UE-Mercosur: ONG et éleveurs craignent un revirement du gouvernement français

Par Epoch Times avec AFP
1 février 2021 10:42 Mis à jour: 1 février 2021 10:43

Défenseurs de l’environnement et organisations d’éleveurs français disent craindre un revirement du gouvernement, qu’ils accusent de chercher à « sauver l’accord » de libéralisation commerciale UE-Mercosur auquel il s’était opposé.

Dans un document de travail rendu public par Mediapart et dont l’AFP a obtenu copie, le gouvernement indique « les pistes » qu’il envisage « pour répondre aux préoccupations soulevées par le projet d’accord UE-Mercosur ».

Le document liste des engagements qui seraient demandés à l’Argentine, au Brésil, au Paraguay et à l’Uruguay sur les deux principaux points d’achoppement (déforestation et normes sanitaires sur le bétail importé) en échange d’une levée du veto français.

-L’éleveur français Thibaut Dijols se tient à côté des vaches de race Aubrac le 17 novembre 2017 à Curières près de Rodez, dans le sud de la France. Photo Pascal Pavani / AFP via Getty Images.

Une visioconférence du comité de suivi de la politique commerciale est prévue jeudi à Paris sur le sujet, autour du ministre chargé du Commerce extérieur Franck Riester.

La Fondation Nicolas Hulot juge les conditions exigées dans le document « purement déclaratives et non contraignantes ».

Normes sanitaires de production interdites en Europe

« Les exigences additionnelles, en plus d’être très insuffisantes sur le fond, oublient des enjeux majeurs soulevés par cet accord: droits humains et respect des conventions internationales, impact sur les économies locales et déstabilisation des marchés agricoles », ajoute Maxime Combes, économiste du collectif Stop CETA/Mercosur, pour qui la France « négocie son ralliement » à l’accord.

« Le gouvernement nous a fait passer avant la réunion de jeudi la liste des conditions à la ratification par la France de l’accord UE-Mercosur, alors qu’il avait affirmé publiquement son opposition +en l’état+ à cet accord », a regretté pour sa part Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale Bovine qui rassemble la majorité des 80.000 éleveurs bovins s’estimant menacés par l’accord commercial.

Des vaches dans un champ à Godewaersvelde, dans le nord de la France. Photo Philippe Huguen / AFP via Getty Images.

« Pour les éleveurs français, qui sont les premiers producteurs de viande bovine en Europe grâce à un modèle d’élevage allaitant majoritairement à l’herbe, et qui souffrent déjà de revenus très bas, cet accord est une catastrophe, car il accepte l’importation en Europe de 99.000 tonnes de viande bovine du Mercosur à 7,5% de droit de douane, avec des normes sanitaires de production interdites en Europe », a ajouté M. Dufayet.

La France « s’opposait à l’accord Mercosur en l’état »

Le 23 août 2019, le président français Emmanuel Macron, invoquant « un processus de déforestation industrialisé » dans la forêt amazonienne, avait accusé son homologue brésilien Jair Bolsonaro « de ne pas respecter ses engagements climatiques » et fait savoir que la France « s’opposait à l’accord Mercosur en l’état ».

Selon les éleveurs, les élevages brésiliens utilisent notamment des antibiotiques comme dopage de croissance, une pratique interdite en Europe.

-Les agriculteurs belges manifestent contre l’accord commercial UE-Mercosur devant le siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 11 juillet 2019. Photo de François Walschaerts / AFP via Getty Images.

« Il ne faut pas laisser passer cette +reddition+ » a indiqué à l’AFP un responsable du monde de l’élevage, « sinon le +récit+ du gouvernement va être que la France signera l’accord Mercosur tout en interdisant au Brésil de produire des viandes à faible garantie sanitaire et environnementale, ce qui est archi-faux ».

L’eurodéputé français Manuel Bompard (GUE/GNL, gauche radicale) a pour sa part mis en cause dans une déclaration publique la présidence européenne du Portugal qui a fait de la signature de l’accord UE-Mercosur une priorité.

Et un autre eurodéputé français, Pascal Canfin (Renew Europe), a souligné dans une tribune dans la presse portugaise qu’il n’existait pas de majorité au Parlement européen pour ratifier l’accord.

 

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