L’alliance occidentale de l’OTAN se rapproche de plus en plus d’un conflit direct avec la Russie au sujet de l’Ukraine, selon le premier ministre hongrois Viktor Orban.
« Au lieu de nous défendre, l’OTAN nous entraîne, nous [la Hongrie], un État membre, dans une guerre mondiale », a déclaré M. Orban lors d’une émission diffusée le 31 mai.
La Hongrie est membre de l’OTAN depuis 1999. Toutefois, contrairement à d’autres membres de l’alliance, la Hongrie de M. Orban a maintenu de bonnes relations avec la Russie malgré l’invasion de l’est de l’Ukraine par cette dernière.
Au grand dam des alliés hongrois de l’OTAN, M. Orban, qui occupe le poste de premier ministre depuis 2010, a vivement critiqué le soutien inconditionnel de l’Occident à Kiev. Au début du mois dernier, Budapest a refusé de participer à un plan à long terme de l’OTAN visant à établir un fonds de 100 milliards d’euros pour l’assistance militaire à l’Ukraine.
« La Hongrie restera à l’écart de la folle mission de l’OTAN malgré toutes les pressions », a déclaré le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, le 8 mai. Un porte-parole du gouvernement a averti à l’époque que Budapest ne soutiendrait aucune initiative susceptible de « rapprocher l’alliance de la guerre ou de la faire passer d’une coalition défensive à une coalition offensive ».
M. Orban affirme vouloir mettre fin aux combats en Ukraine et éviter une escalade du conflit, qui en est à sa troisième année. Ses détracteurs l’accusent de capituler devant Moscou aux dépens de l’Ukraine et de ses partisans occidentaux.
La Hongrie a également irrité les autres membres de l’Union européenne (UE) en bloquant des mesures visant à fournir à Kiev une aide militaire supplémentaire de 6,5 milliards d’euros.
« La guerre est un monstre qui a constamment faim », a déclaré M. Orban dans une interview accordée à Kossuth, une chaîne de télévision publique hongroise. « Il doit être nourri, et il doit être nourri avec de l’argent. Le gouvernement démocratique des États-Unis et les dirigeants de l’Union européenne sont prêts à le nourrir. »
La semaine dernière, Gabrielius Landsbergis, ministre lituanien des Affaires étrangères, a accusé Budapest de contrecarrer « tout effort de l’UE pour jouer un rôle significatif dans les affaires étrangères ». « Presque toutes nos décisions sont bloquées par un seul pays », a déclaré M. Landsbergis le 27 mai avant une réunion des ministres des affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.
Les décisions de politique étrangère de l’UE doivent être soutenues par les 27 membres de l’Union. M. Szijjarto a réaffirmé que la Hongrie ne changerait pas sa position sur la question, « indépendamment de ce crient les politiciens partisans de la guerre ».
« Plus près de la guerre et de la destruction »
Dans ses récentes déclarations radiodiffusées, M. Orban a affirmé que l’OTAN « se rapproche de la guerre » avec la Russie « chaque semaine qui passe ». Pour étayer son affirmation, il a évoqué les pourparlers en cours entre Paris et Kiev sur l’éventuel déploiement d’instructeurs militaires français en Ukraine.
Le 27 mai, le ministère ukrainien de la défense a déclaré que Kiev était « toujours en discussion avec la France et d’autres pays sur cette question ». Cette déclaration a été confirmée plus tard par le ministère français de la défense, qui a rappelé que « la formation sur le sol ukrainien reste un sujet de discussion avec les Ukrainiens ».
Dans des déclarations antérieures, Moscou a averti que si des instructeurs français étaient déployés sur le territoire ukrainien, ils seraient considérés comme des « cibles légitimes ». M. Orban a également pris note de la récente décision de l’OTAN d’autoriser l’Ukraine à utiliser des munitions à longue portée fournies par l’Occident pour frapper des cibles à l’intérieur du territoire russe.
Depuis que Moscou a lancé son invasion de l’Ukraine au début de 2022, les alliés de Kiev se sont abstenus de prendre une telle mesure, craignant une escalade dramatique du conflit. Toutefois, la semaine dernière, le chef de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré que le « moment était venu » pour les membres de l’alliance de reconsidérer les restrictions imposées à l’utilisation par Kiev d’armes à longue portée. Lors d’une réunion des ministres de la défense de l’UE le 28 mai, M. Stoltenberg a souligné le « droit » de Kiev d’utiliser des armes occidentales pour frapper des « cibles militaires légitimes en Russie ».
Cette question est « particulièrement pertinente aujourd’hui », compte tenu de l’offensive russe en cours qui a permis des avancées notables dans la région ukrainienne de Kharkiv, a-t-il déclaré. Interrogé sur l’apparent changement de politique de l’OTAN, le président russe Vladimir Poutine a affirmé : « L’escalade constante peut avoir de graves conséquences. »
« Si ces conséquences se produisent en Europe, comment les États-Unis se comporteront-ils, compte tenu de la parité [de nos deux pays] dans le domaine des armes stratégiques ? » M. Poutine a averti que les alliés européens de Kiev « devraient être conscients de ce avec quoi ils jouent ».
Selon M. Orban, ces deux développements sont des signes « inquiétants » qui montrent que l’OTAN se prépare à un conflit direct avec la Russie et que l’Europe « se rapproche de la destruction ». « Au lieu de protéger ses membres, l’OTAN nous entraîne dans une guerre mondiale. »
M. Orban a ensuite comparé l’alliance occidentale, qui compte 32 membres, à quelqu’un qui « utiliserait un lance-flammes pour éteindre un incendie ».
Avec Associated Press
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