Cinquante-et-une personnes dont un enfant ont été tuées jeudi par une frappe russe à Groza, un petit village de l’est de l’Ukraine, en marge de funérailles.
Volodymyr Moukhovaty, un villageois de 70 ans, vient de voir le corps de son fils extirpé des décombres et craint que son épouse avec laquelle il a partagé sa vie pendant 48 ans et leur belle-fille ne figurent également parmi les morts.
« Mon fils vient d’être sorti, sans tête, sans bras, sans jambes… Il a été reconnu grâce à ses papiers d’identité, son permis de conduire », a raconté à l’AFP cet homme. « Ma femme et ma belle-fille… Il se peut qu’elles ait été déchiquetées, comment le savoir. Pour l’instant, elles n’ont pas été retrouvées », poursuit Volodymyr, T-shirt noir et cheveux gris coupés très court. Il espère que les deux femmes étaient parmi les blessés emportés par les ambulances tout en admettant qu’il y a « peu d’espoir ». « Je ne survivrai pas longtemps tout seul. Ma femme m’a beaucoup aimé », dit-il.
Vers 19h00 (17h00 GMT), à la nuit tombée, les journalistes de l’AFP ont vu des militaires avec des gants bleus embarquer dans un de leurs camions un à un des sacs blancs contenant des corps sans vie. Une vingtaine de ces sacs étaient encore alignés juste devant le petit café entièrement détruit où s’étaient réunies ces personnes. Un peu plus loin, près d’un portique avec deux balançoires, se trouvaient de petits tas contenant des morceaux de corps non identifiés.
« Les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre »
Moins d’une heure plus tard, les secouristes ont annoncé la fin de leurs opérations sur le site, établissant le bilan définitif à 51 morts dont un enfant né en 2017 et six blessés. Selon un porte-parole du Parquet régional cité par l’agence de presse Interfax-Ukraine, Dmytro Tchoubenko, ces funérailles étaient celles d’un soldat ukrainien mort au combat, dont le fils, également militaire, et la femme ont péri dans le bombardement.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, actuellement en Espagne pour une réunion avec des dirigeants européens, a dénoncé devant la presse une « attaque terroriste inhumaine » contre cette localité située dans la région de Kharkiv, près de Koupiansk, une ville à proximité de la ligne de front qui est régulièrement la cible de frappes russes. « Il n’est possible de protéger les gens contre de telles attaques qu’à l’aide de la défense antiaérienne », a ajouté M. Zelensky qui a évoqué la livraison à l’Ukraine d’un nouveau système américain Patriot à l’occasion d’une rencontre avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
Intentional attacks against civilians are war crimes.
With the bloody attack at civilians in Hroza/Kupiansk, Russian atrocities are brought to yet another grim level. Russia proves again it has no intention to let up in its terror against Ukrainian people.https://t.co/vdHGI6nqeM— Josep Borrell Fontelles (@JosepBorrellF) October 5, 2023
Avec la « sanglante » attaque contre Groza, « les atrocités russes atteignent un niveau encore plus sinistre », a réagi le chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell sur X (ex-Twitter). La porte-parole de la Maison Blanche a parlé d’un acte « effroyable ». « Nous devons continuer à soutenir le peuple ukrainien parce que c’est l’effroyable réalité dans laquelle il vit » au quotidien, a ajouté Karine Jean-Pierre, au moment où le président Joe Biden essaie d’obtenir du Congrès des fonds supplémentaires pour aider l’Ukraine.
Un missile balistique Iskander
Le bombardement, effectué à l’aide d’un missile balistique Iskander selon les données préliminaires, a entièrement détruit un magasin et un café situé dans le même bâtiment au moment où une soixantaine de personnes s’y trouvaient, a raconté le ministre de l’Intérieur Igor Klymenko à la télévision nationale. « Il y avait des villageois dans le magasin et des villageois dans le café étaient également réunis » pour une réception organisée après un enterrement d’un villageois, a dit M. Klymenko, précisant que Groza comptait 330 habitants.
La frappe a eu lieu autour de 13h15 locales sur ce village à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Koupiansk, a raconté le gouverneur régional Oleg Synegoubov. Il a dénoncé l’attaque la plus meurtrière dans la région de Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, depuis le début de l’invasion russe le 24 février 2022 et y a décrété trois jours de deuil.
Les forces russes se sont emparées de larges pans de cette province dès les premiers jours de l’invasion. Les troupes ukrainiennes ont ensuite libéré la quasi-totalité de la région de Kharkiv au cours d’un assaut éclair à l’automne 2022 mais celle-ci subit régulièrement des frappes. Et la Russie mène actuellement une offensive dans la zone de Koupiansk pour tenter de reprendre du terrain et gêner la contre-offensive ukrainienne en cours dans l’est et le sud pour libérer les territoires occupés par Moscou.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.