Les 338 députés ont ovationné un ancien membre de la Waffen SS, une division nazie accusée de crimes de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale, lors de la visite du président ukrainien Volodymyr Zelenskyy au Parlement, à Ottawa, le 22 septembre.
Le président de la Chambre, Anthony Rota, a qualifié le Canadien d’origine ukrainienne Yaroslav Hunka, présent à la Chambre des communes, d’« ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale qui s’est battu pour l’indépendance de l’Ukraine contre les Russes et qui continue à soutenir les troupes aujourd’hui, à 98 ans ».
Après 30 secondes d’applaudissements nourris par l’ensemble des députés, M. Rota a ajouté : « C’est un héros ukrainien, un héros canadien, et nous le remercions pour tous les services qu’il a rendus ».
M. Rota s’est excusé deux jours plus tard, le 24 septembre, déclarant dans un message sur les médias sociaux que la décision de reconnaître M. Hunka « était entièrement la mienne, l’individu en question étant de ma circonscription et ayant été porté à mon attention ».
« J’ai par la suite pris connaissance d’informations supplémentaires qui me font regretter ma décision », a-t-il déclaré sur X, anciennement connu sous le nom de Twitter.
« Je tiens particulièrement à présenter mes plus sincères excuses aux communautés juives du Canada et du monde entier », a-t-il ajouté, soulignant que « j’accepte l’entière responsabilité de mes actes ».
Atrocités de masse
De 1932 à 1933, la population ukrainienne a été décimée par une famine aggravée par les politiques mises en œuvre par l’Union soviétique. La décision du Parti communiste de collectiviser l’agriculture a entraîné une baisse de la production alimentaire en Ukraine, provoquant la mort de près de cinq millions d’Ukrainiens dans une famine connue sous le nom d’Holomodor.
Lorsque l’Allemagne nazie a envahi l’Union soviétique en 1941, elle a été accueillie en libératrice par de nombreux Ukrainiens, qui pensaient que ce pays serait un allié naturel dans leur quête d’indépendance. Alors que les nouveaux occupants de l’Ukraine continuaient à les brutaliser, en 1943, l’Organisation des nationalistes ukrainiens avait organisé une force multinationale pour combattre au nom de l’armée nazie qui battait en retraite.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, M. Hunka a combattu dans la première division ukrainienne, qui est un autre nom pour la quatorzième division de grenadiers Waffen de la SS, l’aile militaire du Parti nazi, selon un article publié le 24 septembre par l’organisation juive à but non lucratif Forward.
L’unité, également appelée SS Galichina, a été formée en 1943. Elle était composée de recrues de la région de Galicie, dans l’ouest de l’Ukraine, et a été armée et entraînée par les nazis, selon l’article.
Lors du procès de Nuremberg qui a suivi la guerre, le Tribunal militaire international a déclaré que les Waffen SS étaient une organisation criminelle ayant commis des atrocités de masse.
Après la guerre, environ 2000 vétérans du SS Galichina ont été autorisés à s’installer au Canada. L’unité est alors connue sous le nom de Première division ukrainienne.
« Choquant »
Le Centre canadien pour les affaires juives et israéliennes a fait savoir le 24 septembre sur X (anciennement Twitter), qu’il était « profondément troublé et dérangé » d’apprendre qu’un ancien membre de la Division SS Galicie, « qui a activement participé au génocide des Juifs, a été honoré par une ovation au Parlement canadien ».
« La communauté juive du Canada soutient fermement l’Ukraine dans sa guerre contre l’agression russe. Mais nous ne pouvons pas rester silencieux lorsque les crimes commis par les Ukrainiens pendant l’Holocauste sont occultés, » a ajouté l’organisation.
Les Amis du Centre Simon Wiesenthal pour les études sur l’Holocauste se sont déclarés « profondément troublés » par l’incident. « Le fait qu’un vétéran qui a servi dans une unité militaire nazie ait été invité et ovationné par le Parlement est choquant, » a souligné l’organisation dans un communiqué de presse du 24 septembre.
« Des excuses doivent être présentées à tous les survivants de l’Holocauste et à tous les vétérans de la Seconde Guerre mondiale qui ont combattu les nazis, et une explication doit être apportée pour comprendre comment cet individu est entré dans les couloirs sacrés du Parlement canadien pour recevoir la reconnaissance du président de la Chambre et une standing ovation. »
« Une erreur de jugement consternante »
Alors que les excuses de M. Rota affirment que « personne, y compris les collègues parlementaires et la délégation ukrainienne, n’était au courant de mon intention ou de mes remarques [sur M. Hunka] avant que je ne les prononce », le chef conservateur Pierre Poilievre a fourni des informations différentes qui « ont été révélées aujourd’hui ».
Dans un message publié sur X le 24 septembre, peu après les excuses de M. Rota, M. Poilievre a écrit que « [le premier ministre] Justin Trudeau a personnellement rencontré et honoré un ancien combattant de la 14e division Waffen Grenadier de la SS (une division nazie). Les libéraux ont ensuite fait en sorte que cet ancien combattant nazi soit reconnu » au Parlement lors de la visite du président ukrainien ce jour-là.
« Il s’agit d’une erreur de jugement consternante de la part de Justin Trudeau, dont le bureau du protocole personnel est responsable de l’organisation et de l’approbation de tous les invités et de la programmation des visites d’État de ce type », a ajouté M. Poilievre.
« M. Trudeau doit s’excuser personnellement et éviter de rejeter la faute sur les autres, comme il le fait toujours. »
La députée conservatrice Melissa Lantsman, juive canadienne, a affirmé dans un message sur X le 24 septembre : « Les rapports sur l’histoire de cet individu sont très troublants. Le gouvernement libéral devrait expliquer pourquoi il a été invité et honoré ».
« Le premier ministre ne l’a pas rencontré »
En réponse à la déclaration de M. Poilievre, la députée libérale Karina Gould, leader du gouvernement à la Chambre des communes, a publié un message sur X pour défendre M. Trudeau.
« Le Président a maintenant clairement indiqué qu’il était responsable de l’invitation de cette personne à la Chambre. Le gouvernement n’a joué aucun rôle. Il ne savait pas qu’il serait là », a-t-elle écrit.
« Le premier ministre ne l’a pas rencontré. Je suis profondément troublé par ce qui s’est produit. J’exhorte les députés à éviter de politiser cet incident. »
Quelques minutes plus tard, le député libéral Anthony Housefather, président du groupe interparlementaire Canada-Israël, a posté un message à ce sujet.
« Maintenant que les excuses du Président ont été présentées, je veux m’assurer que nous ne laissons pas cette erreur diviser les Canadiens juifs, les Canadiens d’origine ukrainienne et tous les Canadiens qui soutiennent l’Ukraine contre l’agression du gouvernement russe », a-t-il écrit.
L’ambassade de la Fédération de Russie au Canada a déclaré le même jour sur X que le Parlement canadien avait ovationné « le boucher SS nazi ». « Encore une insulte du régime Trudeau à la mémoire des fils et des filles du Canada qui ont combattu le nazisme pendant la Seconde Guerre mondiale, » a ajouté l’ambassade.
Soutien à l’Ukraine
Lors de la visite de deux jours du président ukrainien au Canada, les 21 et 22 septembre, le premier ministre Justin Trudeau a promis un nouvel investissement de 650 millions de dollars d’aide militaire sur trois ans pour la défense du pays contre la Russie.
Avec cette annonce, le cabinet du premier ministre rappelle que le Canada a fourni à l’Ukraine, depuis le début de l’année 2022, un soutien total engagé de plus de 9,5 milliards de dollars sous forme d’aide multidimensionnelle.
« Le président Zelenskyy et le peuple ukrainien tiennent en équilibre l’ordre fondé sur des règles, » a affirmé M. Trudeau au président ukrainien devant la Chambre des communes.
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