Depuis 25 ans, Philippe Le Galliot préside une association venant en aide aux personnes de grande précarité à Auray (Morbihan), nommée en hommage à Stéphane Bouillon, un SDF retrouvé mort dans la rue à l’âge de 32 ans. Les deux hommes avaient un lien d’amitié particulier, le même genre de lien qui unit les bénévoles et les bénéficiaires de l’association.
Les prémisses de l’histoire de l’association Stéphane Bouillon ont été posées dans le porche de l’église Saint-Gildas au centre-ville de la jolie commune d’Auray. C’est là que le jeune SDF et Philippe Le Galliot se croisaient régulièrement.
Stéphane vivait dans la rue et faisait la manche à cet endroit. De son côté, Philippe Le Galliot était diacre, un ordre qui se trouve juste en-dessous de la prêtrise chez les catholiques. « Nous avons fini par entrer en relation, Stéphane ayant été attiré par ma qualité de diacre et moi personnellement qui avais accepté le diaconat en raison de l’attention aux pauvres, ce qui est le fondement de cet ordre », a confié M. Le Galliot à Epoch Times.
Les relations entre les deux hommes ont évolué en une relation d’amitié, mais aussi en une relation père-fils, bien que leur différence d’âge était de moins de dix ans. Le jeune SDF a invité celui qu’il avait « en quelque sorte choisi comme son père adoptif » chez lui, dans son monde, « comme un ami invite un ami ». C’est ainsi que le diacre a découvert un monde dont il ignorait tout : la rue, les squats, le local d’accueil municipal etc.
« Nous avons ainsi tâtonné et vécu de bons moments et d’autres plus difficiles, Stéphane étant écrasé par son alcoolisme jusqu’à sa mort soudaine », se souvient le diacre. Un deuxième décès a suivi de quelques semaines celui du jeune homme. Il s’agissait de Pierre Béguet, qui vivait lui aussi dans la rue.
« À la suite de ces deux décès, tous les amis de Stéphane (de la rue et pas de la rue) n’ont pas voulu que l’histoire s’arrête là », raconte Philippe Le Galliot. C’est ainsi qu’ensemble, ils ont formé il y a 25 ans l’association qui a pris le nom de Stéphane Bouillon afin de rendre hommage au jeune homme.
Accueil 365 jours par an, sans exception et sans condition
Le local de l’association est un lieu d’accueil pour les personnes en situation de précarité et sans domicile fixe. Ici, on propose un petit déjeuner convivial auquel une trentaine de personnes participe, 365 jours par an, sans exception et sans condition. Des repas collectifs sont organisés tous les mardis ainsi que pour des occasions comme Noël. Les bénévoles offrent du soutien, un accompagnement vers le logement, le travail, les soins mais aussi un accompagnement aux sépultures.
Parmi les autres activités matérielles, on compte les douches, le soin du linge ou encore les distributions alimentaires.
« Ce qui compte, c’est la qualité du lien de confiance et d’amitié »
Même s’il reconnaît que toutes ces activités sont utiles, le président de l’association assure que ce n’est pas là l’essentiel : « Ce qui compte, c’est la qualité du lien de confiance et d’amitié que nous pouvons créer entre nous. »
Le bilan au niveau humain n’est pas quantitatif. Il n’est donc pas toujours compris par certaines personnes « qui regardent notre association du dehors et ne voient dans nos amis que des personnes sans intérêt ». Parlant de ces amis, le diacre remarque que, souvent, ceux-ci ne se respectent pas et ont une piètre image d’eux-mêmes. « Nous avons constaté qu’un autre regard porté sur eux peut changer complètement leur vie, même si apparemment rien n’a changé. »
Lors des obsèques des amis de la rue, ceux qui fréquentent l’association, qu’ils soient bénévoles ou bénéficiaires, ont parfois l’opportunité de faire découvrir aux familles « toutes les richesses et qualités de celui qu’elles considéraient comme un sujet tabou ». Il s’agit de moments émouvants de grande fraternité.
« Depuis la création de l’association, tous les amis de la rue qui avaient participé à sa création sont décédés. Nous avons ainsi expérimenté que leur espérance de vie est beaucoup plus courte que la moyenne », a constaté le Breton, qui assume le poste de président.
Des jeunes femmes et des travailleurs précaires maintenant dans la rue
Au cours des 25 années d’existence de l’association, Philippe Le Galliot a été frappé par une chose : « la permanence de la présence de personnes dans la rue ». Ils sont aujourd’hui plus nombreux, le manque de logements est criant et deux phénomènes ont émergé. D’une part, il y a maintenant des femmes dans la rue et souvent des jeunes femmes, alors que c’était très rare il y a 25 ans. D’autre part, des travailleurs précaires sont apparus récemment parmi la clientèle accompagnée par l’association.
« Leur rencontre colore notre vie, nous fait grandir »
Malgré toute cette dure réalité, le diacre a l’intention de garder comme un trésor l’esprit dans lequel les bénévoles et leurs amis démunis essaient de vivre ensemble. Ce qui le pousse à continuer l’aventure, c’est le bien procuré en allant à la rencontre de ces personnes qui vivent dans l’exclusion et la précarité. L’arrivée régulière de bénévoles très motivés est un autre facteur de motivation.
Découvrir la résilience des plus démunis laisse par ailleurs les bénévoles admiratifs. Leur générosité occasionnelle aussi : « Ils n’ont rien et ils donnent tout ».
« Leur rencontre colore notre vie, nous fait grandir, nous aide à sortir de nous même et révèle en nous ce que nous avons de meilleur », reconnaît le président de l’association.
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