La centrale nucléaire de Zaporizhzhia (ZNPP), en Ukraine, a fait l’objet d’une nouvelle attaque par drone, conduisant le chef de l’agence de surveillance atomique de l’ONU à exhorté une nouvelle fois les militaires des deux camps à renoncer à s’en prendre à des installations nucléaires.
La centrale en question, située dans le sud-est de l’Ukraine, est la plus grande centrale nucléaire d’Europe et l’une des plus grandes au monde. Les forces militaires russes en ont pris le contrôle en 2022, à la suite de son invasion de l’Ukraine.
Selon un communiqué de presse publié du 7 avril par le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, c’est la première fois depuis novembre 2022 que la centrale est directement visée par une action militaire.
« Il s’agit d’une escalade majeure des dangers en matière de sûreté et de sécurité nucléaires auxquels est confrontée la centrale nucléaire de Zaporizhzhya », a déclaré le directeur général.
« De telles attaques inconsidérées augmentent considérablement le risque d’un accident nucléaire majeur et doivent cesser immédiatement », a-t-il ajouté.
Il a ajouté qu’il s’agissait d’une violation flagrante des principes fondamentaux de protection des centrales nucléaires, tels qu’ils ont été établis par le Conseil de sécurité des Nations unies en mai de l’année dernière, qui met en danger l’ensemble de la région. Ces principes interdisent toute attaque, tout acte de sabotage ou stockage d’armes lourdes dans l’installation, et ce dans le but d’éviter une catastrophe nucléaire.
3 attaques confirmées
Dans un autre post sur X, M. Grossi a révélé qu’au moins trois frappes directes ont été effectuées contre les structures de confinement du réacteur principal de la centrale, comme l’ont confirmé les experts de l’AIEA en poste sur le site. Pour l’instant, rien n’indique que les systèmes critiques de sûreté nucléaire ou de sécurité aient été endommagé.
L’équipe de l’AIEA a cependant indiqué que l’un des six bâtiments du réacteur du site, où se trouvaient des équipements de surveillance et de communication, ont été pris pour cible.
Ils affirment également avoir vu des troupes russes intercepter un autre drone en approche près du toit du réacteur 6 et avoir entendu des explosions, des tirs d’artillerie et des coups de feu sur le site tout au long de la journée. Au moins une victime a été signalée par l’équipe de l’AIEA, et du sang aurait été trouvé sur le site.
M. Grossi a déclaré que son équipe sur le terrain n’avait pas observé de dommages structurels sur les systèmes, les structures ou les composants importants pour la sûreté ou la sécurité nucléaire de la centrale. Pour l’heure, il n’y a pas lieu de trop s’inquiéter, mais M. Grossi affirme que la situation aurait pu être bien pire.
« Bien que les dommages subis par l’unité 6 n’aient pas compromis la sûreté nucléaire, il s’agit d’un incident grave qui aurait pu compromettre l’intégrité du système de confinement du réacteur », a déclaré M. Grossi.
Il estime qu’il n’y a aucun avantage pour quiconque s’en prend à des installations nucléaires, et appelle les chefs militaires des deux camps à s’abstenir immédiatement de toute nouvelle attaque.
« Comme je l’ai déclaré à maintes reprises, notamment au Conseil de sécurité et au Conseil des gouverneurs de l’AIEA, personne ne peut tirer un quelconque avantage militaire ou politique d’attaques contre des installations nucléaires », a-t-il déclaré.
« L’attaque d’une centrale nucléaire est absolument à proscrire. J’appelle fermement les décideurs militaires à s’abstenir de toute action violant les principes fondamentaux qui protègent les installations nucléaires », a-t-il ajouté.
La société russe d’énergie nucléaire accuse l’Ukraine d’attaque
Rosatom, la société russe d’énergie nucléaire, a imputé la responsabilité de l’attaque aux militaires ukrainiens.
Dans un communiqué publié le 7 avril sur son site web, Rosatom a accusé l’armée ukrainienne d’avoir lancé une « série d’attaques sans précédent » contre la centrale nucléaire de Zaporizhzhia, blessant trois membres du personnel, dont un grièvement.
Selon Rosatom, la frappe a touché la zone adjacente à la cantine. Une demi-heure plus tard, un autre drone a attaqué la zone du port de marchandises. La sixième unité de puissance de la ZNPP a également été visée, mais Rosatom n’a pas non plus signalé de dommages graves.
« Avant cet incident, les forces armées ukrainiennes ont attaqué le territoire de la centrale le 5 avril. Des vols de drones des forces armées ukrainiennes ont été détectés dans la zone du port de chargement et de la station d’azote-oxygène ».
Rosatom estime que les dirigeants de l’AIEA et les gouvernements des pays de l’Union européenne (UE) doivent immédiatement réagir face à cette menace.
Les deux parties au conflit se sont mutuellement accusées de diverses attaques depuis le début de la guerre.
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