EUROPE

Ukraine : Volodymyr Zelensky accuse les Occidentaux de faire « traîner » les livraisons de missiles à longue portée

octobre 3, 2024 14:59, Last Updated: octobre 3, 2024 20:36
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Le nouveau secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a réaffirmé jeudi le soutien occidental à l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle « l’emporte » sur la Russie, lors d’une visite à Kiev deux jours à peine après sa prise de fonction.

Cette visite intervient à un moment difficile pour l’Ukraine, dont les forces sont en recul sur le front Est, manquant d’hommes et d’armements, et alors que des voix de plus en plus nombreuses se font entendre pour pousser à des négociations, y compris au sein des alliés de Kiev.

Signe de ces difficultés ukrainiennes, la Russie a confirmé jeudi la prise de la ville de Vougledar, située à la jonction des fronts Est et Sud et pour laquelle une féroce bataille durait depuis plus de deux ans. « C’est ma priorité et mon privilège de faire avancer ce soutien » occidental « pour faire en sorte que l’Ukraine l’emporte », a déclaré M. Rutte, s’exprimant aux côtés du Président Volodymyr Zelensky.

M. Rutte est l’un des soutiens les plus actifs de l’Ukraine en Europe depuis le début de l’invasion en février 2022, et qualifié de « russophobe » par Moscou. Il a notamment été le fer de lance des efforts visant à doter Kiev d’avions de combat F-16.

Volodymyr Zelensky l’a qualifié jeudi de « grand ami » de l’Ukraine, rappelant que l’objectif de Kiev était « l’adhésion pleine et entière de l’Ukraine à l’Alliance » atlantique. En entamant mardi son premier jour à la tête de l’Otan, le Néerlandais a fait du soutien à l’Ukraine l’une des trois priorités de son mandat. Le président russe Vladimir Poutine « doit réaliser » que l’Otan ne « cédera pas » dans son soutien à Kiev, a souligné Mark Rutte lors de sa première conférence de presse à Bruxelles.

La pérennité de l’aide occidentale

M. Zelensky a lui pointé les griefs qu’il nourrit depuis des mois contre les Occidentaux, les accusant de faire « traîner » les livraisons de missiles à longue portée pour son pays, des armements qui sont au cœur d’un débat concernant leur utilisation pour frapper la Russie. Si Kiev réclame de pouvoir viser avec ces missiles des cibles en profondeur sur le territoire russe pour réduire les capacités de Moscou de frapper l’Ukraine, plusieurs de ses alliés, dont les États-Unis, refusent de donner un feu vert, redoutant une escalade du Kremlin.

« Nous avons besoin d’une quantité et d’une qualité suffisantes d’armes, y compris d’armes à longue portée, avec lesquelles, à mon avis, nos partenaires traînent déjà », a regretté M. Zelensky. Il a également souligné que sa tâche était également de « convaincre » les Occidentaux d’« abattre les missiles et drones russes » qui visent l’Ukraine, tout en se disant conscient « qu’il s’agit d’une décision difficile » et que les alliés de Kiev « ne sont pas encore prêts » à le faire.

La question de l’ampleur et de la pérennité de l’aide occidentale se pose d’autant plus que l’Ukraine est dans sa troisième année de guerre, compte tenu notamment du coût de ce soutien et du risque d’escalade du conflit. Et la position américaine, principal bailleur de Kiev et moteur de l’Otan, risque de changer radicalement en cas de retour à la Maison Blanche de Donald Trump après la présidentielle de novembre.

« La place de l’Ukraine est dans l’Otan »

« C’est au gouvernement ukrainien de décider quand est arrivé le moment de discuter de la paix », a rappelé lors de sa prise de fonction M. Rutte, appelant à se « concentrer sur l’effort de guerre ». « La place de l’Ukraine est dans l’Otan », a assuré mardi M. Rutte, qui devra néanmoins arbitrer entre l’ambition de l’Ukraine et les fortes réticences de certains des 32 pays membres, dont les États-Unis et l’Allemagne.

Des sauveteurs ukrainiens inspectent les dommages causés à un immeuble résidentiel à la suite d’une attaque de missiles à Kharkiv, le 3 octobre 2024. (SERGEY BOBOK/AFP via Getty Images)

Sur le terrain, trois civils dont un enfant ont été tués et quatre autres personnes blessées après l’explosion d’un camion citerne visé par un drone russe dans le nord du pays, selon les autorités locales. Dans la nuit, 11 personnes ont été blessées dans des frappes sur Kharkiv, la deuxième ville du pays.

Le voyage de Mark Rutte intervient alors que l’Ukraine manque de recrues et d’armes en raison d’une mobilisation poussive et de livraisons occidentales plus éparses. Résultat : l’armée ukrainienne cède du terrain dans l’Est.

Dernier revers en date, elle a annoncé mercredi se retirer de Vougledar, dont la prise a été revendiquée jeudi par la Russie. Cette ville a une importance militaire et symbolique, et sa chute soulève la question de la solidité des défenses ukrainiennes située au-delà. Interrogé sur cette perte jeudi, M. Zelensky a assuré qu’il était « normal » que ses soldats se retirent afin « qu’ils puissent sauver leur vie » face à la puissance de feu russe.

Dans l’est, les troupes russes se rapprochent aussi de Pokrovsk, une ville clé pour la logistique militaire. Côté russe, quatre civils ont été tués et 24 blessés jeudi dans des frappes ukrainiennes sur la région de Belgorod, voisine de celle de Koursk et qui essuie régulièrement des bombardements, selon les autorités locales.

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