Jusqu’à 1,5 million de manifestants attendus par les syndicats dans toute la France pour un 1er mai « historique » et « festif » : l’intersyndicale entend montrer lundi qu’elle n’abandonne pas le combat contre la réforme des retraites, même si les stratégies pourraient rapidement diverger sur la suite du mouvement.
« Je pense que demain on aura des centaines de milliers de manifestants, peut-être un million ou un million cinq », a estimé dimanche le numéro un de la CFDT, Laurent Berger, invité du grand jury RTL-LCI-Le Figaro, rappelant qu’il y avait « 300 points de rassemblement ». Les autorités tablent de leur côté sur 500 à 650.000 personnes sur tout le territoire, dont 80 à 100.000 à Paris.
??️Retraites : « Je ne les accepte pas les 64 ans, je ne les accepterai jamais. Non je ne tourne pas une page », assure Laurent Berger (@CfdtBerger) dans #LeGrandJury. pic.twitter.com/6cYWPLYwNF
— Le Grand Jury (@LeGrandJury) April 30, 2023
« Cette fête des travailleurs se déroule dans l’unité syndicale et rien que ça, c’est historique », s’est réjoui dans le JDD le secrétaire général de FO, Frédéric Souillot. Le dernier défilé unitaire avec les huit principaux syndicats remonte à 2009, face à la crise financière (la CGT avait compté près de 1,2 million de manifestants, la police 456.000). En 2002 (900.000 à 1,3 million de personnes), les syndicats avaient aussi fait bloc pour « faire barrage » à Jean-Marie Le Pen.
« Ce sera familial, festif », a promis la numéro un de la CGT Sophie Binet. « Tout le monde peut aller manifester » en ce jour férié, « j’appelle le maximum de citoyens (…) à venir demain même s’il sont en vacances », a exhorté de son côté M. Berger, tandis que le député LFI François Ruffin a invité dimanche sur BFMTV « tous les Français et les Françaises (…) à aller prendre un grand bain de soleil, bronzer en poussant les poussettes dans les rues de Paris et de partout dans le pays ».
12.000 policiers et gendarmes mobilisés
Dans la capitale, le cortège s’élancera à 14h de la place de la République vers la Nation, avec la présence annoncée de syndicalistes du monde entier. Les autorités attendent aussi 1500 à 3000 « gilets jaunes » et 1000 à 2000 individus « à risque », de source policière. 12.000 policiers et gendarmes seront mobilisés, dont 5000 à Paris.
Interrogée sur France 3 dans l’émission Dimanche en politique concernant la présence éventuelle de « black blocs », Sophie Binet a estimé que c’était « un problème ». « Je préférerais qu’ils ne viennent pas, s’ils veulent faire leurs actions, qu’ils le fassent sans se greffer sur nos manifestations qui sont pacifiques, je trouve que c’est choquant », a-t-elle dit. Dans le même temps, elle s’est dite « inquiète » concernant « l’annonce de drones pour la sécurisation des cortèges », jugeant qu’on est « sur une pente dangereuse ».
Le trafic aérien s’annonce très perturbé avec 25 à 33% de vols annulés dans les plus grands aéroports français, des perturbations qui devraient se poursuivre à Orly mardi.
Deux nouvelles dates de mobilisation
Ce 1er mai, qui fait figure de 13e journée de mobilisation intersyndicale contre la réforme des retraites, intervient pourtant après la validation de l’essentiel du texte par le Conseil constitutionnel et sa promulgation dans la foulée.
Les syndicats tournent leurs regards vers deux nouvelle dates : le 3 mai, lorsque les « Sages » se prononceront sur une deuxième demande de référendum d’initiative partagée (RIP) et le 8 juin, lorsqu’une proposition de loi du groupe des députés Liot abrogeant la réforme sera au menu de l’Assemblée.
Si dans la rue comme dans les sondages la colère reste vive, avec des « casserolades » qui accompagnent les déplacements de l’exécutif, au sein du gouvernement certains veulent croire « qu’on a passé le plus gros en terme de contestation » et que ce 1er mai « peut être le baroud d’honneur de l’interprofessionnel ».
Emmanuel Macron s’est donné le 17 avril « 100 jours d’apaisement » et « d’action » pour relancer son quinquennat. Sa Première ministre, Élisabeth Borne, va envoyer des invitations aux syndicats « la semaine prochaine », selon Matignon.
Et des divergences entre eux commencent à pointer, même si Frédéric Souillot assure que l’intersyndicale « n’est pas fragilisée, il n’y a pas un gravier entre nous ». D’ores et déjà, Laurent Berger a annoncé dimanche que la CFDT « irait discuter » avec la Première ministre si elle y était invitée, tandis que Sophie Binet a rappelé que l’intersyndicale avait prévu de prendre la décision « ensemble » mardi matin.
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