Après avoir mis en pause sa course quelques jours pour éviter une tempête, le navigateur Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), leader de l’Ultim Challenge, a repris dimanche son périple vers le mythique cap Horn.
À l’occasion de cet arrêt en mer, « imprévu mais bienvenu », le skipper de 49 ans a livré à l’AFP le 5e volet de son carnet de bord autour du monde, racontant son quotidien à proximité du point Nemo, l’endroit le plus éloigné de toute terre émergée.
« Cette fin de semaine a été marquée par la décision de m’arrêter… C’était un peu dur, j’ai essayé de pousser ma cellule de routage pour y aller, quoi qu’il arrive. Mais à un moment, ce n’était pas raisonnable et je ne regrette pas aujourd’hui.
Avec la tempête annoncée, une fois engagé dans la zone du cap Horn, on ne pouvait plus faire marche arrière. C’est l’un des endroits les plus exposés au monde pour naviguer. Le relief de la Cordillère des Andes a tendance à accélérer le vent.
Des rafales monstrueuses, un vent très puissant, très froid
J’aurais eu des rafales monstrueuses, un vent très puissant, très froid et aucune possibilité de fuir. Au sud, c’est une zone de glaces où je n’ai pas le droit de passer. Les risques de casse et les risques humains étaient énormes.
LA VINGT-HUITIÈME NUIT.
Charles Caudrelier (1er) pourrait franchir le cap Horn entre demain après-midi et mercredi matin. Armel Le Cléac’h (2e) et Thomas Coville (3e), au coude-à-coude, y sont attendus le we prochain.
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Ce n’était pas facile à accepter, mais avec autant d’avance, une semaine de navigation, on pouvait se le permettre. N’importe quel tourdumondiste signerait pour passer le cap Horn en tête de course avec seulement deux jours d’avance.
Après, si je ne casse rien, si je n’ai pas d’avarie majeure et pas de météo dramatique, ils auront quand même du mal à revenir. Forcément, s’ils avaient été juste à côté, cela aurait été un problème… Peut-être qu’on se serait appelés et on aurait passé un Gentlemen’s Agreement : écoute, on n’ira pas là, on règlera notre problème plus tard.
Apprendre à lâcher prise, à changer de rythme
Habituellement, j’ai toujours du mal à me sentir bien quand je ne fais pas avancer mon bateau. Mais c’était l’un des objectifs de ce tour du monde: apprendre à lâcher prise, à changer de rythme quand c’est nécessaire. Et je trouve que j’ai plutôt bien réussi à le faire pour le moment, sauf au début avec Tom (Laperche). On s’est pas mal tiré la bourre quand même.
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?Distance à l’arrivée – 7 803,8 nm
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Là, je stresse davantage pour le bateau. J’ai occupé ces journées à tout vérifier, passer en revue les moindres petits détails, réparer les petites blessures anodines du navire. On repasse sur les voiles, on bidouille sur les drisses. J’ai bossé 14 heures par jour, et j’aimais bien: ça m’évitait de penser, et j’avais le sentiment de continuer à travailler pour gagner ma course. Je repars vachement plus serein et reposé car je pouvais enfin dormir la nuit !
C’était une pause imprévue, mais bienvenue. Souvent dans ces mers-là, je suis à 35 noeuds (65 km/h), et je n’en profite pas. Là d’être à 10 noeuds, de voir la belle houle, de pouvoir sortir sur le filet, me promener, travailler à l’avant du bateau, à l’arrière, c’était très sympa.
J’ai vraiment eu l’impression de voyager pour une fois, de pouvoir contempler. J’ai vécu des moments assez agréables. C’était très reposant, car le reste du temps, cela ne s’arrête jamais, la vitesse permanente, le bruit. De tout arrêter un peu, quel bonheur !
Ce sera mon 4e cap Horn, et c’est toujours un moment de grand soulagement. Je m’attends à ce que celui-là soit mon plus beau souvenir, car il y aura une émotion très particulière de passer cette marque en tête lors de mon premier tour du monde en solitaire. Et on ne peut jamais savoir, ce sera peut-être le dernier ».
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