Ukraine: Moscou durcit les peines contre les déserteurs, plus de 700 personnes arrêtées

Par Epoch Times avec AFP
25 septembre 2022 05:42 Mis à jour: 25 septembre 2022 13:15

En pleine mobilisation de ses réservistes pour aller combattre en Ukraine, Moscou a durci samedi les peines encourues par les déserteurs et arrêté des centaines de manifestants, après avoir démis son chef de la logistique militaire.

Le président russe Vladimir Poutine a signé des amendements prévoyant jusqu’à 10 ans de prison pour les militaires qui désertent ou refusent de combattre.

Il a également signé une loi qui facilite l’accès à la nationalité russe pour les étrangers qui s’engagent pour une durée d’au moins un an dans l’armée, au moment où Moscou cherche par tous les moyens à recruter plus d’hommes pour combattre en Ukraine.

« 710 personnes interpellées dans 32 villes »

Cependant, ces mesures de fermeté n’ont pas dissuadé les opposants à cette mobilisation partielle de manifester dans tout le pays samedi, avec au moins « 710 personnes interpellées dans 32 villes », dont près de la moitié à Moscou, selon OVD-Info, une organisation spécialisée dans le décompte des arrestations.

« Nous ne sommes pas de la chair à canon ! », a lancé à Moscou une jeune femme pendant que des policiers en casque anti-émeute l’entraînaient à l’écart. Il s’agit de l’un des slogans des manifestants opposés à l’envoi de mobilisés en Ukraine.

Des policiers arrêtent des manifestants à Saint-Pétersbourg le 21 septembre 2022, à la suite d’appels à manifester contre la mobilisation partielle annoncée par le président Vladimir Poutine. Photo par OLGA MALTSEVA/AFP via Getty Images.

A Saint-Pétersbourg (nord-ouest), deuxième ville du pays, Ilia Frolov, 22 ans, a apporté une petite banderole avec le mot « paix » écrit dessus. « Je veux exprimer mon désaccord avec ce qui se passe (…) Je ne veux pas me battre pour Poutine », dit-il. « Je suis contre la guerre et la mobilisation. J’ai peur pour les jeunes », explique une autre habitante, Natalia Doubova, âgée de 70 ans.

Mercredi, le jour de l’annonce de la mobilisation par M. Poutine, près de 1.400 manifestants avaient déjà été arrêtés à travers la Russie.

Un afflux « important » de voitures cherchant à se rendre en Géorgie

Cet ordre de mobilisation, qui concerne selon les autorités 300.000 personnes, a suscité l’inquiétude de nombreux Russes, certains choisissant de quitter le pays.

Les autorités russes ont ainsi reconnu samedi un afflux « important » de voitures cherchant à se rendre en Géorgie, avec quelque 2.300 véhicules comptabilisés à un seul poste-frontière.

Les frontières avec le Kazakhstan et la Mongolie ont également enregistré un afflux de Russes, des témoignages faisant état de parfois plusieurs heures d’attente avant de pouvoir passer.

Jeudi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait estimé que les informations faisant état d’un « exode » des Russes étaient « grandement exagérées ».

Kiev a libéré d’importants territoires dans la région de Kharkiv 

Moscou a par ailleurs annoncé samedi avoir remplacé son chef de la logistique militaire, un point faible de son offensive en Ukraine, lancée il y sept mois jour pour jour. Les forces de Kiev ont récemment lancé une contre-offensive leur ayant permis de libérer d’importants territoires dans la région de Kharkiv (est).

Le général Dmitri Boulgakov, vice-ministre de la Défense, a été transféré à un « autre poste » et remplacé par le colonel général Mikhaïl Mizintsev, qui dirigeait jusque-là le Centre de contrôle de la défense nationale, a annoncé le ministère russe de la Défense dans un communiqué laconique.

La Russie a d’autre part poursuivi samedi ses « référendums » d’annexion, lancés la veille dans quatre régions d’Ukraine sous son contrôle total ou partiel, malgré de nouvelles menaces de sanctions des Occidentaux.

Le président américain Joe Biden a ainsi averti vendredi soir du risque de mesures de rétorsion « rapides et sévères » en cas d’annexions, estimant que « les référendums de la Russie sont un simulacre, un prétexte fallacieux pour essayer d’annexer des parties de l’Ukraine par la force ».

« Rejeter sans équivoque ces référendums fictifs »

Auparavant, les pays du G7 (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) avaient appelé « tous les pays à rejeter sans équivoque ces référendums fictifs », des « simulacres » qui « n’ont ni effet juridique ni légitimité ».

Selon l’armée ukrainienne samedi matin, en raison d’une faible participation, des membres des « bureaux de vote » se rendent, accompagnés de militaires russes, au domicile des habitants pour qu’ils « votent » de chez eux.

Sans aller jusqu’à dénoncer les scrutins, la Chine, partenaire le plus proche de Moscou, y est tout de même allée de sa critique, appelant au respect de « l’intégrité territoriale de tous les pays ».

Ces « référendums » organisés dans les régions séparatistes de Donetsk et Lougansk (est), et dans des zones sous occupation russe dans les régions de Kherson et Zaporijjia (sud), s’achèveront le 27 septembre.

A Moscou, Saint-Pétersbourg et d’autres villes, les autorités ont organisé des manifestations de soutien aux votes à grand renforts de drapeaux et de slogans.

« Russophobie sans précédent »

Sur le front diplomatique, le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi a appelé samedi l’Ukraine et la Russie à ne pas laisser la guerre « déborder », lors de son discours à l’Assemblée générale de l’ONU, appelant à une « résolution pacifique ».

A la même tribune, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé samedi la « russophobie sans précédent » et « grotesque » de l’Occident.

L’Iran s’est de son côté retrouvé dans le collimateur des autorités ukrainiennes, qui lui reprochent ses livraisons d’armes à Moscou et notamment des drones, qui ont fait un mort dans une attaque russe sur le port d’Odessa vendredi.

Dénonçant un comportement « hostile », Kiev a décidé de retirer son accréditation à l’ambassadeur iranien en Ukraine et de « réduire considérablement » le personnel de l’ambassade iranienne à Kiev.

L’Iran a regretté samedi cette décision « basée sur des informations non fondées » et « relayées par la propagande des médias étrangers » contre Téhéran.

 

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