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Ukraine: Zelensky craint une attaque contre Odessa, évacuation en vue de civils à Marioupol

mars 6, 2022 15:58, Last Updated: mars 6, 2022 20:34
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Une nouvelle tentative d’évacuer des civils du port stratégique ukrainien de Marioupol, assiégé par les troupes russes, est prévue dimanche, tandis que l’Ukraine a dit craindre une offensive sur la cité portuaire d’Odessa, sur la Mer noire.

Au 11e jour de l’invasion russe de l’Ukraine, plus d’1,5 million de personnes ont déjà fui le pays, selon l’ONU. Des centaines de civils ont aussi été tués et aucun signe d’accalmie ne se dessinait.

Au contraire, la Russie « se prépare à bombarder Odessa », un port de près d’un million d’habitants, a accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dénonçant un potentiel « crime historique » contre cette ville animée, toute proche de la frontière moldave où affluent les réfugiés.

Dans le sud-est du pays, à Marioupol, sur la mer d’Azov, un couloir humanitaire devait être effectif à 12H00 locales (10H00 GMT) pour permettre l’évacuation de civils jusqu’à la ville de Zaporojie, à environ trois heures de route, selon la municipalité.

La situation « catastrophique » à Marioupol 

Près de trois heures plus tard, la cité n’avait pas fait de point sur la situation, tandis qu’un commandant séparatiste prorusse, Edouard Bassourine, a accusé, cité par l’agence russe TASS, les troupes ukrainiennes de ne pas respecter le cessez-le-feu mis en place temporairement.

La municipalité de Marioupol, elle, a diffusé sur Telegram la vidéo d’un « convoi humanitaire » de plusieurs bus allant vers la ville.

-Illustration- Port d’Odessa en mer Noire. « Alerte menace aérienne tribord » : à l’horizon, un avion de surveillance russe s’approche du petit navire de guerre français en mer Noire, où se font face Russie-OTAN. Photo de Fabien ZAMORA / AFP via Getty Images.

Marioupol est sous « blocus humanitaire » et connait une situation « très difficile » avec des « milliers de blessés » à la suite de bombardements russes, a affirmé samedi soir son maire Vadim Boïtchenko, sur Youtube.

Ni eau ni nourriture, ni chauffage ni électricité

Ses 450.000 habitants n’ont ni eau ni nourriture, ni chauffage ni électricité, selon Laurent Ligozat, de l’ONG Médecins sans frontières (MSF). La situation y est « catastrophique ».

La chute de Marioupol serait un tournant dans l’invasion russe, lancée le 24 février.

Elle permettrait la jonction entre les troupes en provenance de la Crimée annexée, qui ont déjà pris les ports clés de Berdiansk et de Kherson, et celles du Donbass. Ces forces consolidées pourraient ensuite remonter vers le centre et le nord de l’Ukraine.

Kiev en ligne de mire

Les soldats russes se rapprochent également de Kiev, où ils rencontrent une résistance tenace.

Si la capitale a été épargnée dans la nuit de samedi à dimanche par les bombardements, d’intenses combats ont lieu dans sa périphérie, selon l’administration régionale ukrainienne. « Ils bombardent les zones résidentielles — écoles, églises, grands immeubles, tout », se désole Natalia Dydenko, une comptable de 58 ans, qui fuit Irpine, non loin de Kiev.

A Bilogorodka, à 25 km à l’ouest de la capitale, des soldats ukrainiens surveillent un pont entièrement miné, le dernier encore debout menant à Kiev. « Si on voit des Russes avancer, nous le ferons sauter (…) avec le plus de tanks ennemis possible« , assure à l’AFP l’un d’eux.

Des personnes traversent un pont détruit alors qu’elles évacuent la ville d’Irpin, au nord-ouest de Kiev, lors de bombardements et de bombardements intensifs le 5 mars 2022. Photo par Aris  MESSINIS/AFP via Getty Images.

Selon l’administration ukrainienne, les combats continuent aussi à Tcherniguiv, ville à 150 km au nord et pilonnée depuis plusieurs jours par l’aviation russe, devenue un paysage de dévastation.

Moscou avait évoqué mercredi la mort de 498 soldats russes et 2.870 morts côté ukrainien. Kiev fait état dimanche de plus de 11.000 soldats russes tués, sans mentionner ses propres pertes militaires. Des chiffres impossibles à vérifier de manière indépendante.

L’Ukraine « contre-offensive » de ses troupes dans la région de Kharkiv

Pour sa part, l’ONU a confirmé la mort de 351 civils et plus de 700 blessés, un bilan qui est « sans doute bien plus élevé car les vérifications sont en cours ».

L’armée ukrainienne a annoncé une « contre-offensive » de ses troupes dans la région de Kharkiv (est), dans le collimateur depuis plusieurs jours des troupes russes.

« Toute tentative de l’ennemi de pénétrer » à Kharkiv a échoué et ses convois militaires ont été « entièrement détruits », a affirmé le maire de la ville, Oleg Synegoubov.

Plus de 1,5 million de personnes déjà réfugiées à l’étranger

La cohue s’est emparée des gares dans les villes menacées par l’armée russe, femmes et enfants cherchant à partir après des adieux déchirants avec leurs maris et pères restant pour se battre.

« Nous envoyons nos femmes et nos enfants à Lviv, peut-être plus loin, et nous restons ici (…) c’est une situation horrible », confie à Dnipro (centre) Andrey Kyrytchenko, un maçon de 40 ans.

Des enfants, des adolescents et leurs parents chargent leurs affaires dans des bus alors qu’ils quittent l’hôpital central pour enfants de Kiev, le 5 mars 2022, pour être évacués vers la Pologne et l’Allemagne. Photo de Sergei SUPINSKY / AFP via Getty Images.

Selon l’ONU, plus de 1,5 million de personnes se sont déjà réfugiées à l’étranger depuis l’invasion de l’Ukraine, et plus d’un million sont de déplacées à l’intérieur du pays.

Cet exode suscite une forte mobilisation, notamment dans les Etats voisins comme la Moldavie, où le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken se trouvait dimanche, après s’être rendu samedi en Pologne. Washington compte mobiliser 2,75 milliards de dollars (2,51 milliards d’euros) pour cette crise humanitaire.

Envoi d’avions de guerre à l’Ukraine, selon M. Blinken

En outre, les Etats-Unis travaillent de manière « très, très active » sur un accord avec la Pologne pour l’envoi d’avions de guerre à l’Ukraine, selon M. Blinken, alors que M. Zelensky en réclame depuis plusieurs jours.

Sur le front diplomatique, samedi, Vladimir Poutine a reçu pendant près de trois heures le Premier ministre israélien Naftali Bennett, qui a proposé sa médiation.

« Même s’il y a peu de chances de réussite, (…) je vois comme un devoir moral de tout tenter », a affirmé dimanche Naftali Bennett, qui s’est entretenu la veille au téléphone avec M. Zelensky avant de se rendre à Berlin pour rencontrer le chancelier allemand Olaf Scholz.

Et le président français Emmanuel Macron devait lui parler à M. Poutine, qui s’est de son côté entretenu avec son homologue turc.

Selon les autorités ukrainiennes, une troisième session de négociations avec les Russes aura lieu lundi, bien que les chances d’un accord paraissent infimes.

De son côté, Vladimir Poutine a averti samedi considérer « comme une participation au conflit armé » la mise en place par tout pays d’une zone d’exclusion aérienne au-dessus de l’Ukraine.

Les sanctions occidentales « s’apparentent à une déclaration de guerre » selon Poutine

L’Otan s’y refuse pour l’instant, de peur de se retrouver entraînée dans un affrontement direct avec la Russie.

Les sanctions occidentales, qui affectent lourdement le secteur économique et financier russe, « s’apparentent à une déclaration de guerre », a aussi affirmé le président russe.

Kiev, qui cherche à adhérer à l’Union européenne et à l’Otan, c’est inacceptable pour Moscou

Si elle ne se plie pas à ses exigences, l’Ukraine pourrait perdre son « statut d’Etat », a-t-il aussi menacé. Moscou réclame notamment un statut « neutre et non nucléaire » pour le pays et sa démilitarisation, ce que Kiev, qui cherche à adhérer à l’Union européenne et à l’Otan, juge inacceptable.

Les entreprises étrangères continuent massivement de quitter la Russie. Dernières en date: les géants américains des cartes bancaires Visa et Mastercard, qui ont annoncé samedi la suspension de leurs opérations en Russie. Les cartes Visa et Mastercard émises par les banques russes ne fonctionneront plus à l’étranger, et inversement.

Des parents et leurs enfants, patients de l’hôpital central pour enfants de Kiev, récupèrent leurs effets personnels avant l’évacuation des patients et de leurs familles de l’hôpital vers la Pologne et l’Allemagne, à Kiev, le 5 mars 2022. Photo de Sergei SUPINSKY / AFP via Getty Images.

Le système de paiement PayPal a lui aussi suspendu ses services en Russie.

En Russie, la Banque centrale a demandé dimanche aux banques de ne plus publier leurs bilans financiers. Le rouble s’est effondré après l’instauration des sanctions internationales contre Moscou et certaines des plus grandes banques russes ont été coupées du système interbancaire international Swift.

Les autorités russes multiplient les mesures tous azimuts pour freiner la fuite des capitaux et craignent l’apparition d’un marché noir alimentaire.

Les manifestations se multiplient dans toute l’Europe

La compagnie aérienne Aeroflot a pour sa part annoncé la suspension de ses vols internationaux à partir du 8 mars. Le régulateur de l’aviation russe, Rossaviatsia, a recommandé à toutes les compagnies du pays de cesser les vols vers l’étranger afin d’éviter la saisie de leurs appareils.

Malgré une omerta dans les médias russes sur la guerre en Ukraine imposée par les autorités, des manifestations se sont tenues en Russie, menant à l’arrestation de plus de mille personnes dimanche, selon l’ONG russe OVD Info.

En signe de soutien avec l’Ukraine, les manifestations se multiplient aussi en Europe, avec des dizaines de milliers de personnes réunies dans les capitales européennes.

 

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