Les premiers souvenirs d’enfance de Joe Buffalo Child sont des paysages froids et arides, des loups hurlant à l’extérieur d’une tente chaude et des aurores boréales vert émeraude, de miraculeux rideaux colorés dansant entre la terre et les étoiles. Pour Joe Buffalo Child, élevé par ses grands-parents dans les Territoires du Nord-Ouest selon le mode de vie traditionnel des Dénés, c’était comme un rêve.
Ces derniers temps, les messages liés à ces aurores boréales dansantes sont omniprésents sur les réseaux sociaux. Les importantes tempêtes géomagnétiques de l’automne dernier, et aussi de cette année, sont à l’origine de toute cette effervescence en ligne. Mais pour Joe, qui a fondé North Star Adventures, une société de tourisme basée à Yellowknife et spécialisée dans la recherche d’aurores boréales, le battage médiatique ne signifie pas grand-chose.
Dans les Territoires du Nord-Ouest, où il a pris une photo d’une « aurore en forme de dragon », les lumières spectrales sont omniprésentes, explique-t-il à Epoch Times.
Lorsque les clients lui demandent ce que c’est que de vivre avec la lumière allumée en permanence, il répond : « C’est aussi habituel que de respirer de l’air. Qu’est-ce que c’est pour vous de respirer de l’air ? »
« Quand j’étais jeune, elles étaient toujours avec nous. Les aurores ont toujours été là, avec notre peuple, depuis des temps immémoriaux. Ce n’est donc pas nouveau pour nous. »
Lorsqu’il parle de son héritage Dénés, la voix de Joe est empreinte d’admiration. Il ne demande qu’à partager sa culture avec les visiteurs qui se présentent à son bureau sept jours sur sept.
Il leur explique que les Dénés sont des autochtones d’Amérique qui partagent les mêmes ancêtres que les Navajos du sud des États-Unis et parlent la même langue. Les Navajos ont migré vers le sud après avoir traversé le pont terrestre il y a environ 30.000 ans. Les Dénés sont restés dans le nord.
La spiritualité des Dénés est étroitement liée aux aurores boréales ; ils croient que leurs ancêtres y résident.
En tant que PDG de North Star Adventures, Joe Buffalo Child, âgé de 60 ans, accueille des voyageurs du monde entier venant d’aussi loin que la Corée du Sud et Taïwan (il engage des interprètes coréens et chinois pour l’assister). Les invités arrivent comme des pèlerins désireux de compléter la liste des choses à faire dans leur vie.
L’entreprise est en plein essor, mais elle a connu des jours meilleurs. Renaissant de ses cendres après avoir frôlé la ruine à la suite des confinements du Covid-19, elle est en train de se relever. Aujourd’hui, Joe est toujours en train de vérifier la météo et d’accueillir de nouveaux groupes pour les accompagner dans leurs aventures arctiques. Les trajets à travers les merveilles hivernales sont couronnés par des aurores boréales qui ne déçoivent jamais.
Joe dit qu’il veut toujours faire en sorte que le séjour de ses invités soit profond et qu’ils établissent un véritable lien.
Il raconte des histoires sur les grands-parents qui l’ont élevé, qui sont maintenant décédés et qu’il voit dans l’au-delà en train de danser dans les aurores boréales. Ils disent qu’ils sont heureux et qu’ils se reverront, raconte-t-il à ses invités.
« On peut même entendre [nos visiteurs] pleurer », a-t-il dit, ajoutant que leur voyage est souvent « le rêve de toute une vie ». « Nos excursions ne sont pas une simple attraction, c’est quelque chose de plus profond et de plus spécial. »
Les aurores viennent de l’est, ou plutôt, semblent venir de l’est. En réalité, la rotation de la Terre nous transporte à travers elles, car elles sont insensibles à la situation géographique, dansant à des centaines de kilomètres au-dessus des régions polaires magnétiques de la Terre.
L’équipe de Joe se dirige néanmoins vers l’est pour les intercepter.
Ancien étudiant en génie civil, Joe connaît sur le bout des doigts les moindres chemins de terre et embranchements de la région. Son talent pour repérer les endroits les plus sublimes lui permet de se démarquer de la concurrence.
La route vers l’est mène souvent au lac Pontoon, où le ciel sombre, exempt de pollution lumineuse, et les rives dégagées de toute obstruction sont parfaits pour l’observation. C’est là qu’il y a plusieurs mois, Joe a pris l’une de ses photos les plus impressionnantes, alors que les participants à l’excursion regardaient le ciel dans un calme parfait, fascinés par un ruban de lumières rouges et jaunes sur le rivage.
« Regarder les aurores et les étoiles, ainsi que les reflets des aurores sur l’eau, a été une expérience incroyable », a-t-il souligné.
Depuis que Joe Buffalo Child a lancé North Star Adventures en 2007, les aurores boréales du territoire ont attiré des stars comme Carrie Fisher et placé Yellowknife sous les feux de la rampe. L’émission Good Morning America lui a consacré un reportage en janvier dernier et s’est émerveillée de l’étrange capacité des censeurs numériques des smartphones à absorber et à afficher des couleurs que l’œil humain est incapable de voir.
Même dans la nuit, Joe et l’animatrice Ginger Zee ont capturé une silhouette embrasée par des verts magnifiques.
Les aurores étant des compagnons de route de toute une vie, Joe explique qu’il lui est impossible de choisir une observation d’aurore « préférée ». Mais parmi les dizaines de milliers d’aurores qu’il a filmées, celle qui est apparue au-dessus d’une crête épineuse en 2019, dite « aurore en forme de dragon », est inoubliable.
« J’ai pu photographier le corps et la tête, et vous pouvez voir les yeux et les dents de la tête du dragon. C’était incroyable. C’est en quelque sorte le corps entier du dragon qui descend sur Terre. »
La proximité de Joe avec les aurores l’a naturellement amené à comprendre la science qui se cache derrière ces lumières. Les particules chargées éjectées par le soleil sont capturées par la magnétosphère terrestre et se rassemblent pour former des « ovales d’aurore » au-dessus des régions polaires de l’Arctique et de l’Antarctique. Ces particules présentent différentes couleurs, leur teinte spécifique dépendant de leur altitude.
Lorsque Joe entend dire que les aurores sont plus faciles à observer lorsqu’il fait froid, il n’est pas d’accord.
« Nos systèmes météorologiques sur Terre se situent entre zéro et cinq kilomètres au-dessus de la surface de la Terre », explique-t-il. « Dans le cas des aurores, il s’agit de 600 à 1000 kilomètres, ce qui n’a rien à voir avec la météo. »
Mais les théories scientifiques s’effacent devant la croyance lorsqu’il partage des souvenirs avec ses clients en route pour assister à des aurores. Il revient à son enfance : « La vie était belle avec mes grands-parents. Notre monde se résumait à la terre et au grand lac des Esclaves. »
En levant les yeux, il voit la grâce des lumières qui le relient à ses grands-parents et à ses ancêtres. « C’est ce que je regarde quand je vois une aurore. »
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