Une employée du principal parti prokurde de Turquie, le HDP, a été tuée jeudi dans une attaque menée par un homme armé contre un de ses bureaux à Izmir (ouest), a indiqué la formation.
« Un assaillant armé d’un fusil a attaqué notre bureau à Izmir », a annoncé le parti dans un communiqué posté sur Twitter. « Notre collègue, Deniz Poyraz, a été tuée dans cette attaque ».
Le bureau du gouverneur d’Izmir a affirmé que l’auteur de l’attaque, « un employé démissionnaire du secteur de la santé », a été arrêté.
Le HDP a accusé le gouvernement et le parti au pouvoir, l’AKP du président Recep Tayyip Erdogan, d’être les « instigateurs de cette attaque brutale » en raison de leur violente rhétorique conte la formation pro-kurde qu’ils s’efforcent de faire interdire par la justice.
Le HDP « bête noire du président Erdogan »
« Ils ont tué ma fille », a déclaré la mère éplorée de la victime dans une vidéo postée sur Twitter par le HDP, qui a appelé à des manifestations contre l’attaque à Izmir et à Istanbul.
La Cour constitutionnelle de Turquie avait retardé fin mars l’examen d’une demande d’interdiction du HDP, accusée d’activités « terroristes », en raison de « vices de procédure », renvoyant le dossier au procureur pour un supplément d’information.
Un nouvel acte d’accusation a été soumis en juin à la Cour qui doit l’examiner dans les prochains jours.
Troisième formation politique du pays, le HDP a qualifié de « putsch politique » la demande de son interdiction.
Bête noire du président Erdogan, le HDP fait l’objet d’une répression implacable depuis 2016, année où son charismatique chef de file, Selahattin Demirtas, a été emprisonné en dépit des protestations européennes.
Classé comme groupe terroriste par Ankara
Le chef de l’Etat turc accuse régulièrement le HDP d’être la « vitrine politique » du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), classé comme groupe terroriste par Ankara et ses alliés occidentaux et qui livre une guérilla sanglante contre l’Etat turc depuis 1984 dans le sud-est du pays.
Les critiques contre le HDP ont redoublé d’intensité après une intervention militaire turque avortée visant à secourir 13 otages aux mains du PKK en Irak et qui s’est soldée par la mort de tous les prisonniers mi-février.
Le HDP, qui rejette fermement les accusations d’« activités terroristes », se dit victime de persécution en raison de son opposition à M. Erdogan.
La demande de fermeture du HDP a suscité la préoccupation des pays occidentaux au sujet de l’Etat de droit en Turquie, au moment où Ankara cherche à apaiser ses relations tendues avec les Etats-Unis et l’Europe.
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