Les médias chinois ont confirmé récemment que les autorités chinoises avaient condamné le professeur Liu Pengfei à deux ans d’emprisonnement pour avoir hébergé un blog et un forum sur la populaire plate-forme de médias sociaux WeChat pour permettre aux utilisateurs de discuter des affaires courantes.
En juin, Weiquan Wang, un site Web chinois consacré à l’actualité des militants des droits de l’homme, a rapporté la condamnation de Liu Pengfei par un tribunal de district de la ville de Chongqing, dans le sud-ouest de la Chine.
M. Liu est le créateur et l’administrateur d’un forum WeChat populaire nommé « Rapport mondial », dans lequel lui et d’autres partageaient des nouvelles et des commentaires, la plupart provenant de sites Web basés hors de Chine publiés en langue chinoise.
Les charges retenues contre Liu Pengfei restent floues. Il sera libéré en avril 2020.
Le forum Rapport mondial de M. Liu, créé pour la première fois en 2014 sous la forme d’un forum WeChat, avait pour objectif de partager « différentes voix » venant de l’étranger avec les internautes chinois, selon les médias chinois. Il a également maintenu un compte sur Twitter, qui est interdit en Chine, et un blog qui fonctionne toujours.
En date de 2017, le forum WeChat a publié plus de 20 000 articles sur l’actualité, selon Radio Free Asia (RFA). Beaucoup ont abordé des sujets jugés « politiquement sensibles » par Pékin, tels que le massacre de la place Tiananmen, l’analyse des luttes intestines entre factions du parti et les critiques des gouvernements internationaux à l’égard du régime chinois.
Malgré les nombreuses tentatives du régime de fermer le forum Rapport mondial au fil des ans, le forum de M. Liu a réussi à survivre en se branchant sur différents forums de discussion, amassant des milliers de fans. Le blog a également changé l’adresse de son site Web à plusieurs reprises immédiatement après avoir été censuré.
Mesures de répression
Le 6 septembre 2017, la police a arrêté M. Liu et a fait une descente à son domicile en Chine, selon les médias chinois.
Le lendemain, la plus haute autorité chinoise de censure d’Internet, la Cyberspace Administration of China (Bureau d’information sur l’Internet d’État), a publié une nouvelle réglementation stipulant que les créateurs de forums et de discussions de groupe en ligne seraient tenus responsables si des commentaires « inappropriés » étaient faits par les utilisateurs.
Depuis, les administrateurs du Web comme M. Liu sont punis, notamment par des fermetures de comptes, des avertissements verbaux de la police locale ou des arrestations et des détentions.
Les messages envoyés entre individus, en particulier ceux qui sont partagés dans des groupes de discussion populaires, ont fait l’objet d’une surveillance étroite de la part de la police d’Internet chinoise depuis l’entrée en vigueur de la réglementation.
Certains internautes qui ont reçu la visite de la police et des avertissements officiels ont révélé sur les médias sociaux qu’au cours de ces réunions, ils étaient tenus de s’engager par écrit à ne pas se joindre à un groupe de discussion lié au forum Rapport mondial de Liu Pengfei, ni à lire, écouter ou transmettre des informations politiquement sensibles similaires.
Historique
Liu Pengfei est titulaire d’un doctorat en physique technique et en chimie appliquée de la prestigieuse Université chinoise de Pékin et a étudié à l’Institut de recherche nucléaire de la principale université de Tsinghua, peut-on lire sur les médias chinois.
Compte tenu du grand nombre d’abonnés au forum Rapport mondial, les autorités locales ont essayé de garder au secret la peine de Liu Pengfei et ont fait pression sur sa famille pour qu’elle ne contacte pas les médias ni les avocats des droits de l’homme, a rapporté RFA.
L’administrateur de forum Liu a commencé son forum à peu près au moment où le mouvement pro-démocratique « révolution des parapluies » à Hong Kong a pris son envol. Pékin avait lancé une campagne nationale pour censurer toute nouvelle concernant les manifestations massives, afin de maintenir la « stabilité sociale ».
Entre-temps, les récentes manifestations à Hong Kong contre un projet de loi controversé sur l’extradition qui permettrait à des suspects de tous genres d’être inculpés et d’être jugés en Chine continentale ont de nouveau incité les autorités chinoises à réprimer le discours sur Internet.
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