À la veille d’un sommet organisé à Paris le 27 mars avec près d’une trentaine de pays, Emmanuel Macron a annoncé une nouvelle aide de deux milliards d’euros d’aides militaires à l’Ukraine.
Cela pourrait sembler contradictoire avec les négociations en cours entre les États-Unis et la Russie mais nécessaire pour commencer à installer des « garanties de sécurité » en cas d’accord de paix avec Moscou.
Suite au sommet, les pays alliés de l’Ukraine ont exclu toute levée des sanctions visant la Russie, envisageant au contraire de les renforcer afin d’accentuer la pression sur Moscou.
Concernant d’éventuelles forces armées terrestres européennes, le président français a défendu une « approche pacifiste », « pour garantir une paix durable ». Ces contingents n’iraient « pas sur le front » pour « aller se battre », a-t-il insisté.
Les Européens demandent néanmoins aux États-Unis un filet de sécurité en appui au déploiement de contingents en Ukraine.
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Deux milliards d’euros d’aides nouvelles à l’Ukraine
Le nouveau paquet d’aide militaire français de deux milliards d’euros comprend « des missiles antichar Milan », « des moyens de défense aérienne comme des missiles Mica » qui équipent les avions de chasse français Mirage fournis à l’Ukraine, « des missiles de défense sol-air Mistral », « des blindés VAB », « des chars AMX-10 RC », « de nombreuses munitions dont certaines téléopérées », et « des drones ».
Cette aide inclut aussi « des productions d’équipements en Ukraine », « grâce aux partenariats noués avec nos entreprises de défense », a expliqué Emmanuel Macron. Volodymyr Zelensky l’a remercié, précisant qu’ils avaient aussi « discuté d’une augmentation du nombre de Mirages » donnés par la France.
Préparer la paix de demain
Le sommet d’une trentaine de pays alliés de l’Ukraine qui s’est tenu à Paris le 27 mars a finalisé les « garanties de sécurité » pour Kiev, dont un éventuel déploiement militaire européen dans le cadre d’un futur accord de paix avec la Russie, encore très hypothétique.
Cette « coalition des volontaires », selon l’expression d’Emmanuel Macron, s’est réunie au palais de l’Élysée autour du président français, de son homologue ukrainien et du Premier ministre britannique Keir Starmer. Tous trois sont à la manœuvre pour faire entendre la voix de l’Ukraine et des Européens face au réchauffement spectaculaire entre les États-Unis de Donald Trump et la Russie de Vladimir Poutine. Ils ont eu un aparté avec le patron de l’Otan Mark Rutte avant le sommet.
Parmi les dirigeants des pays de l’Union européenne et/ou de l’Otan présents figurent l’Italienne Giorgia Meloni, l’Allemand Olaf Scholz et le Polonais Donald Tusk, mais aussi le vice-président turc Cevdet Yilmaz.
Après une série de réunions politiques et militaires organisées depuis mi-février par Paris et Londres, l’heure était venue de « tirer des conclusions opérationnelles », a expliqué la présidence française.
Le président français a défendu une « approche pacifiste », « comme une réserve stratégique » pour « dissuader toute nouvelle agression russe ». Ces contingents n’iraient « pas sur le front », a-t-il insisté, même s’ils auraient à « répondre » s’ils étaient « attaqués ».
Il ne s’agirait ni d’une force d’observation d’un cessez-le-feu, ni d’une force d’interposition, a-t-il encore plaidé, évoquant la possibilité d’une opération distincte « de maintien de la paix », sous « mandat des Nations unies ».
Un processus de paix en cours entre les États-Unis et la Russie
Cette initiative européenne se déroule en parallèle du processus de négociations engagé par l’administration Trump avec l’Ukraine d’une part, et la Russie d’autre part, pour mettre fin à la guerre trois ans après l’invasion russe de l’Ukraine. Mais malgré l’optimisme affiché par le président américain, son secrétaire d’État Marco Rubio a reconnu le 26 mars que parvenir à un accord de paix « ne sera pas simple » et « prendra du temps ».
Certains pays européens sont très critiques vis-à-vis de la Russie, au risque de mettre de l’huile sur le feu dans les négociations. « Poutine a montré qu’il n’était pas un acteur sérieux dans ces pourparlers de paix », a déclaré Keir Starmer, lui reprochant de continuer à infliger « des attaques dévastatrices au peuple ukrainien ». « Ses promesses sont creuses », a-t-il dénoncé.
Pour Emmanuel Macron aussi, Moscou « a montré sa volonté de guerre », et il est donc « beaucoup trop tôt » pour envisager une levée des sanctions.
Il faut « maintenir la pression sur la Russie par le biais de sanctions », a renchéri le président du Conseil européen Antonio Costa, également présent au sommet de l’Élysée. « La meilleure manière de soutenir l’Ukraine est de rester fidèles à notre objectif de parvenir à une paix juste et durable. Cela implique de maintenir la pression sur la Russie par le biais de sanctions », a écrit sur X le chef de l’instance représentant les dirigeants des 27 pays de l’Union européenne.
Lors des pourparlers en Arabie saoudite le 25 mars, Ukrainiens et Russes se sont mutuellement accusés de vouloir faire capoter ce début d’entente, mais les choses évoluent très vite car le lendemain, Volodymyr Zelensky reconnaissait qu’il n’y avait pas eu d’attaques récentes des Russes sur les infrastructures énergétiques ukrainiennes.
Pas de levée des sanctions contre la Russie, s’accordent les alliés européens
À la sortie du sommet de Paris du 27 mars, les alliés de l’Ukraine ont « acté de manière unanime » qu’il ne fallait pas lever les sanctions contre Moscou, a fait valoir le président français Emmanuel Macron, à l’initiative de la rencontre.
« Cela n’a aucun sens de mettre fin aux sanctions tant que la paix n’est pas réellement rétablie et nous en sommes malheureusement encore loin », a déclaré le chancelier allemand Olaf Scholz à l’issue du sommet, jugeant que ce serait « une grave erreur » de le faire maintenant.
« Bien au contraire, ce dont nous avons discuté est de savoir comment nous pouvons accroître les sanctions », a également affirmé le Premier ministre britannique Keir Starmer, qui se tenait à côté du président ukrainien.
« Nous avons discuté des plans visant à rétablir la paix, de la mobilisation des forces armées et des plans opérationnels, qu’ils soient aériens, terrestres ou maritimes », a-t-il ajouté. « Nous vous soutenons pleinement, aussi longtemps qu’il le faudra », a-t-il assuré.
Selon Londres et Paris, les « garanties de sécurité » en cas d’accord de paix avec Moscou peuvent prendre des formes très variées. En « première ligne », l’aide à l’armée ukrainienne elle-même. En « deuxième ligne », une « force de réassurance » composée de pays européens volontaires, qui serait déployée sur le sol ukrainien uniquement dans le cadre d’un accord de paix. En « troisième ligne », le soutien que les Américains seraient prêts à garantir aux Européens, nécessaires à beaucoup de pays pour qu’ils franchissent le pas.
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