« S’apitoyer sur son sort est la pire des émotions », a déclaré un jour l’écrivain et acteur Stephen Fry lors d’une interview à la BBC. « C’est aussi la plus destructrice. C’est, pour paraphraser légèrement ce que dit Oscar Wilde au sujet de la haine, (et je pense qu’en fait la haine est une sous-catégorie de l’apitoiement sur soi et non l’inverse), elle détruit tout ce qui l’entoure, sauf elle-même ».
Je soupçonne la plupart d’entre nous de céder à l’occasion à la question du « Pourquoi moi ? ». Lorsque la voiture tombe en panne alors que j’ai une réunion importante, lorsque mon weekend à la plage est gâché par la pluie, la grippe et les moustiques, il se peut que je m’apitoie brièvement sur mon sort, mais c’est un état d’esprit qui, comme le nuage qui l’a engendré, va rapidement disparaître.
En réalité, il ressort clairement de son entretien que ce dont M. Fry parle, c’est de ceux qui, chaque jour, revêtent les habits de l’apitoiement, ceux qui attribuent leurs défauts et leurs malheurs à, par exemple, leur origine raciale ou sexuelle, à leurs parents, à leur conjoint, à leur employeur, ou à toute autre chose qu’eux-mêmes.
Lorsque j’étais à l’université, je connaissais un étudiant de 23 ans qui blâmait son père pour tout ce qui n’allait pas dans sa vie – son incapacité à apprendre à conduire, son retard dans l’obtention d’un diplôme de théâtre, sa consommation d’alcool. Plusieurs de ses amis validaient ses explications, et l’appeler le « pauvre Jean-Philippe » et ils faisaient preuve d’une grande sympathie à l’égard du récit de ses malheurs. Moi, je me refusais à faire de même. Peut-être étais-je trop implacable et dur, mais quand je regardais le « pauvre Jean-Philippe », ce que je voyais c’était un homme talentueux et intelligent qui préférait rester assis dans son appartement à s’apitoyer sur son sort plutôt que de se frotter au monde.
S’apitoyer sur son sort est un poison. C’est une attitude humiliante et destructrice. Cela tue les rêves, fait fuir les amis et déforme le sens de la réalité. C’est un défaut indigne d’un adulte. Si tu blâmes les autres quand les choses vont mal, si tu joues la carte de la victime afin non seulement de te faire plaindre mais aussi de te décharger de tes responsabilités, alors tes amis et ta famille n’ont probablement qu’un mot en tête : « Stop! ».
Que les choses soient claires, les vraies victimes existent : des écoliers assassinés, des femmes violées sous la menace d’un couteau, des hommes, des femmes et des enfants tués par des génocidaires, des trentenaires luttant contre le cancer, des personnes chassées de leur emploi sans qu’ils y soient pour quoi que ce soit. Ces personnes méritent notre compassion. Mais les personnes qui pleurent et se lamentent sans cesse sur leur sort (« Qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ? ») rabaissent les tragédies et la souffrance des autres.
Ceux qui ont l’habitude de se poser en victimes courent également le risque de tomber dans le narcissisme. La pitié qu’ils éprouvent pour eux-mêmes engendre une fausse estime de soi. Ils sont au centre d’un drame, entourés d’ennemis et d’adversité, et ils rejettent l’antidote à ce poison toxique, qui est n’est rien d’autre que l’auto-responsabilité.
Enfin, ceux qui s’apitoient sur leur sort pour attirer l’attention des autres ou pour excuser leur propre défaillance devraient se poser la question suivante : « Est-ce que je veux vraiment être une victime ? Ai-je envie que les autres éprouvent de la pitié pour moi ? » Nous apprécions que les autres fassent preuve de compréhension et de sympathie lorsque nous sommes confrontés à des difficultés, mais pourquoi voudrions-nous qu’ils aient pitié de nous ?
Voici trois conseils pour sortir de cet état d’esprit. Se considérer comme un survivant, s’entraîner à être reconnaissant et accomplir un acte de gentillesse envers autrui.
En fait, la formule permettant d’éviter le syndrome de la victime est très simple. Cherchez la force en vous. Assumez la responsabilité de vos erreurs. Blâmez les autres lorsqu’ils l’ont mérité, mais examinez d’abord vos propres fautes.
Lorsque vous prendrez votre vie en main, vous serez plus heureux, et votre entourage aussi.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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