Bao Tong a été autrefois responsable d’une commission de réforme politique entreprise par le Parti communiste chinois (PCC) à la fin des années 1980. Il a travaillé sous la direction du secrétaire général Zhao Ziyang, le défunt dirigeant chinois connu pour sa tentative funeste de libéraliser le régime. En 1989, durant les manifestations et le massacre de Tiananmen, Bao Tong avait été arrêté et condamné à sept ans de prison.
Il vit maintenant à Pékin sous surveillance renforcée et est également devenu un spécialiste réputé du PCC. Il partage ici son avis sur la portée de la récente recrudescence des poursuites intentées par les citoyens chinois contre Jiang Zemin, l’ancien dirigeant du Parti communiste dont le « règne » est de plus en plus associé à l’enracinement de la corruption et à l’héritage de graves violations des droits de l’homme.
Nombre de ces poursuites sont initiées par des pratiquants du Falun Gong, une méthode de méditation de la tradition chinoise, qui subit une persécution lancée par le régime communiste en juillet 1999, lorsque Jiang Zemin avait ordonné d’éradiquer cette pratique, violant de manière flagrante la Constitution chinoise.
Voici une version résumée et éditée des paroles de Bao Tong prononcées lors d’une interview avec le journaliste Chang Chun de l’édition chinoise d’Epoch Times.
Poursuivre un tyran en justice
La Constitution chinoise protège le droit de poursuivre en justice n’importe quel représentant du pouvoir public, comme Jiang Zemin. Concernant la question du Falun Gong, Jiang Zemin a imposé illégalement son opinion personnelle au régime et au peuple.
Selon la constitution, les citoyens peuvent surveiller leurs représentants, qu’ils soient en exercice ou non. Ils peuvent aussi surveiller et examiner les dirigeants au pouvoir ou ceux du passé.
Les poursuites judiciaires, les plaintes enregistrées et la surveillance sont tous des moyens d’éveiller les consciences. Lorsqu’une personne a un objet de plainte, il le fait connaître. C’est le fonctionnement d’une société normale.
Imposer sa volonté
La persécution menée par Jiang Zemin contre le Falun Gong représente un crime contre l’humanité. Utilisant sa position de dirigeant, Jiang Zemin a lancé la répression groupe spirituel de méditation visant le maintien du bien-être et de la santé.
Avant le début de la persécution en 1999, l’ancien président chinois Zhu Rongji avait déclaré au Quotidien du Peuple que le Falun Gong était légal et que le Parti communiste chinois ne l’interdirait pas. Il a ajouté qu’il espérait que les pratiquants de Falun Gong aient la quiétude d’esprit leur permettant de continuer leur pratique.
Pourtant, un mois plus tard, je me souviens que le secrétaire général du Parti communiste (Jiang Zemin) a effacé les paroles du Président comme on jette un vieux papier.
Les paroles de Zhu Rongji étaient un reflet de la loi. Ce que Jiang Zemin a fait, d’un point de vue légal, relève du banditisme. Il a illégalement imposé sa volonté à l’État et au peuple, une chose vraiment terrible.
Il a transgressé la loi, non seulement après s’être retiré de ses fonctions, mais aussi lorsqu’il était à la tête de l’État et secrétaire général du Parti. C’est à cause de cela que les gens sont indignés et qu’ils ressentent le besoin de porter l’affaire en justice. Je pense que cette action est juste.
Anarchie
Les mesures prises par Jiang Zemin ignoraient la loi. Les Chinois n’avaient aucun moyen de s’opposer à lui, de le critiquer, ou de le contrôler.
Il a hérité de la pire caractéristique de Mao Zedong, qui avait le pouvoir absolu sur l’État et l’ensemble des lois. Les gens devaient tolérer cette situation sans émettre la moindre plainte.
Comment une personne pouvait-elle affirmer autant de pouvoir juste parce qu’il était secrétaire général ou président d’État ? Cela est contraire à la loi. L’impact est particulièrement négatif. Jiang Zemin, Mao Zedong et Deng Xiaoping avaient tous une chose en commun – le non-respect de la loi. Les torts causés au moral de la nation chinoise et à la société sont indescriptibles.
La persécution d’un citoyen est la persécution de tous les citoyens et de la société.
Les pratiquants de Falun Gong sont aussi des citoyens. Si Jiang Zemin a pu utiliser de tels moyens illégaux pour persécuter les pratiquants de Falun Gong, il aurait pu utiliser ces mêmes moyens pour réprimer n’importe qui. Il a miné la conscience humaine et déformé tout le concept du bien et du mal. Il a causé du tort au développement social et à la civilisation.
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Les poursuites judiciaires ne sont pas politiques
Qu’est-ce qu’un mouvement politique ? C’est utiliser le pouvoir politique pour attaquer quelque chose*. Les questions comme les élections libres à Hong Kong reflètent les aspirations du peuple, ce ne sont pas des mouvements politiques.
Si Jiang Zemin est coupable de crimes, il est coupable même si vous ne le présentez pas en justice. Personne n’a jamais poursuivi le premier empereur Qin Shihuang. Il est mort il y a plus de 2.000 ans. Mais tout le monde sait que Qin Shihuang a brûlé les livres et enterré vivant des intellectuels. Il a commis des crimes. Y a-t-il un mouvement politique qui a eu besoin de se battre contre Qin Shihuang ?
Je pense que l’État devrait aussi soutenir les poursuites contre Jiang Zemin en conformité avec la loi.
Ce n’est pas seulement à moi, en tant que citoyen, de soutenir, je crois que l’État devrait aussi soutenir les poursuites contre Jiang Zemin en conformité avec la loi. L’État devrait soutenir chaque citoyen dans ses démarches judiciaires et les protéger de la répression.
Il est ridicule de réprimer, manipuler et bloquer l’opinion. Seuls Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin étaient suffisamment stupides pour croire qu’en trichant, en réprimant les gens et en les réduisant au silence, ils contrôlaient la société. Il existe encore des gens comme ça, mais ils sont de moins en moins nombreux et leurs méthodes sont de moins en moins efficaces.
* Le terme « mouvement politique » en chinois fait couramment référence à un mouvement communiste, avec tous les abus qui l’accompagnent.
Version originale : An Old Chinese Political Reformer Weighs in on Lawsuits Against Former Leader
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