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Ultradroite: quatre hommes aux assises des mineurs en juin, une première

mai 12, 2023 9:23, Last Updated: mai 12, 2023 9:45
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Une audience criminelle aux allures de première pour l’ultradroite : quatre hommes appartenant à la mouvance néonazie seront jugés en juin, soupçonnés d’avoir préparé entre 2017 et 2018 des projets terroristes criminels.

Comme l’un des mis en cause avait 17 ans au moment des faits, ces quatre protagonistes seront jugés par la cour d’assises des mineurs spéciale à Paris du 19 au 30 juin, a appris l’AFP mercredi, confirmant une information de Politis. Un cinquième protagoniste, âgé de 14 ans au moment des faits, a déjà été jugé en décembre par le tribunal pour enfants de Paris, statuant en matière criminelle, et condamné à deux ans d’emprisonnement avec sursis, selon une source judiciaire.

Ces procès criminels pour ces hommes aujourd’hui âgés de 19 à 28 ans constituent une première pour l’ultradroite, alors que de précédents dossiers comme celui des Barjols ou du groupuscule OAS ont été jugés ces dernières années par le tribunal correctionnel de Paris

« Projet WaffenKraft »

D’après l’ordonnance de mise en accusation, dont l’AFP a eu connaissance, signée en mai 2022 mais révélée mercredi par Politis, les cinq protagonistes « adhéraient aux idées véhiculées par l’extrême droite néonazie ». Ils avaient participé à un forum de discussion privé nommé « projet WaffenKraft », soit « puissance de feu » créé par l’un des protagonistes, mineur de 17 ans.

D’après les juges, son objectif était « clairement, au-delà des échanges sur l’idéologie, de préparer des actions qui avaient très rapidement dérivé vers l’élaboration de projets terroristes sous l’impulsion d’Alexandre Gilet », qualifié de « plus radical et plus motivé » du groupe. « Je pense qu’il voulait faire pire que le Bataclan », dira de lui un autre mis en cause. Incarcéré en décembre 2018, Alexandre Gilet « avait pris le leadership du groupe et proposé différents projets d’attaques contre des personnalités ou des communautés », soutiennent les magistrats instructeurs.

Une commande d’engins explosif

L’enquête a démarré par l’interpellation en septembre 2018 de ce gendarme adjoint volontaire dans l’Isère alors âgé de 22 ans, après un signalement sur une commande de sa part de produits rentrant dans la composition d’engins explosifs. L’enquête va rapidement révéler qu’Alexandre Gilet avait à son domicile des armes « régulièrement détenues », dont des kalachnikovs, mais aussi des munitions, un équipement de laboratoire et des produits précurseurs d’explosifs (TATP). Par curiosité, déclarera-t-il. « De nombreuses photographies et vidéos d’entraînement avec ses explosifs artisanaux et ses armes étaient mises en évidence, notamment avec plusieurs personnes en forêt en juillet 2018 », notent les magistrats instructeurs.

Les quatre autres participants à cette séance de tir seront interpellés entre octobre 2018 et mai 2019 : un mineur de 17 ans ; un majeur surnommé « Panzer », Gauthier Faucon ; un ouvrier agricole âgé de 18 ans, Evandre Aubert, et le collégien.

« Un manifeste de passage à l’acte terroriste »

Ouverte sur des faits de droits commun à Grenoble, l’information judiciaire sera entre temps récupérée par des magistrats antiterroristes parisiens après la découverte de plusieurs éléments troublants.

D’abord « un manifeste de passage à l’acte terroriste, détaillant notamment des fusillades ou des actions au camion-bélier, rédigé » par Alexandre Gilet « à la manière des tueurs de masse de l’ultra-droite », puis « des recherches » de sa part « sur ce qui s’apparentait à des cibles » : mosquées, institutions juives ou quartiers à fortes communautés étrangères. Son comportement a aussi inquiété la justice : pendant son contrôle judiciaire initial, il « entame une formation de conducteur de poids-lourd conformément aux préconisations de son manifeste ».

Neuf attaques déjouées depuis 2017

« Ce dossier est le produit des attentats survenus sur le sol français depuis 2015 et de la haine profonde partagée par des millions de Français à l’égard d’un phénomène islamiste découvert à l’époque et le constat d’une défaillance en chaîne de l’État et des pouvoirs publics qui n’ont pas été en mesure d’accompagner et d’anticiper ces phénomènes de radicalisation », a estimé son avocate, Me Fanny Vial. Elle a dénoncé la situation de son client, « très jeune homme détenu à l’isolement depuis quatre ans et cinq mois (…) à qui l’on n’a jamais admis la possibilité d’une réinsertion ».

Neuf attaques attribuées à l’ultradroite ont été déjouées depuis 2017, selon le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin début avril. Une dizaine de procédures en lien avec l’ultradroite ont été ouvertes ces dernières années au pôle antiterroriste de Paris. Une menace « prise très au sérieux » et qui « monte en puissance », selon un magistrat antiterroriste parisien.

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