Ulf Kristersson, le conservateur suédois qui a tendu la main à l’extrême droite

Par Epoch Times avec AFP
12 septembre 2022 11:08 Mis à jour: 12 septembre 2022 11:08

Il pourrait devenir le premier chef de gouvernement suédois à s’appuyer sur l’extrême droite après les élections de dimanche. Le dirigeant du parti conservateur Ulf Kristersson est un ancien gymnaste qui a réussi l’acrobatie d’unir les droites, au risque d’y perdre l’équilibre.

Petites lunettes rondes et physique de poids plume, sourire éclatant, « Uffe » pose sur ses affiches avec un compagnon omniprésent: son chien de chasse Winston, un welsh springer spaniel reçu en cadeau de consolation après la défaite aux élections de 2018.

A l’époque, le leader des Modérés – le nom de son parti – jure de ne pas entamer de pourparlers avec le parti nationaliste et anti-immigration des Démocrates de Suède (SD). Il échoue alors d’un souffle à reprendre le pouvoir à la gauche social-démocrate.

Quatre ans plus tard, il tient sans doute sa revanche, au prix d’un rapprochement inédit entamé fin 2019 avec les SD.

La seule voie pour faire perdre la gauche selon ses soutiens, pacte faustien pour ses détracteurs.

« Mon côté de la politique », dit-il désormais pour qualifier l’attelage entre trois partis de la droite traditionnelle et les nationalistes, destiné à succéder à la gauche au pouvoir.

« Remettre de l’ordre »

Ensemble, ils contrôleraient 175 ou 176 sièges au Parlement, selon des résultats non définitifs. Soit pile la majorité absolue ou un fauteuil de marge.

Diplômé d’économie et féru de Tintin, ce grand partisan de la baisse des allocations sociales est marié et père de trois filles adoptées de Chine.

Considéré comme un fin orateur, Kristersson a mené une campagne de droite dure, s’attaquant aux graves problèmes de bandes criminelles en Suède, quitte à ce que les critiques le qualifient de « SD light ».

« Une Suède qui ne fonctionne pas est devenue la nouvelle normalité », a-t-il déploré durant sa campagne, promettant de « remettre de l’ordre » dans le pays.

Le dirigeant de la droite s’est également engagé à baisser les prix galopants de l’énergie après ce que des analystes ont baptisé « l’élection de l’électricité ».

Mais il a dû faire face aux doutes sur sa stratégie, d’autant que les SD ont ravi dimanche aux Modérés la place de deuxième parti de Suède que ces derniers occupaient depuis 40 ans.

« Le serrurier des SD »

En les amenant aux portes du pouvoir, « Kristersson pourrait ne rester dans l’histoire que comme le serrurier des SD », a ironisé le quotidien de référence Dagens Nyheter avant l’élection.

Né à Lund dans le sud de la Suède en 1963, le jeune Ulf fait ses premiers pas en politique dès le lycée pour arriver quelques années plus tard à la tête de la section nationale des jeunes Modérés.

Il gravit rapidement les échelons et intègre le Parlement comme suppléant en 1991 puis est élu en 1994.

Quand il ne siège pas au Riksdag, le Parlement, il embrasse une carrière de communicant ou de cadre d’une structure proche du patronat ou d’une organisation dévolue à l’adoption.

Résultats définitifs attendus mercredi

Sa femme Birgitta Ed, qui a abandonné sa carrière dans les relations publiques à l’arrivée de son mari à la tête du parti en 2017, s’est récemment formée au métier de pasteure pour bientôt intégrer l’Eglise de Suède.

Sa possible victoire électorale de dimanche – qui reste à confirmer par des  – a éloigné le couperet de la disparition politique qu’aurait signifié un nouvel échec.

« La vision que les Modérés ont d’un chef de parti est quelque peu semblable à celle d’un PDG d’une entreprise privée, tant que ça se passe bien, il peut rester mais si ça tourne mal, il s’en va le jour même », explique à l’AFP Torbjörn Nilsson, professeur d’histoire à l’université de Södertörn et spécialiste de l’histoire politique suédoise.

 

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