Selon des statistiques publiées par l’Eurobaromètre printemps 2024, les Français forment la population la plus eurosceptique de l’Union européenne. Seuls 34 % des Français ont confiance en l’Union européenne (UE). Une série d’événements pourrait expliquer cette crise de confiance entre la population française et l’UE. Cependant, divers éléments nous amènent à ne pas juger trop rapidement les Français.
L’Eurobaromètre printemps 2024
Selon l’édition printemps 2024 de l’outil de sondages utilisé par les institutions européennes, Eurobaromètre, les Français sont seulement 34 % à avoir confiance en l’UE, bien en deçà de la moyenne européenne qui s’établit à 49 %. Cette donnée révèle que l’hexagone est le pays membre de l’Union européenne qui compte le plus d’eurosceptiques. À l’inverse, les populations des États membres qui ont le plus confiance sont les Danois (69 %), suivent, les Portugais et les Lituaniens (68 %) et les Suédois (63 %).
Le phénomène de défiance des Français n’est pas nouveau. Un rapport sur l’Eurobaromètre de l’automne 2023 relatait déjà que « la confiance accordée (par les Français) à l’Union européenne reste faible (35 %) ».
Cette perte de confiance s’est progressivement traduite dans les urnes, avec notamment un vote de plus en plus fort en faveur du Rassemblement national. Depuis dix ans, le parti à la flamme arrive en tête des élections européennes : 24,8% des suffrages contre 20,8 pour l’UMP en 2014 et 23,3% contre 22,4% pour les macronistes en 2019. Selon les différents sondages, le scénario devrait se répéter une troisième fois dimanche.
La liste portée par le président du RN, Jordan Bardella, est créditée de 32% des intentions de vote, soit le double de la liste de la majorité présidentielle qui plafonne depuis des semaines à 15%.
Des événements fragilisant la confiance en l’Europe
Certains événements qui se sont produits dans les années 2000 pourraient expliquer la raison pour laquelle les Français font de moins en moins confiance en l’Europe. À commencer par le non-respect du « Non » (54,6 %) au référendum de 2005 sur le traité établissant une Constitution pour l’Europe puisqu’à peine trois ans après le référendum, Nicolas Sarkozy signait le Traité de Lisbonne, un traité reprenant les éléments principaux du projet de Constitution pour l’Europe que rejetait les Français.
La crise financière de 2008 a aussi eu un impact considérable. En 2009, soit un an après la crise, les Français étaient 43% à avoir confiance en l’UE, contre 50% en 2008.
D’ailleurs, le taux de participation aux élections européennes de 2009 a été le plus bas jamais enregistré en France (40,6%).
À ces événements, s’ajoutent des éléments qui reviennent de manière récurrente dans le débat public : les lacunes démocratiques des institutions européennes et de l’UE de manière générale et leur caractère trop bureaucratique. Toujours selon l’outil Eurobaromètre, 51% des Français ne sont pas satisfaits du fonctionnement démocratique de l’UE en 2024. Une insatisfaction en hausse de quatre points en 5 mois. Le mouvement de protestation des agriculteurs a, quant à lui, incarné en France, mais aussi dans toute l’Europe, le « ras-le-bol » des citoyens contre les normes européennes.
Un euroscepticisme à nuancer
Mais une crise de confiance n’est pas une rupture. Il semble exister en France quelque chose de plus subtil qu’un euroscepticisme de principe, plus présent outre-Manche, et qui a entraîné la sortie du Royaume-Uni de l’UE.
Au sein de l’hexagone, il n’y a pas réellement de débat sur la sortie ou non de l’UE. Le rapport sur l’Eurobaromètre 2023, déjà cité plus haut, indique que « la volonté de sortir de l’UE dans l’opinion publique française est largement minoritaire (29%). »
D’ailleurs, le RN, pour se notabiliser, se crédibiliser et élargir son électorat, a grandement évolué sur ces questions et ne propose plus la sortie de l’UE et le retour à une monnaie nationale. Et, les partis politiques qui continuent de prôner le Frexit comme Les Patriotes de Florian Philippot ou l’UPR de François Asselineau ne représentent que peu d’électeurs. En 2017, François Asselineau n’avait récolté que 0,9% des voix et pour ces élections européennes, la liste UPR et celle du parti de l’ex-lieutenant de Marine Le Pen sont créditées de 1% chacune par les différents sondages.
Il est aussi intéressant de constater que malgré une baisse presque constante de la participation des Français aux élections européennes entre 1979 et 2009, passant de 60,7% à 40,6%, celle-ci remonte depuis 2014 et a atteint 50,1% en 2019. Pour les élections de dimanche, elle devrait atteindre 52,5% selon une enquête IFOP-Fiducial.
Il y a donc, aujourd’hui en France un euroscepticisme qui n’est pas un euroscepticisme de rejet du projet européen imaginé par les Pères fondateurs de l’Europe au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais de rejet de certaines dérives de l’UE et de ses institutions comme l’excès de normes et d’un projet européen qui penche désormais du côté du fédéralisme.
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