de glucose. Les glucides raffinés typiques sont les pâtes et le pain à base de farine fine, ainsi que les produits de boulangerie, comme les gâteaux et les biscuits.

Nous devrions manger moins de glucides raffinés. Nous pouvons remplacer la moitié de notre riz blanc par du riz brun ou du riz mélangé, remplacer les pains blancs par des pains de blé entier, ou utiliser occasionnellement du maïs cuit à la vapeur, des patates douces, des citrouilles ou des taros comme aliments de base.

Nous devons limiter notre consommation de sucre, en particulier de sucre raffiné. Il est préférable de manger des fruits à faible indice glycémique plutôt que de boire des jus de fruits. Nous devons également éviter de manger des aliments à forte teneur en sucre ajouté. Si nous voulons ajouter du sucre à nos aliments, nous pouvons remplacer le sucre blanc cristallisé par des substituts naturels du sucre, comme la stévia et les édulcorants à base de fruits de moine. Cependant, nous ne devons pas utiliser d’édulcorants synthétiques comme substituts du sucre, car ils peuvent endommager les probiotiques de nos intestins et nuire à notre santé.

Lorsque nous cuisinons, nous devons utiliser des herbes et des épices qui ont un effet hypoglycémiant, comme le fenugrec, les oignons, l’ail, les échalotes, la ciboulette, la cannelle, les feuilles de laurier et les clous de girofle.

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