Un acquittement et 15 mois de prison avec sursis ont été prononcés par la cour d’assises de Paris vendredi soir à l’encontre de deux frères, boulangers à Montmartre, accusés d’avoir tué un cambrioleur.
Le parquet avait requis deux et cinq ans de prison à leur encontre en précisant que la cour pouvait l’« assortir en large partie d’un sursis ».
La cour a reconnu l’état de légitime défense pour Thibault Tordeux, 34 ans, auteur des coups de couteau mortels. Mais pas pour son frère cadet Geoffroy, 33 ans, qui avait tapé la victime alors qu’elle agonisait sur un trottoir. Geoffroy et Thibault Tordeux étaient accusés de « violence ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Ils encouraient chacun quinze ans de réclusion.
Les deux accusés n’ont pas souhaité s’exprimer après les plaidoiries de leurs avocats, Mes Xavier Nogueras et Martin Desrues, qui avaient plaidé l’acquittement.
L’avocat de la partie civile, Me Gaël Zouaoui, avait demandé à la cour de « respecter la victime », Hans Montel, un homme de 40 ans, toxicomane, connu pour des faits de cambriolage et tentative de cambriolage sans violence. « La vie de Hans Montel vaut et valait celle de n’importe quel homme », a rappelé l’avocat général dans ses réquisitions.
Six coups de couteau « à l’aveugle »
Le 6 mai 2017, vers 03h30 du matin, les deux frères – Thibault l’aîné est boulanger et son frère cadet pâtissier – avaient surpris un cambrioleur qui tentait d’ouvrir leur tiroir-caisse après avoir forcé la porte de leur boutique.
Thibault avait porté plusieurs coups de couteau au cambrioleur, non armé, alors qu’il tentait de s’enfuir, caché derrière un rideau. Geoffroy avait poursuivi le voleur dans la rue et lui avait asséné des coups alors qu’il était à terre, agonisant sur le trottoir à une vingtaine de mètres de la boulangerie.
« Ni moi ni mon frère n’avions l’intention de tuer cet homme », a dit Geoffroy au cours de l’audience. « Je pense que c’est une personne qui n’a jamais eu de chance dans la vie, que quelqu’un aurait dû lui tendre la main. Et que je ne l’ai pas fait », avait dit de son côté Thibault en parlant de la victime.
Après que l’aîné eut donné au moins six coups de couteau « à l’aveugle » au cambrioleur, son frère cadet l’a poursuivi dans la rue avec le cric abandonné par le voleur. Quand l’homme, grièvement blessé au thorax, s’est effondré sur le trottoir, le frère cadet lui a asséné des coups de cric sur les jambes et les bras. Des témoins de la scène ont rapporté les derniers mots de la victime : « Aidez-moi s’il vous plait, je vais mourir. »
Dans ses réquisitions, l’avocat général s’est étonné : « Pourquoi frapper un homme à terre ? Pourquoi ne pas appeler le Samu ? »
À l’arrivée des premiers témoins, Goeffroy était revenu à la boulangerie. Son frère aîné avait nettoyé le couteau ensanglanté et mis son pantalon taché de sang dans le bac à linge sale. Les deux hommes avaient repris leur travail en attendant l’arrivée de la police. Thibault a raconté à la cour qu’il avait été étonné que les policiers lui passent les menottes. « Je pensais qu’ils étaient là pour le cambriolage », a-t-il dit.
Les accusés « porteront toujours le poids de ce drame », a estimé le représentant du ministère public. « Faut-il ajouter de la dévastation et du désarroi dans les vies de Geoffroy et Thibault Tordeux, mais aussi de leurs compagnes et leurs enfants ? », s’est-il interrogé. « Sont-ils dangereux ? Ma réponse est non. Y a-t-il un risque de récidive ? En mon âme et conscience, je ne le pense pas », a dit l’avocat général.
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