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Turquie: recomptage à Ankara et Istanbul, Erdogan se plaint d’ingérence

avril 6, 2019 0:20, Last Updated: avril 5, 2019 22:55
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé vendredi l’Europe et les Etats-Unis d’« intervenir » dans les affaires de la Turquie, après leurs commentaires sur les élections municipales de dimanche, qui mettent son parti en danger de perdre Istanbul et Ankara.

« L’Amérique et l’Europe, qui interviennent dans nos affaires intérieures, devraient rester à leur place », s’est emporté M. Erdogan, qui s’exprimait publiquement pour la première fois depuis dimanche soir. Si le Parti de la justice et du développement (AKP) de M. Erdogan est arrivé en tête de ce scrutin à l’échelle nationale, il a, selon des résultats provisoires, perdu Ankara et Istanbul, les deux villes les plus importantes du pays, contrôlées par les islamistes depuis 25 ans.

L’AKP a déposé des recours auprès des autorités électorales dans plusieurs villes, dénonçant des « irrégularités flagrantes » et estimant que de nombreuses voix avaient été indûment comptabilisées comme nulles, pénalisant selon lui ses candidats. « La décision finale sera prise par le Haut comité électoral », a insisté M. Erdogan, soulignant que les recours sont un droit et qu’il en existe aussi en Europe et aux Etats-Unis.

Interrogé au sujet des recours déposés mardi par l’AKP, le porte-parole du département d’Etat américain Robert Palladino a souligné qu’« accepter les résultats d’élections légitimes est essentiel ». Côté européen, une mission d’observation du Congrès des pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe a déclaré lundi ne pas être « pleinement convaincue que la Turquie dispose actuellement de l’environnement électoral libre et équitable nécessaire à la tenue d’élections véritablement démocratiques ».

Et Maja Kocijancic, porte-parole de la cheffe de la diplomatie de l’UE Federica Mogherini, a déclaré lundi attendre « que les représentants locaux élus (dimanche) soient capable d’exercer librement leur mandat ».  La course est surtout disputée à Istanbul, dont M. Erdogan a lui-même été maire dans les années 1990 et où le candidat de l’opposition, Ekrem Imamoglu, dit avoir encore un peu plus de 18.000 voix d’avance sur son concurrent de l’AKP, Binali Yildirim.

L’écart se resserrait puisqu’il en avait encore près de 19.000 le matin même, mais cela restait une goutte d’eau à l’échelle d’une ville de 15 millions d’habitants.  Le recomptage « devait être terminé d’ici la fin du weekend », a déclaré vendredi matin M. Imamoglu lors d’une interview sur la chaîne Fox Haber, assurant qu’il maintiendrait une avance de 18.000 à 20.000 voix une fois le recomptage des voix terminé.

Les branches locales du Haut comité électoral (YSK) avaient jusqu’à jeudi pour procéder à un premier recomptage des voix, mais la procédure de recours se poursuivait vendredi, auprès cette fois-ci des branches provinciales du YSK. Des appels sont possibles jusqu’au 10 avril. L’AKP a annoncé dans l’après-midi avoir demandé un recompte des voix dans l’ensemble des districts d’Ankara et a confirmé la poursuite du recomptage dans les différents districts d’Istanbul, de tous les bulletins dans certains, des bulletins comptabilisés comme nuls seulement dans d’autres.

Sans attendre les résultats définitifs, M. Imamoglu se présente d’ores et déjà comme le « maire d’Istanbul » et multiplie les interventions médiatiques. Le parti prokurde HDP a appuyé les candidats du CHP en ne présentant pas de candidat dans l’ouest du pays afin d’éviter la dispersion des voix anti-Erdogan. Mais dans le sud-est à majorité kurde du pays, le HDP a récupéré plusieurs villes comme Diyarbakir et Van où ses maires avaient été remplacés par des administrateurs publics nommés par le gouvernement dans un contexte de pressions croissantes contre ce parti depuis 2016.

En revanche, le HDP déplorait vendredi dans un communiqué le fait qu’aucun de ses recours n’ait été accepté par les branches locales du YSK, « même quand la marge de victoire était de quelques bulletins et qu’il y avait de nombreux votes comptabilisés comme nuls ». M. Erdogan accuse régulièrement le HDP d’être la vitrine politique du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un groupe considéré comme « terroriste » par la Turquie, les Etats-Unis et l’Union européenne.

D.C avec AFP

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